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Rencontre ouverte avec Nabil Benabdallah sur l'habitat, l'urbanisme et la politique de la ville : «Sans projets convergents et intégrés, il n'y a pas de politiques publiques»
Le ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville s'est adonné, lundi soir dans le cadre «Espace cadres du PPS» à Casablanca, à exposer, en première, la stratégie de son département. Devant un parterre de cadres de haut niveau, venant de différentes spécialités et où l'on a noté la présence de nombreux architectes, urbanistes, économistes, élus et banquiers, Nabil Benabdallah s'est adonné à un bel exercice, durant lequel il a annoncé la poursuite du débat jusqu'à mi-mai pour peaufiner l'action en profondeur de sorte à doter le pays d'outils nouveaux, afin de «rebondir et corriger les dysfonctionnements» actuels, hérités d'une étape qui a «connu d' importantes réalisations durant les dernières années». Il y a une production et un bilan, a-t-il souligné. Partant d'une analyse macroéconomique et allant vers le microéconomique, Nabil Benabdallah a parcouru, de long en large, le process, de la question de l'aménagement du territoire ou de l'espace, à la politique de la ville, en passant par le foncier et le financement. Il a d'abord noté que toute stratégie ne réussit que si elle est confortée, dès le départ, par une «volonté politique». Mais «sans convergence de l'action gouvernementale, il n'y a pas de politique publique». C'est pourquoi, il faudra aller non seulement vers «un schéma national d'aménagement du territoire», mais aussi et surtout vers des schémas régionaux à incliner également au niveau des communes. Le traitement de la question de l'accès au logement doit obéir à une approche globale où les départements ministériels concernés par les services publics et les droits des citoyens travaillent en synergie. Car, affirme-t-il, cela ne fait que compliquer la donne si l'Etat construit des cités dépourvues de services publics (écoles, dispensaires et hôpitaux, centres culturels, moyens de transport,…), à côté de technopoles pour assurer du travail de proximité et des ressources. Pour le ministre, il faut «donner aux régions une identité et des vocations». Cela passe par des politiques et des projets intégrés qui permettent de réaliser la vision globale du gouvernement et concrétiser la volonté politique pour «donner une forte impulsion» à l'accès au logement. Le débat déjà entamé, tant au niveau du gouvernement, qu'avec les intervenants dans le domaine de l'habitat, de l'urbanisme et des villes et communes, se poursuit pour «donner un contenu à la politique de la ville », afin de se donner « un délai de tous les 2 ans» pour rafraîchir les idées. Ce contenu est le fruit de réflexions et de concertations avec les professionnels et les élus, les partis qui défendent le social et la société civile, appelés, tous, à «encadrer les revendications populaires» et à responsabiliser les citoyens. Nabil Benabdallah préconise, en matière de politique de la ville, un paquet de mesures qui concernent aussi les petites et moyennes villes ainsi que les centres émergents, basé sur « la complémentarité des politiques publiques». Son raisonnement part de l'analyse critique de certaines «villes nouvelles», bâties sur la base de «l'opportunité foncière» qui, en fin de compte fait perdre l'opportunité d'une réelle réalisation d'ensembles harmonieux, répondant aux questions « où travailler, étudier, se soigner, se divertir ?...», en l'absence d'un pôle technologique, d'infrastructures éducatives, sociales, culturelles et d'une protection de l'environnement. C'est le cas de Tamansourt et de Tamasna qui ne connait qu'«un taux d'occupation de 18%». C'est pourquoi, dira le ministre, « il faudra mettre en place les outils indispensables pour cadrer l'urbanisme». Et les dérogations par rapport au plan d'aménagement territorial ? «C'est la croix et la bannière», répondra-t-il, pour dire que «la dérogation est un système d'exception», et appeler à «aller vers des documents adaptés et facilités, sachant que l'urbanisme est foncièrement «une question sociale» liée au «droit au sol» auxquelles il faudra apporter des solutions urgentes et durables. Car «cette forte vocation sociale» complique la donne. C'est pourquoi il faudra mettre en place des outils qui permettent une démocratisation du secteur. Dans ce cadre, Nabil Benabdallah a proposé «la mise en partage» de propriétaires privés, par la création de syndics, afin que chaque promoteur trouve son compte. Car, aujourd'hui, si d'aucuns arrivent à décrocher des projets de résidences luxueuses ou d'affaires juteuses, d'autres subissent le calvaire de l'utilité publique (espace vert, etc.). S'agissant du foncier, il parlera d'abord de son «statut extrêmement délicat», avec les domaines de l'Etat, des terres collectives, des habouss, des soulaliates et des terres guich, affirmant que le « déficit actuel est de l'ordre de 850 000 unités et que, depuis avril 2010, 900 000 logements ont été subventionnés ». Car sur les 250 000 dirhams du logement économique 40 000 dirhams de TVA sont pris en charge par l'Etat. Et, avec la sécheresse, il faudra «s'attendre à une forte pression de la demande ». En matière de logement social, le ministre affirme qu'il faudra aller vers «une nouvelle charte», afin que la fourchette des 50 à 100 mètres carrés, qui est en fait que de 50 à 55 mètres carrés dans la réalité, puisse aller vers 70 à 80 mètres carrés, en faisant jouer la concurrence mais sur des bases de qualité. Par ailleurs, il a affirmé que l'on ne peut préconiser «un Ramed» en matière d'habitat, le gratuit ouvrirait de nombreuses portes immaîtrisables, surtout que les mauvaises habitudes, bien diagnostiquées, n'ont pas tendance à disparaître. La solution ? Il faudra «agir également sur le monde rural» et présenter des offres conséquentes et à la portée des citoyens, dans le cadre d'une politique intégrée pour faire émerger des centres et des localités où il fait bon de vivre tout en assurant des moyens de subsistance. La question du financement du logement social a été également abordée par le ministre qui a affirmé disposer de packages pour 2013, faits de mesures appropriées qui doivent concerner d'autres catégories, autres que celles disposant d'un salaire allant de 1,5 à 3 fois le SMIG, assurant qu'il défendra le «locatif social» qu'il est entrain de ficeler avec les institutionnels (banques etc.) en accordant 10% aux opérateurs qui le pratiquent, avec l'espoir de baisser son prix actuel (30 DH/mètre carré). Le but de l'opération est d'encourager ceux qui ne peuvent se permettre l'acquisition d'un logement à leur assurer un logement décent à un coût raisonnable. L'intervention de Nabil Benabdallah a été suivie par un riche débat au cours duquel un intéressant échange a été fait sur plusieurs aspects de la politique du Ministère, notamment la question du fonds de solidarité, la politique de l'environnement, la notion de villages et les logements agricoles, la cohésion de l'action gouvernementale en matière de politiques publiques, les parkings de stationnement, les espaces verts, les échéances bancaires, la cohésion sociale et la mixité, la sécurité dans les centres urbains, la gouvernance, la tutelle du Ministère de l'Intérieur sur l'Agence urbaine de Casablanca, l'anarchie urbanistique, les médinas et les habitations menaçant ruine, les préalables pour réussir la stratégie du Ministère, faite de vision réelle et réaliste, de moyens et outils adéquats et de volonté de transparence et de bonne gouvernance. Une dizaine d'intervenants, dont notamment des architectes, des urbanistes et des élus, ont exprimé leur satisfaction sur la vision du nouveau ministre et partagé avec lui des échanges fructueux, l'objectif de tous étant de réussir le projet et les rêves qui les animent depuis longtemps. Signalons enfin que cette rencontre ouverte au public a été organisée par la région de Casablanca du Parti du progrès et du socialisme, a été présidée par Ahmed Azirar, enseignant à l'ISCAE. Rappelons que l'Espace cadre du PPS est une structure d'accueil, d'échange et de formation, initiée par la région de Casablanca pour débattre des grandes problématiques du pays. Nabil Benabdallah, en début de son intervention, a salué ce cadre qui est « un modèle pour d'autres régions du Parti qu'il faudra étendre à Rabat et aux autres villes à travers le pays». Pour lui, il s'agit d' «un cadre souple d'accueil pour mixer les cadres et une sasse pour valoriser les structures d'accueil du PPS, aborder de manière ouverte et libre des questions de fond et les problématiques». Signalons aussi que cet Espace accompagne l'action gouvernementale du PPS pour en divulguer, débattre et partager les contenus.