Le Maroc commémore le quarantième anniversaire de la «Marche verte. Le 6 novembre 1975, 350.000 Marocains emmenés par le roi Hassan II marchèrent sur le Sahara. Au lendemain de cette marche majestueuse, de nombreuses œuvres musicales ont été réalisées, entre autres« Laâyoune âyniya » (Laâyoune, mes yeux), du groupe «Jil Jilala». Une chanson nationaliste exprimant l'attachement des marocains au Sahara. La chanson est encore entonnée de nos jours, notamment lors des mariages et autres festivités. A l'occasion du 40e anniversaire de la marche verte, Al Bayane a contacté Moulay Abdelaziz Tahiri, pionnier du mouvement des Nass El Ghiwane et membre du groupe Jil Jilala. L'artiste a été également poète, parolier, compositeur, musicien, chanteur et comédien à ses heures. Il répond sans détours à nos questions sur l'époque de la marche verte, son itinéraire artistique, ses œuvres et sa vision de la chanson marocaine contemporaine. Les propos. Al Bayane : Parlez- nous de l'époque où vous avez produit «Laâyoune âyniya». Moulay Abdelaziz Tahiri : Pour commencer, c'était une très belle époque. Je me rappelle qu'en 1974, avec le groupe «Jil Jilala», nous avons commencé à voyager dans la région de Laâyoune afin d'animer les centres militaires de la région. Nous recevions énormément d'invitations de la région. Finalement, nous avons découvert que c'était des invitations mondiales qui incitaient le Maroc à avoir l'Indépendance de son Sahara. Ensuite, nous avons senti que nous devions faire une œuvre musicale afin d'exprimer l'amour qu'on porte à notre pays. Ensuite, nous avons commencé la recherche des paroles et mélodies. Cela ne nous a pas pris beaucoup de temps pour tout rassembler. A ce moment même, nous avons entendu le discours de Sa majesté le feu roi Hassan II où il donnait les ordres pour la marche verte. C'était l'occasion pour nous d'aider musicalement cette manifestation et c'est là que nous avons enregistré « Laâyoune âyniya ». Vous avez été félicité par Feu le roi Hassan II. Comment avez-vous vécu cette action ? C'était un réel honneur pour nous d'avoir été félicités par Sa majesté. C'était une fierté et une très grande récompense morale pour tous les membres du groupe, surtout qu'on n'avait fait aucune allusion à sa royale personne dans la chanson. Une preuve pour nous qu'il était un connaisseur de la musique. La chanson a été reprise par beaucoup de jeunes artistes. Comment voyez-vous ces reprises ? Avez-vous été contactés pour avoir les autorisations ? Il est vrai que la musique est un héritage culturel pour toutes les générations, mais nous restons cette source quand même. Nous faisions l'art pour l'art. Nous ne faisions pas du commerce. En vérité, beaucoup d'artistes nous ont fait part de leur envie de vouloir reproduire cette chanson. Il y'en a qui nous ont payés et qui ont fait les choses dans les règles de la loi. Il y'en a d'autres qui nous l'ont demandé avec une grande gentillesse, tout comme il y'en a qui l'ont fait sans aucun coup de fil. Cela ne nous dérange aucunement vu que nous avons fait la musique pour la musique. Qu'est-ce que « Laâyoune âyniya » a fait pour Jil Jilala ? Pour être sincère, c'est la chanson qui nous a fait le plus connaitre. Elle nous a beaucoup aidés à nous produire sur des scènes un peu partout à l'échelle nationale et internationale, surtout que la communauté marocaine à l'étranger aimait beaucoup cette chanson. C'était un peu la chanson aux couleurs du drapeau, à l'odeur du pays et aux rythmes marocains.