Les quatre principales centrales syndicales, l'Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et la Fédération démocratique du travail (FDT) se font rappeler au bon souvenir du gouvernement. Lors d'une conférence de presse conjointe, organisée hier mardi au siège central de la CDT, ces syndicats ont promis de faire monter les enchères face à un gouvernement qu'ils accusent d'être jusqu'ici resté de marbre face à leurs revendications et à leurs multiples actions de protestations. En effet, arguent-ils, ni les marches pacifiques, suivies d'une grève générale en octobre 2014, ni le boycott des festivités du 1er Mai 2015 n'ont induit la moindre réaction de la part du gouvernement. Ce qui, selon les centrales syndicales, «n'est pas digne d'un gouvernement chargé de la gestion des affaires du pays». Lors de la conférence de presse d'hier, les quatre syndicats ont affirmé que faute d'un dialogue qu'ils veulent «productif et fructueux», ils ne comptent pas rester les bras croisés. En effet, après avoir ressorti un cahier revendicatif en 10 points, les syndicats ont divulgué les actions qu'ils entendent mener dans les prochaines semaines, et qui s'étendront dans le temps et dans l'espace. Pour ce qui est des revendications d'abord, les syndicats en ont égrené pas moins d'une dizaine. Les trois premiers concernent bien évidemment les salaires (augmentation des salaires et pensions, baisse de l'impôt sur le revenu, et imposition à partir des salaires de 6000 DH et plus...). Les autres revendications vont de la dépénalisation de la grève (art. 288 du code pénal) à la création d'une cellule ministérielle chargé d'instaurer un bon climat social au sein des entreprises, en passant par l'adoption d'une approche participative dans la réforme des retraites, l'exécution du restant des accords signés par les syndicats avec le gouvernement Abbas El Fassi en avril 2011. Comment comptent s'en prendre les syndicats pour faire plier le gouvernement devant leur cahier revendicatif ? Rien moins qu'une batterie d'actions de protestation dont plusieurs ont été déjà programmées. En effet, le 29 de ce mois de novembre, Casablanca sera le théâtre d'une marche de «protestation, pacifique, civilisée, avec des slogans responsables fustigeant le gouvernement...», selon les termes d'un document distribué lors de la conférence de presse de mardi. Le mois de décembre suivant n'est pas en reste, puisqu'il sera marqué lui aussi par un «Rassemblement général des travailleurs», selon l'expression du document précité. Signe symbolique de ce meeting, prévu le 8 décembre : il aura lieu sur l'Avenue Ferhat Hachad, le martyr tunisien du syndicalisme maghrébin, assassiné du temps de la colonisation. Deux jours plus tard, soit le 10 décembre, c'est une grève générale qui sera décrétée dans le secteur public : fonction publique et collectivités locales. Un sit-in est également prévu à Rabat, en plus d'une seconde grève générale dans les secteurs public, semi-public, et privé. La date de ces deux dernières actions n'a pas encore été fixée. Une preuve, s'il en est, que les centrales syndicales espèrent une réactivité du gouvernement, au mieux avant même qu'elles ne commencent leur agenda de protestations. Cependant, pour que le dialogue social puisse reprendre sur des bases saines et aboutir à des résultats concrets, aussi bien les syndicats que le gouvernement se doivent d'adopter une approche donnant-donnant et gagnant-gagnant. Il y va de l'intérêt du pays.