150Le ministre de l'Economie et des finances, Nizar Baraka, a indiqué, vendredi, que l'impact de la sécheresse sur le taux de croissance a perdu de son acuité par rapport à la dernière décennie, comme en témoignent les taux de croissance positifs enregistrés durant les années de sécheresse 2005 et 2007, contrairement à la situation qui prévalait au cours des années 1995,1997 et 1999. Répondant aux interventions des députés lors du débat général sur la loi de finances 2012 devant la Commission des finances et du développement économique, M. Baraka a précisé que le taux de contribution de la céréaliculture dans la structure de la valeur ajoutée agricole a été ramenée au 5ème (1 sur 5) au cours des dix dernières années, ajoutant que la part des céréales se situe actuellement aux alentours de 18 % à la faveur de la progression d' autres cultures moins impactées par la sécheresse et celles pratiquées dans les zones irriguées, outre la part croissante du secteur de l'élevage. Il a ajouté que l'économie nationale est passée à un nouveau cycle de développement puisqu'un taux de croissance de 4,2 a été réalisé durant la période de 2007-2010, contre 3,8 de 1999 à 2005 et 3,2 au cours de la période allant de 1990 à 1998, soulignant le changement positif intervenu au niveau de l'économie nationale lors des 10 dernières années. Il a signalé, dans ce même ordre d'idées, que le secteur des services représente plus de 56 pc, alors que l'activité industrielle atteint 28 %. Le ministre a aussi évoqué la contribution positive de la demande intérieure et de l'investissement public dans le développement, en ce sens que l'investissement public est passé de 83,9 à 188 milliards de dirhams entre 2007 et 2012. Evoquant le retard enregistré au niveau de la présentation du projet de loi de finances 2012, M. Baraka a souligné le souci qui animait le gouvernement de présenter ledit projet dans les délais devant le parlement, ajoutant que cela n'a pas empêché le gouvernement d'ouvrir, par décret, les crédits nécessaires au fonctionnement des services publics afin qu'ils puissent accomplir la mission qui leur est dévolue en matière de fonctionnement, d'investissement, des comptes spéciaux et de la dette publique, à l'exception du recrutement. L'exécution effective de la loi de finances a débuté en janvier 2012 à travers les décrets mensuels d'allocation des crédits, ce qui n'a pas rendu nécessaire l'introduction d'amendements sur la mouture initiale du projet, a dit le ministre, notant que le gouvernement n'a pas attendu l'adoption du projet de loi pour prendre les mesures de confiance urgentes et anticipatives envers les opérateurs économiques et sociaux. Il a rappelé à ce propos le lancement par SM le Roi Mohammed VI de la généralisation du RAMED au profit des couches démunies, la mise en place d'un programme urgent pour faire face aux effets du retard des précipitations sur le secteur agricole et le monde rural, conformément aux hautes instructions de SM le Roi, ainsi que la prorogation de la suspension des taxes douanières à l'importation du blé dur, du blé tendre et de l'orge pour garantir l'approvisionnement du marché en farine et fourrage et maitriser les prix de ces produits. Il a rappelé la note du chef de gouvernement sur l'activation du Code de bonnes pratiques de gouvernance des entreprises et établissements publics, dans la perspective de la réforme des mécanismes de gestion et de contrôle de ces entités, le mémorandum d'entente gouvernement/CGEM portant sur l'établissement des bases d'une confiance mutuelle et une concertation régulière sur les dossiers économiques, la poursuite de la mobilisation des financements pour la réalisation des chantiers stratégiques, l'activation de la Casa Finance City, ainsi que l'accélération, à compter de cette semaine, du restitution de la TVA aux sociétés, la priorité étant accordée aux PME. Le gouvernement a veillé, de manière consciente et responsable, à ce que le projet de loi de finances "ne touche pas aux budgets programmés, à l'exception des nouveaux crédits et des transferts pour ne pas freiner la dynamique économique, essentiellement pour les chantiers et les projets stratégiques", a-t-il encore expliqué. S'agissant de la question de mise en rapport des budgets sectoriels avec l'exécution des dépenses, le ministre a expliqué que dans ce cas de figure, "ce sont les secteurs sociaux qui seront les grands perdants de cette opération, particulièrement l'enseignement et la santé (un taux d'exécution ne dépassant pas les 50 %)", signalant que l'expérience de la gestion financière au niveau des académies régionales de l'éducation et de la formation est à ses débuts et a besoin d'être mise à niveau et encadrée, en tant que l'un des fondements du chantier de déconcentration appelé à accompagner le projet de régionalisation avancée. La nouvelle loi organique des finances, qui est en cours d'examen, devra permettre la révision de la structure du budget à la lumière des priorités, des objectifs et de la mise en rapport des dépenses avec les résultats, a-t-il poursuivi. Au cours du débat, les groupes de la majorité ont estimé que le projet répond aux attentes populaires et ambitionne de faire face à la crise économique, en dépit d'une conjoncture difficile et des effets de la sécheresse qui se profile à l'horizon, alors que les députés de l'opposition ont critiqué le retard pris pour l'adoption du budget et considéré que les mesures qu'il contient n'auront aucun impact sur le quotidien des Marocains, en dépit des possibilités offertes par la Constitution qui permet à l'Exécutif de prendre des mesures audacieuses aux plans économique, politique et social.