Le Régime d'assistance médicale (RAMED), dont la généralisation a été lancée, mardi à Casablanca, sous la présidence de SM le Roi Mohammed VI, et après une période d'expérimentation fructueuse, entamée en 2008 dans la région de Tadla-Azilal, va bénéficier à près de 8,5 millions de personnes, soit 28 % de la population marocaine. Il s'agit de 4 millions de personnes en situation de pauvreté absolue (gratuité pleine), de 4,5 millions en situation précaire (gratuité partielle) et de quelque 160.000 bénéficiaires de droit parmi les pensionnaires des centres de protection sociale, des établissements pénitentiaires et les personnes parrainées par l'Etat, selon le ministre de la santé, El Hossein El Ouardi. Le lancement de la généralisation de ce régime devra en effet se traduire par une réconciliation de l'ensemble des Marocains et en particulier les couches démunies avec l'hôpital public, qui a toujours constitué leur unique refuge pour se faire soigner. Même d'autres couches de la population non visées par le RAMED vont désormais se tourner en masse vers l'hôpital public, qui représente à leurs yeux un lieu plus sûr qui protège contre l'arnaque et autres pratiques frauduleuses fréquentes ailleurs. C'est le début aussi d'une ère de réconciliation avec un système de santé, que symbolise l'hôpital public, qui avait toujours inspiré confiance, en dépit de toutes les insuffisances qui l'ont marqué durant des décennies. L'opération de généralisation du RAMED va donc institutionnaliser la prise en charge de pas moins de 28 pc de la population marocaine et renforcer un système de santé plus équitable et à visage humain. Le RAMED va inaugurer par la même une nouvelle ère de solidarité et d'humanisation du système de santé au Maroc, longtemps considéré comme privilégiant les plus riches et marginalisant les plus pauvres. Avec la généralisation de ce régime, le droit de tous aux soins de santé, à la protection sociale et à la couverture médicale, inscrit dans la Constitution, trouve en effet tout son sens. Grâce à ce projet ambitieux devenu désormais réalité, l'indigence ne constituera plus un handicap à l'accès à des soins de santé de qualité, ni au droit à la santé et à la vie saine pour tous les citoyens. Plus qu'une simple initiative intéressant uniquement le secteur de la santé, la généralisation du RAMED constitue, en effet, un pas significatif sur la voie de la réduction des disparités sociales et de l'instauration de l'Etat de Droit et de démocratie où tous les citoyens sont traités sur un pied d'égalité, sans distinction de milieu ou de situation économique. Exposant les grandes lignes de ce projet, au cours de la cérémonie de lancement de la généralisation du RAMED, le ministre de la Santé a rappelé que ce régime va mobiliser des investissements de l'ordre de 3 milliards de dirhams au titre de l'année 2012. Il s'agit, a dit M. El Ouardi, d'un grand chantier qui a pour objectif majeur d'améliorer les conditions d'accès aux soins de santé, en concrétisation des dispositions de la nouvelle Constitution. Le RAMED est fondé sur les principes de l'assistance sociale et de la solidarité nationale au profit de la population démunie qui est constituée par les personnes économiquement faibles et qui ne sont pas éligibles au régime de l'assurance maladie obligatoire (AMO), a ajouté le ministre, notant que ce régime public, par excellence, permet aux bénéficiaires d'accéder aux soins de santé offerts par les hôpitaux publics, les établissements publics de santé et les services sanitaires relevant de l'Etat. Abordant l'offre de Santé, le ministre de la santé a indiqué que l'Etat met à la disposition des bénéficiaires 2.581 établissements de soins de santé de base, comprenant 2.030 centres de santé et 111 hôpitaux provinciaux et préfectoraux, 12 hôpitaux régionaux et 19 Centres hospitaliers universitaires. Il a fait savoir à cette occasion que le dispositif de soins d'urgence sera renforcé à travers la création de 80 unités médicales équipées, l'organisation de caravanes médicales spécialisées au niveau des provinces et la mise en place d'une unité de consultation médicale hebdomadaire fixe pour les personnes souffrant de diabète et d'hypertension, outre l'augmentation du nombre des unités médicales mobiles (602 unités de soins médicaux et 19 unités de soins dentaires). Seront également renforcées dans le cadre de cette opération les unités d'assistance médicale au profit des femmes enceintes et des nouveaux nés en milieu rural, a ajouté le ministre, qui a annoncé l'élargissement de la liste nationale des médicaments et l'augmentation du budget alloué à l'acquisition des médicaments et du matériel médical. Il est également prévu de procéder à la création au niveau des hôpitaux et centres de santé d'un guichet RAMED, à l'affichage de la charte de malade au niveau des hôpitaux, à l'organisation de rendez-vous pour les consultations spécialisées et au renforcement des unités d'assistance sociale. Exposant les résultats de l'expérience pilote du RAMED menée au niveau de la région Tadla-Azilal, il a rappelé qu'elle a permis la prise en charge de personnes souffrant de maladies chroniques et coûteuses, le développement de la filière de soins et la mise à la disposition des malades tous les médicaments nécessaires. Selon le ministre, les bénéficiaires du RAMED sont couverts sans aucune discrimination due à l'âge, au sexe et à leurs antécédents pathologiques ou à leurs zones de résidence. Les personnes en situation de pauvreté bénéficieront gratuitement du régime d'assistance médicale, tandis que celles en situation de vulnérabilité devront payer 120 dirhams par personne sans dépasser 600 dirhams par foyer. Le panier des soins de santé prévu par le RAMED comporte les mêmes prestations couvertes par l'AMO. Elles portent sur l'hospitalisation, dont l'accouchement, les consultations spécialisées externes et de médecine d'urgence, les analyses de biologie et l'imagerie médicale (sauf scannographie). Sont également couverts l'exploration fonctionnelle, les évacuations sanitaires inter-hospitalières en cas d'urgence et les actes de rééducation fonctionnelle. Des partenariats public-privé sont prévus, notamment dans les régions peu dotées en infrastructures publiques, ou en ce qui concerne les spécialités qui connaissent une demande accrue, a ajouté le ministre.