Pour Abdesslam Seddiki, professeur universitaire à la faculté de Meknes, l'Afrique est devenue de par ses atouts, un continent de tous les espoirs dans le domaine économique. Néanmoins, les pays africains et principalement le Maroc, doivent s'activer davantage afin de redorer leur image et jouer le rôle économique qui est le leur. Al Bayane : Ne pensez-vous pas que l'Afrique est devenue un centre d'intérêts pour les puissances économiques mondiales du fait de la crise mondiale ? A.Seddiki : L'Afrique intéresse le monde depuis un certain temps. Les Chinois en particulier démontrent un intérêt grandissant pour l'Afrique de manière générale. Bien entendu, dans une conjoncture de crise économique mondiale, l'Afrique constitue un réel potentiel d'avenir. L'Afrique détient des ressources très intéressantes, non encore exploitées. Le marché africain constitue une alternative très prometteuse pour les pays européens. Aussi, le potentiel humain constitue la principale richesse pour le continent. En effet, l'Afrique abrite plus de 300.000.000 d'habitants et d'ici 2030 ce chiffre devrait atteindre les 800.000.000, soit à peu près le double. Pour ce qui est du Maroc en particulier, notre pays doit s'impliquer sérieusement dans la promotion de ses atouts économiques et pourquoi pas, investir davantage dans les pays du Sud-Afrique. Néanmoins, nous devons éviter l'approche coloniale qui concrétise la vision dévalorisante envers l'Afrique. Notre pays est bien implanté dans les pays subsahariens, notamment à travers la RAM et les institutions bancaires. Il faut juste consolider cela par le renforcement du secteur de la formation. N'oublions pas que nous accueillons beaucoup d'étudiants africains qui poursuivent leurs études universitaires chez nous. L'avenir est dans l'Afrique, l'Europe est en phase de crise qui semble durer encore longtemps. - La présence chinoise se fait remarquer de plus en plus en Afrique. Ne pensez-vous pas que c'est le début d'un changement de pôles qui est en train de s'opérer ? En d'autres termes, le pôle Afrique-Europe ne serait-il pas en train de céder la place à celui de l'Afrique-Chine ? Les Chinois on très bien compris le jeu. Ces gens-là font des études bien précises et avec une précision telle qu'ils vont droit au but tracé avec les résultats souhaités. Les Chinois font des affaires et grâce à la stratégie qu'ils suivent, leur pays devrait être la 1ère puissance mondiale à l'horizon 2020 et tirer, ainsi, le tapis sous les pieds des Etats-Unis. Le Maroc doit et je le redis là encore, jouer intelligemment son rôle. Je veux dire qu'on ne doit plus se limiter à faire le courtier ou l'intermédiaire. Le Maroc doit jouer un rôle de chef de fil, grâce à une approche novatrice et savoir utiliser les différents atouts dont nous jouissons et surtout donner l'importance à la formation. - Quel rôle doit jouer le Maroc justement, en matière de diplomatie économique, afin de redorer son image à l'international et susciter plus d'intérêts des investisseurs étrangers crédibles ? La diplomatie économique, et c'est là un point très important, doit se faire à travers les ambassades et consulats du Royaume dans le monde L'action diplomatique doit accompagner celle réalisée par le secteur privé. Pour bien se faire, il nous faut des ressources humaines compétentes et surtout dévouées qui servent les intérêts de leur pays, purement et simplement. Le Maroc doit également développer sa diplomatie politique et populaire.