Bahija Fraoussy est lauréate de l'Ecole supérieure des Beaux-arts de Casablanca. Elle a a son actif quelques bonnes expositions collectives un peu partout au Maroc, comme elle a exposé l'été dernier dans le cadre de La foire internationale qui s'est tenue en Grèce, à Patras. Elle expose actuellement dans le cadre du Salon national d'art contemporain à Marrakech, du 27 décembre au 04 janvier. Il y a dans le travail de Bahija Fraoussy une économie de tons caractéristique de l'abstraction-création telle que l'ont soutenu dans un premier temps ses adeptes dont Herbin, tête de file. Il y a aussi ce souci constant de la matière à sans cesse dépouiller, en la dégraissant en quelque sorte de toutes fioritures. Economie ou parcimonie des tons ressortant à une palette réduite à trois ou quatre couleurs y compris les neutres. La texture en paraît parfois exsangue, car l'artiste évite de verser dans le clinquant, sensible en cela à une certaine idée de l'effacement et refusant la fanfaronnade coloriste. Cela aboutit à une composition où la lumière comme régulatrice des excès, s'impose dans un geste orchestral. La peinture de Bahija Fraoussy se veut de la sorte égale à elle-même, puisant sa force dans une véritable subjectivité objective. Si le noir prédomine dans son travail, c'est pour sa force connotative et son impact rythmique sur l'ensemble de la composition. Peinture nimbée d'idées mystérieuses, peintures privilégiant des notes chromatiques fortes et éclectiques, la veine artistique est à considérer dans son essentialité : métaphore ou allégorie d'un mental aux prises avec des balbutiements lyriques que l'artiste tempère ou fait dévier de fonction comme éléments accessoirisés. Peinture en permanent dialogue avec l'altérité déclinée dans un blanc disparate sans réelles assises, et se confrontant à une réalité banale peu réceptive parce que trop mise à mal par l'opportunisme qui y règne.