Marrakech 2014 Au terme de deux journées de la compétition officielle du festival de Marrakech, les festivaliers et les cinéphiles affichent déjà leur coup de cœur avec des films qui se sont imposés d'emblée. Le festival prend, en effet, sa vitesse de croisière après lecérémonial de l'ouverture, en remettant sous les feux de la rampe ce qui fait l'essence d'un festival, les films. La sélection officielle de cette édition présente une programmation variée avec une liste de 84 films étalés sur différentes sections du festival. Selon des sources proches du festival, cette année, Marrakech présenté 31 nouveaux films, 10 courts métrages (la section Cinécoles, 53 films relevant des classiques). Et au final, le festival aura proposé plus d'une centaine de séances de projection. Rappelons que celles-ci sont principalement abritées au palais du congrès, siège officiel du festival, et de la compétition officielle principalement ainsi que la belle salle du Colisée qui présente une très belle programmation ouverte au grand public, la place Jamaâ El Fna pour des projections en plain air. Signalons que les premières journées ont été marquées par une affluence importante du public avec une première constatation à savoir que le festival commence à construire un noyau de public fidèle qui est le meilleur gage pour l'avenir. Les films dans leur diversité drainent un grand public. Si la compétition officielle reste le créneau privilégié d'une partie des festivaliers, les spectateurs, disons du «samedi soir», trouvent leur plaisir avec les films hors compétition qui ont démarré très fort avec les deux films vus vendredi et samedi : The theory of everthing de et The imitation game de MortenTydum. Les deux films mettent en scène le parcours de personnages de génie dans leur domaine. The theory of everything raconte l'histoire extraordinaire de l'astrophysicien Stephen Hawking; un récit tout en humanisme, et plein d'espoir. D'une écriture quasi académique avec des interprètes époustouflants dans leur vérité et spontanéité... le film concourt par ailleurs pour l'Oscar. The imitation game traite d'un autre génie, l'histoire du chercheur Alan Turing, celui qui a percé le système de communication nazi, Enigma permettant ainsi d'abréger la deuxième guerre mondiale de deux ans et épargnant la vie de millions de gens. Du grand cinéma. Côté compétition officielle, deux films ont monopolisés les débats de ces deux premières journées. Et ce sont deux films qui nous viennent de loin. Everythingweloved, premier film de Max Currie, Nouvelle Zélande et Nabat de ElchinMusaoglu, Azerbaidjan. Le film néo-zélandais nous raconte l'histoire d'un couple traumatisé par la perte de leur enfant, au point d'enlever l'enfant des autres pour tenter de reconstituer une vie brisée. Le père magicien prend l'initiative sans en aviser sa femme au départ et enlève un enfant. Il le séduit par beaucoup de tendresse et des tours de magie. Des tours de magie qui échouent à recoller une vie brisée. Une belle métaphore sur les fausses illusions qui ne parviennent jamais à restituer ce qui est perdu. Nabat frappe d'abord par sa démarche esthétique, minimaliste : longs plans séquences, plans fixes... Elchin fait de la fiction avec les outils du documentaire. Des images splendides pour dire la complexité d'un monde qui s'en va (on se réfère à un certain moment à l'Union soviétique) autour d'un personnage solitaire, sorti du quotidien et qui ne baisse jamais le bras ( comme la très belle scène où elle va mettre de la lumière dans les foyers abandonnées donnant l'impression, la nuit venue que le village est encore habité ; une femme dans un village perdu avec un époux malade ; une guerre qui s'approche et qui lui a pris son fils...Une vache, une photo, une louve...la circulation d'objets symboliques donne au film une dimension tragique et universelle même si le récit peine à trouver une fin... ce n'est pas grave, le spectateur a déjà compris.