Ce n'est pas le manque de moyens et de possibilités qui entrave l'intégration maghrébine mais bien l'absence de logique politique et d'esprit de coopération, a souligné mercredi à Pékin le président de l'Institut Amadeus, M. Brahim Fassi Fihri. Intervenant lors du séminaire sur "la paix et le développement en Afrique", organisé en marge du lancement officiel, mardi à Pékin, du programme sino-africain sur la recherche scientifique et les échanges académiques, avec la participation de plus d'une centaine d'experts représentant les pays des deux parties, dont le Maroc, M. Brahim Fassi Fihri a estimé que "l'intégration régionale n'est pas un processus simple, surtout en Afrique où elle n'est pas liée aux intérêts des peuples mais aux personnes qui détiennent les rênes du pouvoir et leurs lectures subjectives des relations avec leurs voisins". Il a rappelé, dans ce sens, que SM le Roi Mohammed VI avait à plusieurs reprises adressé des invitations officielles à l'Algérie pour l'ouverture des frontières terrestres avec le Maroc, mais Alger a toujours fait la sourde oreille à ces appels, faisant peu de cas même des avantages économiques qu'elle recueillerait dans une telle situation. Le président de l'Institut Amadeus a indiqué, à cet égard, que les deux pays perdent, chaque année, deux points du taux général de croissance à cause de la fermeture des frontières, ajoutant que l'Algérie pourrait réduire son taux d'inflation élevé à travers les importations du Maroc. L'ouverture des frontières, a-t-il dit, permettra également de promouvoir les investissements, les projets de partenariat et les grandes infrastructures. L'Algérie lie toute intégration économique maghrébine au règlement de la question du Sahara, mais entrave en même temps tout règlement "tout en continuant à soutenir à bras le corps les séparatistes du polisario et à les abriter sur son territoire. Pis encore, Alger a cédé une portion de son territoire au mouvement séparatiste qui y gère des camps fermés au monde extérieur", a-t-il affirmé. Et de souligner qu'au moment où elle devrait se comporter en pays frère du Maroc afin d'édifier un pôle régional plus dynamique, que ce soit au plan de la croissance ou de l'attractivité, au regard des importantes potentialités de la région, à quelques kilomètres de l'Europe et à la porte de l'Afrique subsaharienne, l'Algérie refuse de réaliser ce projet, pour des raisons qui relèvent d'une époque révolue. Le Maroc, qui a réalisé en 2009 un taux de croissance de 5,2 pc nonobstant la crise économique mondiale et est considéré comme le deuxième pays africain à investir en Afrique après l'Afrique du Sud et le 4ème pays participant aux missions onusiennes de maintien de la paix dans le continent, se voit l'objet de manŒuvres de certaines parties pour l'exclure de l'intégration régionale, a-t-il fait remarquer. M. Fassi Fihri a souligné, que le Maroc, qui est déterminé à trouver un règlement définitif à la question du Sahara sous l'égide des Nations Unies, a présenté une proposition d'autonomie élargie pour les provinces du Sud , sur la base de laquelle a été enclenché le processus de négociations, déplorant que l'autre partie n'a présenté aucune proposition crédible. Il a, d'autre part, salué la coopération sino-africaine, soulignant que la Chine n'a pas négligé l'Afrique malgré les grande réussites économiques qu'elle a réalisées ces dernières années, tout en mettant en relief les perspectives d'avenir de cette coopération qui dispose d'instruments valables, d'objectifs définis et de programmes en cours de réalisation. L'Ambassadeur, représentant spécial du ministre des Affaires étrangères chinois chargé des affaires africaines, M. Liu Guijin, a, pour sa part, souligné que "la situation en Afrique est loin d'être stable bien que la situation générale concernant des foyers de tension évolue positivement", ajoutant que "la recherche de la coopération pacifique, du développement partagé et de l'intégration doivent être les grands objectifs des politiques des gouvernements africains". "Les problèmes de sécurité et de stabilité sont lancinants en Afrique notamment en raison des pesanteurs historiques, des facteurs externes, de la pauvreté et du sous développement", a-t-il dit, soulignant l'impératif pour les pays africains d'être conscients de l'ampleur des défis qui menacent la paix et la sécurité en Afrique. Pour lui, la réalisation des objectifs en matière de sécurité et de stabilité passe par la confiance des Africains en leurs capacités, mettant l'accent sur l'importance de la diplomatie préventive pour circonscrire les conflits et de la prise en compte des grands intérêts économiques. Le directeur général du département Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères, M. Lu Shaye, a, de son côté, fait état du rôle que peut jouer la Chine dans la restauration de la paix et de la stabilité en Afrique, en particulier à travers sa participation aux cinq missions onusiennes de maintien de la paix, le déploiement de sa flotte dans les eaux somaliennes pour la lutte contre la piraterie et la prise en charge de la formation et de la qualification d'officiers africains. M. Lu a indiqué d'autre part que la situation en Afrique est caractérisée par une prévalence d'une stabilité générale avec la persistance de conflits, ajoutant que la communauté internationale doit s'investir davantage pour le soutien de la stabilité et du développement en Afrique.