Pour un oui ou pour un non, pour une rage de dent ou un petit bobo, mais surtout pour n'avoir pas à attendre de bénéficier d'une prise en charge médicale immédiate, un grand nombre de nos concitoyens ont tendance à recourir de plus en plus fréquemment aux services d'accueil des urgences hospitaliers. Quelles attitudes doit aujourd'hui adopter l'hôpital face aux malades qui attendent le soir ou les week-ends pour se rendre aux urgences. La médecine d'urgence est sans doute la seule spécialité définie par le lieu où elle se pratique. Ses fonctions particulières, les pressions qu'on y subit, l'imprévisible, l'imprévu et le chaos imminent qui y règnent façonnent la pratique de ceux qui y consacrent leur temps mais définit également le contenu de la spécialité. Le service des urgences est un creuset où se fondent une multitude de problèmes. Beaucoup ne peuvent être résolus parfaitement. Tous peuvent être abordés de façon optimale. Y travailler efficacement, c'est utiliser au maximum la panoplie de ressources médicales, sociales, psychologiques et administratives qui sont à la disposition de ceux qui les connaissent. Le spécialiste traditionnel ne voit l'urgence qu'en termes de fonctions vitales menacées. Le véritable urgentiste sait que presque tous les patients qui arrivent au service ont un besoin qu'il s'agit d'identifier et si possible résoudre. C'est cela le monde de l'urgence, monde dans lequel on ne connaît jamais la limite du nombre de patients à traiter et parmi lesquels il faut reconnaître les vrais problèmes du moment et adopter les attitudes appropriées. Seul bémol, nos concitoyens ont une autre conception des services des urgences qu'ils assimilent à des centres de consultations médicales. De véritables goulots d'étranglements Par la force des choses, le nombre de passages dans ces services ne cesse d'augmenter de jour en jour et d'année en année, rendant la tâche plus ardue aux pressionnels de la santé qui sont en sous effectif. Cette situation est paradoxale, car ces passages, le plus souvent, ne correspondent pas à une situation d'urgence vitale ou grave, tout au plus, ils constituent un véritable goulot d'étranglement, créaient des frictions, parfois des disputes et des agressions dont les premiers à payer les frais sont les médecins et les infirmiers qui se voient traités de tous les noms. Ce genre de situation finit à la longue par exaspérer, par décourager les professionnels de santé les plus calmes. Si on prend l'exemple du service des urgences de l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca, celui-ci gère en moyenne 700 à 800 malades / jour, c'est énorme comme charge de travail, c'est tout simplement psychédélique. Mais les professionnels de santé sont dans l'obligation d'assurer et d'assumer ces grands flux de malades. Malgré la pénurie de personnel de santé (médecins –infirmiers), la politique du ministère de la santé s'efforce de rendre le système hospitalier plus accessible, plus apte à répondre à toutes les demandes de soins, surtout au niveau des urgences, malheureusement certains citoyens entravent la bonne marche de ces services. Un manque de civisme flagrant Les répercussions de tels actes qui sont ni plus ni moins qu'un manque de civisme de la part de certains fait que les infirmiers qui exercent aux services d'urgences au lieu de se pencher sur les demandes de soins urgentes se retrouvent à faire le tri et à séparer les vraies urgences des fausse urgences ce qui est source de perte de temps, de charge de travail supplémentaire et bien entendu de disputes et d'agressions dont sont victimes les personnels des urgences quand ils demandent à ceux qui n'ont pas de raison d'être aux urgences de s'adresser à leur médecin traitant ou de se rendre au centre de santé du lieu où ils habitent. Quelles attitudes doit aujourd'hui adopter l'hôpital face aux malades qui attendent le soir ou les week-ends pour se rendre aux urgences ? Comment gérer la bobologie qui encombre les services d'urgences ? C'est le genre de questions que peu de personnes se posent mais dans la réalité des faits ce sont autant d'inconvénients, autant de problèmes qui sont quotidiennement vécus par les professionnels de la santé au niveau des services des urgences Une intervention immédiate Il ne faut surtout pas déformer le sens de mes propos, ou mal interpréter ce que j'avance comme arguments quand il s'agit de laisser les services d'urgences s'occuper des cas urgents et d'aller consulter au centre de santé du quartier pour une prise de tension artérielle, un problème bucco-dentaire, des céphalées, constipation ou autre. IL est évident que les services d'urgences ne pourront jamais fonctionner à la satisfaction de tous les usagers qui ont un besoin réel de soins, cette situation est exacerbée par celle et ceux qui font preuve d'un manque de civisme comme nous l'avons souligné, celles et ceux qui sans aucune gêne vont encombrer encore plus ces services dont le rôle est capital quand il s'agit de sauver des vies. Des professionnels de santé qui sont constamment mobilisés et dont l'organisation et le fonctionnement sont adaptés pour répondre 24 heures sur 24, de jour comme de nuit, 7 jours sur 7, week-end et jours fériés à des événements non programmés. Il s'agit de laisser les urgences aux cas qui demandent une intervention immédiate, une mobilisation des membres de l'équipe au chevet des malades, pour leur porter assistance et sauver ceux qui peuvent l'être dans de bonnes conditions, c'est un peu cela les urgences. Aujourd'hui, les services des urgences, ne peuvent être une réalité affirmée, des services de pointe, un modèle et la vitrine de l'hôpital que si, ils représentent le lieu où se conjuguent d'abord l'humanisme, l'altruisme, la dextérité et la haute technicité. Tout cela est nécessaire si on considère que c'est au niveau des urgences que sont pris en charge les cas urgents, la détresse, mais en second lieu il faut impérativement que nos concitoyens y mettent du leur, qu'ils comprennent que les services d'urgences sont des lieux réservés aux cas qui nécessitent une intervention urgente. Des modifications de comportements doivent donc s'opérer, il faut aussi une évolution des mentalités si nous voulons réellement tous contribuer à la bonne marche de nos structures de santé et en particulier pour le cas des urgences car celui-ci représente une structure hospitalière d'avenir. Nous sommes tous concernés par la problématique de l'utilisation des services des urgences, car une demande de soins urgente ça n'arrive pas qu'aux autres. Encore faut-il doter tous ces services de potentiels, en particulier humains, indispensables à une action de qualité.