Le gouvernement poursuit une politique en matière de communication et des médias visant à doter le pays d'une presse libre, démocratique et responsable en vue de consolider l'identité nationale et d'accompagner les mutations en cours que connait le secteur, a affirmé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M. Mustapha El Khalfi. Dans un entretien accordé à la MAP, M. El Khalfi a noté que cette politique est menée grâce des réformes profondes tirant profit des acquis réalisés et suivant une approche participative et une politique volontariste. Nouveaux cahiers de charges pour le pôle public Dans ce processus de réforme, une attention particulière sera accordée au pôle public qui sera doté de nouveaux cahiers de charges et de contrats-programmes dotés de moyens financiers nécessaires à leur application, a indiqué le ministre, mettant l'accent sur la réforme du cadre juridique, notamment pour l'audiovisuel, dont la gouvernance sera renforcée par la révision de la loi de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (HACA). A cet égard, M. El Khalfi a rappelé l'article 165 de la nouvelle constitution qui accorde de larges prérogatives à la HACA pour s'assurer de la liberté de l'information et du respect de la diversité, dans le cadre des lois et des valeurs du Maroc. Les efforts se concentrent également sur le renforcement de la compétitivité de l'audiovisuel national sur la scène internationale et régionale, dans un contexte de foisonnement des chaînes satellitaires privées (plus de 900 sur Nilesat), a-t-il ajouté, affirmant que ce secteur est confronté à la concurrence et au défi de la qualité. Le ministre a, dans ce sens, relevé la nécessité d'adopter une approche basée sur la transparence, l'égalité des chances, la qualité requise des sociétés de production et la valorisation des compétences du pôle public, qui doivent bénéficier de quotas dans les productions internes. Il s'agit aussi de mettre en application les dispositions de l'article 28 de la constitution relative à la diversité linguistique, culturelle et politique et à l'accès aux médias, a-t-il souligné, appelant à élargir le champ de la diversité pour inclure la société civile et les associations. La politique du gouvernement pour l'audiovisuel accorde également l'importance à la mise en place d'une commission consultative de déontologie, qui aura pour mission de veiller au respect des engagements contenus dans les cahiers de charges, a fait savoir le ministre, qui a mis l'accent, par ailleurs, sur la nécessité de réussir la transition démocratique médiatique, en ouvrant la voie à la concurrence transparente et en renforçant la qualité à travers le soutien du produit national, la mise à niveau des sociétés de production, la valorisation des compétences et la consécration du rôle du pôle public en tant que garant de la diversité médiatique, dans le cadre de l'unité nationale et de la régionalisation avancée. La création du Conseil national de la presse est sur la bonne voie Le ministre a également évoqué le projet de création du conseil national de la presse, entré dans sa phase finale et qui est marqué par la concertation avec les différents acteurs et intervenants dans le domaine en vue de parvenir à un conseil national autonome et démocratique, régissant la gouvernance du secteur et assurant les missions de médiation, d'arbitrage, de défense de la déontologie et de consultation en matière de la politique de subvention des médias. Ce conseil, une instance autonome se référant aux articles 28 et 159 de la constitution, fera office de point de départ pour le chantier de réformes juridiques visant la modernisation du secteur de la communication et des médias, a-t-il affirmé, relevant que cette instance présentera son avis à propos des lois relatives à la liberté de l'information, à la presse, à l'audiovisuel, aux sondages et à la publicité, qui constitueront un système intégré institutionnel et législatif. Concernant la représentation des journalistes au sein de cette instance, M. El Khalfi a indiqué que le conseil, en tant qu'institution démocratique, autonome et consacrant la bonne gouvernance, devrait être constitué suite à des élections libres et directes, ajoutant que la réflexion est engagée pour chercher un moyen d'assurer la représentation aussi de la société civile et des organisations professionnelles ayant un rapport avec la presse et les médias. Presse écrite : Un nouveau contrat-programme et une subvention basée sur l'investissement Pour ce qui est de la presse écrite, le ministre a fait savoir qu'en plus du chantier législatif, un dialogue sera lancé prochainement pour l'adoption d'un nouveau contrat-programme qui permet la transition vers un système de subvention liée à l'investissement, suivant des objectifs clairs permettant de promouvoir la lecture, valoriser les ressources humaines, soutenir la formation et développer l'utilisation des nouvelles technologies. Dans le même sens, M. El Khalfi a noté que la subvention ne peut être une économie de rente et doit répondre à un contrat-programme claire assurant le respect par l'entreprise de presse de ses obligations professionnelles et sociales et des principes de transparence quant aux comptes financiers et niveaux de vente. De même, une commission tripartite entre les ministères des finances, du commerce, de l'industrie et des nouvelles technologies et de la communication se réunit périodiquement pour approfondir la réflexion à cet effet, a-t-il poursuivi, indiquant que la prochaine réunion, prévue vendredi prochain, sera suivie par la publication de la liste des journaux ayant bénéficié de la subvention. Un bureau d'étude indépendant a réalisé une étude sur l'impact de cette subvention sur le rendement de la presse écrite, a-t-il dit, rappelant les recommandations du dialogue national sur les médias et la société, qui a abouti à des conclusions très pertinentes visant le développement du secteur. Répondant à une question sur les revendications des journalistes pour une révision du code de la presse, qui place les affaires liées à la presse à la fois sous la compétence de ce code et du code pénal, M. El Khalfi a souligné que les orientations actuelles vont dans le sens de la mise en œuvre du référentiel constitutionnel (article 28) consacrant la liberté de la presse, qui ne peut subir aucune censure préalable, et limitant considérablement les restrictions à cette liberté. Le Maroc a réalisé un saut qualitatif avec l'adoption de ce texte constitutionnel, a-t-il estimé, ajoutant qu'il est temps de revoir les peines privatives de liberté et que la réflexion se tourne actuellement vers la limitation des cas pouvant amener à de telles peines, qui seront ramenés de 24 à 4 seulement et soumis au pouvoir discrétionnaire du juge, qui lui seul pourra décider de l'application d'une telle peine ou de sa substitution par des dommages et intérêts. Vers une agence du 21ème siècle Le ministre a également évoqué les réformes en cours au niveau de l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) visant le perfectionnement professionnel, technique et communicationnel de l'agence, affirmant que le dernier conseil d'administration de cette institution a constitué un tournant sur la voie de la mise en place de l'agence du 21ème siècle, avec pour objectif de faire de la MAP la première agence de presse dans le continent africain. La réalisation de cet objectif nécessite la diversification du produit de l'agence pour inclure l'information audiovisuelle à travers MAP-TV et MAP-Audio, ainsi que la mise à profit du grand potentiel qu'offrent les nouvelles technologies d'information et de communication.