En dépit de tous les résultats encourageants obtenus, au terme de ses réformes structurelles, qui lui ont permis de rétablir les équilibres macroéconomiques, le Maroc est tenu de faire preuve de davantage de prudence dans ses actions, pour être en mesure de réagir à temps à tout revirement de situation (augmentation des cours du pétrole ou aggravation de la crise chez ses partenaires économiques), a affirmé, mercredi soir au cours d'une conférence de presse à Rabat Nicolas Blancher, qui dirigeait une mission des services du Fonds monétaire international (FMI) ayant séjourné au Maroc du 21 octobre au 4 novembre 2015. de 2015 au titre de l'article IV et à la troisième revue dans le cadre de l'accord au titre de la Lign Cette mission a procédé à des discussions avec les autorités marocaines relatives aux consultations e de Précaution et de Liquidité (LPL) approuvé en juillet 2014. Les discussions ont porté principalement sur le renforcement de la résilience et du potentiel de marocaine. Selon le chef de la mission du FMI, le Maroc et le FMI disposent encore de six mois avant d'entamer leurs discussions sur le renouvellement, la reconduite ou la résiliation de l'accord au titre de la LPL. Il est donc trop tôt pour en parler, a-t-il répondu aux journalistes. Dans un communiqué publié à cette occasion à Rabat et à Washington, il est précisé qu'à l'issue de la mission, M. Blancher a publié une déclaration qui souligne qu'une gestion macroéconomique prudente et la poursuite des réformes structurelles ont été bénéfiques pour le Maroc au cours des dernières années. La croissance se raffermit et devrait atteindre 4,7% en 2015, en partie grâce à une bonne campagne agricole. Cependant, la reprise de l'activité non agricole reste modérée, notamment en raison d'une reprise économique en Europe plus lente que prévue. L'inflation est faible et le crédit reste modéré. Le déficit des transactions extérieures courantes continue de se réduire en 2015 et devrait atteindre 1,5 % du PIB, et les réserves internationales ont augmenté davantage pour s'établir à près de 6,5 mois d'importations». Pour la mission du FMI, ces résultats s'expliquent en partie par la diminution de la facture des importations d'énergie et d'alimentation, et une croissance des exportations d'automobiles et des transferts de fonds des Marocains résidents à l'étranger. Le déficit budgétaire a continué de baisser ces dernières années grâce aux mesures prises par le gouvernement, notamment la réforme des subventions aux produits pétroliers. Le taux de pauvreté, le chômage et les inégalités ont diminué au cours des dix dernières années, mais il reste beaucoup à faire pour que les bienfaits de la croissance soient mieux partagés». D'après Blancher, la mission du FMI a insisté sur la nécessité pour le Maroc de bien cibler ses actions entreprises dans le cadre de ses réformes courageuses en particulier en matière de décompensation et de réduction progressive des subventions accordées à certains produits (Hydrocarbures, sucre, bonbonnes de gaz butane, etc...), sans oublier que tout changement sur le marché international qui se traduirait par une reprise des cours du pétrole risquerait d'avoir un impact négatif sur l'économie du pays. Selon lui, il reste effectivement beaucoup à faire en particulier en matière de lutte contre le chômage, de répartition des fruits de la croissance entre les couches et les espaces et surtout dans le domaine de promotion des secteurs non agricoles (industries traditionnelles comme le textile, des PME, PMI), sans oublier ni l'enseignement et la formation professionnelle, ni la promotion de la situation de la femme et d'autres questions sociales. Dans sa déclaration, la mission précise en effet qu'il reste notamment beaucoup à faire pour «réduire les disparités sociales et régionales, continuer d'accroître le taux d'activité des femmes et améliorer la qualité de l'éducation et de la couverture médicale.» La déclaration de la mission indique en outre que « La croissance devrait ralentir à 3 % en 2016, du fait du retour de l'activité agricole à un niveau normal, et devrait s'accélérer progressivement à moyen terme pour s'approcher de 5%. Cependant, les risques liés au ralentissement de la croissance dans les pays avancés et émergents, à une hausse des prix mondiaux de l'énergie due aux tensions géopolitiques dans la région, et à une augmentation de la volatilité sur les marchés financiers mondiaux demeurent importants». «L'évolution budgétaire jusqu'à fin septembre est positive et en ligne avec l'objectif de 4,3% du PIB fixé pour 2015. La mission salue les efforts déployés pour continuer de renforcer les finances publiques, comme en témoigne le projet de loi de finances 2016 qui vise une baisse du déficit budgétaire à 3,5 % du PIB. À moyen terme, les réformes budgétaires devraient continuer d'accroître la résilience de l'économie aux chocs et de renforcer les marges de manœuvre budgétaire afin d'investir dans les infrastructures, la santé, l'éducation et la protection sociale, qui sont cruciaux pour rehausser le potentiel de l'économie et mieux partager les bienfaits de la croissance. À cet égard, les avancées considérables dans la réforme du régime des subventions, ainsi que l'amélioration et la modernisation du cadre budgétaire, sont louables. Dorénavant, une priorité est de rendre le système fiscal plus efficient et plus équitable. Il est également urgent de réformer le régime des retraites afin d'assurer sa viabilité. Ces réformes contribueraient à orienter la dette publique à la baisse. En effet, celle-ci reste soutenable et en mesure de résister à divers chocs, mais, il est souhaitable de la réduire pour renforcer davantage les marges de manœuvre de l'économie». Sur le plan extérieur, ajoute la déclaration, « l'amélioration du solde des transactions courantes, conjuguée à la vigueur des flux de capitaux, a contribué à renforcer les réserves internationales. Il est important de continuer d'améliorer le climat des affaires, la transparence et la gouvernance afin d'accroître la compétitivité extérieure. Nous souscrivons aux efforts déployés par les autorités pour accroître l'inclusion financière et l'accès au crédit, en particulier pour les très petites, petites et moyennes entreprises. En outre, nous notons avec satisfaction que les autorités ont l'intention d'adopter un nouveau régime de taux de change plus flexible, qui faciliterait la diversification en cours de l'économie, renforcerait son intégration à l'économie mondiale et sa capacité d'absorption des chocs extérieurs». «Le récent Programme d'Evaluation du Système Financier a confirmé que le secteur financier reste sain. Les banques sont bien capitalisées et rentables, et leurs sources de financement sont stables. Les risques pesant sur la stabilité financière sont limités, mais il convient de surveiller étroitement l'augmentation des créances en souffrance et la concentration des engagements. Le contrôle bancaire est efficace et devrait continuer de se renforcer. La mission a pris note avec satisfaction des efforts déployés par les autorités pour continuer de renforcer le cadre de politique financière en mettant en œuvre la loi bancaire 2014 et les normes de Bâle III, ainsi que pour renforcer la surveillance des risques systémiques. L'adoption de la nouvelle loi portant sur les statuts de la banque centrale renforcerait davantage son indépendance et son rôle en matière de supervision bancaire et de stabilité financière.» Ce qui a fait dire au chef de la mission du FMI qu'il n'y a plus de raison de douter de la capacité du Maroc de passer dès aujourd'hui à un nouveau régime de libéralisation totale des changes dans le respect évidemment de sa législation et de ses objectifs.