Le texte du discours de SM le Roi Mohammed VI à Abidjan devant les hommes d'affaires ivoiro-marocains est porteur d'une vision inédite et singulière sur le développement économique de l'Afrique. Tous les attributs d'un discours fondateur sont là. La vision et la perspective, la densité et le concret, la projection et l'opérationnalité stratégique. Dire, aujourd'hui, aux leaders africains que le temps du «tout politique» est révolu et que seules les actions diplomatiques sous-tendues par une véritable approche économique ont une chance de réussir, est une vision à la fois pragmatique et audacieuse. Le discours d'Abidjan, de SM le Roi, - il restera à l'évidence comme un discours historique - prononcé par un leader africain imbu de la culture du Continent, proche des gens dans leur vie de tous les jours et à l'écoute des aspirations légitimes des jeunes générations, ne pouvait s'inscrire que dans la réalité concrète du quotidien des Africains. L'efficacité, la performance et la crédibilité, tels sont les principes qui permettront à l'avenir de mesurer toute politique de coopération. Nous n'en sommes plus aux slogans obsolètes, à la célébration d'un voisinage survalorisé et brutalisant ni à une fraternité inféconde. L'Afrique mérite désormais mieux que cela. La valeur que crée le continent doit rester en priorité en Afrique et profiter d'abord aux Africains. Cette démarche, qui était par le passé perçue comme un discours de fermeture et d'échec économique, est aujourd'hui un appel solennel à une accélération d'une coopération Sud-Sud, voire à une coopération triangulaire s'adossant à l'expérience acquise par les pays africains les plus avancés. Seule cette démarche est capable, aujourd'hui, de sortir l'Afrique des logiques combien mutilantes des chasses gardées, des prééminences néocoloniales héritées et des accointances historiques douteuses. Aucun terrain n'est acquis. Et aucune chasse n'est gardée. Seule la coopération intelligente et audacieuse prévaut, celle où tout le monde gagne. Et celle qui exclut la vision réductrice entretenue sciemment en une sorte de division dévalorisante qui morcelle l'Afrique en petits pays et grands pays. Ni grand, ni petit pays. Comme il n'y a ni grand ni petit projet. Il y a simplement des projets qui sont au service des citoyens. «L'Afrique doit faire confiance à l'Afrique». Quand SM le Roi affirme cela, il invite à une prise en charge qui dépasse toute situation de complexe ou d'auto-dévaluation. Il invite l'Afrique à faire confiance à ses enfants, à ses forces vives, à ses ressources. Elle doit rompre avec ce qui reste de la mentalité du colonisé. Que de fois cet appel à l'émancipation a été entendu par le passé mais peu de fois, ou rarement, il a été étayé par un raisonnement aussi construit et par une volonté si opérationnelle. L'Afrique n'a plus besoin d'assistance ! C'est révolu. Elle a plutôt besoin, et c'est la démarche de SM le Roi, de partenariats construits sur un principe d'égalité, de mutualisation des efforts et des ressources qui permette à chacun de sortir gagnant, de projets qui vont défier sur le terrain la mal-vie, le sous développement, la précarité et la pauvreté là où ils prévalent. L'Afrique a des atouts et elle regorge de potentialités. Pour avancer elle doit se départir des contraintes du passé et envisager l'avenir avec détermination et optimisme. Pour ceux qui cherchent une ligne de crête, un promontoire, pour saisir un avenir possible, le discours du Souverain vient avec cette idée galvanisante : «Si le siècle dernier a été celui de l'indépendance des Etats africains, le 21e siècle sera celui de la victoire des peuples contre les affres du sous-développement, de la pauvreté et de l'exclusion». Cette démarche n'est pas une invitation au rêve pour des lendemains qui chantent. Elle peut être une réalité aujourd'hui, si l'action est libérée tout de suite. L'action étant le mot clé de la démarche et la condition sine qua non de la réussite. Comment faire en sorte que la mondialisation devienne une force positive pour l'Afrique ? La réponse est livrée dans le discours du Souverain et se présente comme un devoir collectif. Elle passe par le développement économique, le commerce et l'intégration régionale. Dans ce domaine justement le Maroc, pionnier dans les schémas de coopération triangulaire, a quelque crédibilité et un certain capital confiance auprès de ses partenaires qu'il est prêt à mettre au service de sa démarche africaine. Combattre sérieusement l'afro-pessimisme, la vraie plaie qui frappe l'Afrique. Il ne pourra être vaincu que si les énergies sont libérées, les potentiels mis en synergie et les forces vives africaines mises en réseau productifs. Décidément, SM le Roi Mohammed VI, porte en Lui un rêve africain. Noble et profond. Cela n'a jamais été démenti depuis le début de son règne. Pour le continent, il nourrit une imagination débordante et une créativité sans limite mais le plus frappant dans cette démarche c'est qu'elle reste pragmatique et calée sur le possible tout en n'excluant aucune audace. Aucune. Imaginez notre continent libéré de ses pesanteurs ! dit-il aux Africains en une invite généreuse et passionnée.