On en parlait depuis longtemps, mais sans force conviction. Les deux millions de clients casablancais, mécontents puis épuisés, ne savaient à quoi s'en tenir. Aujourd'hui, la Cour des Comptes lève le voile sur un pan essentiel des comptes de la Lydec, le délégataire de la distribution des services d'eau potable, de l'électricité, de l'assainissement et de l'éclairage public à Casablanca. Une concession qui représente, de nos jours, un total bilan de près de 25 milliards DH. Pourtant, la filiale marocaine du Groupe Suez, qui a remporté haut la main ce contrat, en 1997, se drapait d'une apparence convenable, soutenue par la complaisance et le silence éloquent des décideurs politiques. Dans son dernier rapport, la cour des comptes, au non de la loi, de l'intérêt général et de l'ordre public, rompt ce silence, casse l'omerta et révèle le mensonge. Dans son rapport, de pas moins de 20 pages, faiblement médiatisé, la Cour des comptes met le doigt sur nombre de dysfonctionnements qui entachent l'exécution du contrat de gestion déléguée. Curieusement, les constations établies par les magistrats de la cour des comptes sont d'une telle gravité qu'elle suppose une remise en cause des intentions des responsables des parties liées au contrat. On retiendra, entre autres constations majeures, ces faits saillants :