La lecture des grands quotidiens du monde, durant la précédente semaine, a permis de repasser les grands problèmes auxquels sont confrontés les gouvernements en Europe, aux Etats-Unis mais aussi en Tunisie. La vétusté du modèle économique au Royaume-Uni, l'émergence de la Pologne comme la Chine d'Europe, le bilan économique du gouvernement Ennahda en Tunisie et le sort des retraites aux Etats-Unis sont commentés comme étant des questions dont l'incidence déborde les frontières nationales. Sous le titre «Le Qatar, une économie qui fabrique des parias», Le Monde du 24 octobre parle des travailleurs migrants victimes d'exclusion. «Il n'est pas de richesses sans hommes, le Qatar l'a bien compris. Sa population vient de dépasser les deux millions d'habitants, parmi lesquels on compte 10 % de citoyens» alors que «les étrangers forment plus de 95 % de la main-d'œuvre et créent, littéralement, la richesse du pays». Pour le quotidien français, «dans une région où la non-intégration des étrangers est une politique assumée» et au-delà des travaux gigantesques liés à l'organisation de la Coupe du monde de football en 2022, le fonctionnement de l'économie qatarie repose de manière structurelle sur l'exclusion à la fois légale et spatiale des travailleurs migrants, estime Le Monde. Dans un autre commentaire, publié le 22 octobre avec pour titre «Travail et famille : l'équation pas si impossible», le journal parisien rappelle que l'Observatoire de la parentalité en entreprise (créé il y a cinq ans par Jérôme Ballarin, ancien manager RH chez Danone) aide les employeurs à faciliter la vie des salariés parents. «C'est une manie nationale» car en France, chaque cause a droit à son observatoire : la vie étudiante, les inégalités, la lecture, la laïcité... Le Monde illustre son étude du cas de Jérôme Ballarin. «Quand je suis devenu père en 2004, j'ai découvert la réalité de ce que vivent des millions de Françaises et Français au quotidien : devoir quitter le bureau en catastrophe pour être à l'heure à la sortie de la crèche, prendre un jour de congé au débotté pour garder son enfant malade», raconte cet ancien diplômé de HEC et Sciences Po Paris qui court les entreprises avec son bâton de pèlerin pour les inciter à adhérer à sa charte de la parentalité. Ses efforts semblent payer. Plus de 500 ont déjà répondu à l'appel, représentant au total 3,5 millions de salariés dans l'Hexagone, soit près de 10 % de la population active. «Pendant longtemps, les patrons français se sont complètement défaussés sur les pouvoirs publics», soutient Bernard Fusulier, professeur de sociologie à l'Université catholique de Louvain (UCL). Avec le renforcement des contraintes de temps, «l'intensification des rythmes de travail et la flexibilité de l'emploi, ils ont commencé, au détour des années 2000, à s'emparer du sujet», relève le sociologue. Cependant, observe plus loin Le Monde, «la culture du présentéisme, en France, a encore la peau dure». Nombre de managers continuent d'évaluer la motivation de leurs équipes par leur temps de présence dans les locaux», se désole Antoine de Gabrielli, directeur de l'organisme de formation à la diversité Companieros, fondateur, en 2011, de l'association «Mercredi, c papa», qui milite en faveur de l'égalité professionnelle. Dans un reportage publié, le 23 octobre sous le titre «les Polonais sont les chinois d'Europe», l'hebdomadaire Wprost de Varsovie signale qu'Amazon va ouvrir trois grands centres logistiques en Pologne. S'agit-il d'une bonne nouvelle ?», s'interroge l'hebdomadaire polonais avant de lancer qu'en «vérité, c'est non parce que les emplois seront précaires et mal payés». L'Etat va commettre une erreur s'il pense qu'il va augmenter la compétitivité en allant dans cette direction. Pour la majorité des responsables des grandes entreprises internationales, la Pologne est avant tout un pays de la main-d'œuvre bon marché et non des modèles d'entreprises innovatrices, met en garde Wprost. La crise des retraites aux Etats-Unis a traversé l‘Atlantique et a mérité un commentaire dans le Monde (23 octobre), intitulé : «Le sort de millions de retraités américains suspendu à l'avenir de Detroit», l'ancien fleuron de l'industrie automobile américaine. L'avenir de Detroit (Michigan) devait se jouer mercredi 23 et jeudi 24 octobre, dans le bureau de Steven Rhodes, le juge fédéral qui devrait très probablement déclarer la ville en faillite, rapporte Le Monde. Plombée par le chômage (18,8%), la chute des recettes fiscales et une gestion calamiteuse, la capitale de l'automobile américaine devra restructurer sa dette de 18,5 milliards de dollars (13,5 milliards d'euros). Il y aura des perdants, estime le quotidien mais à cet égard, «la faillite de Detroit fera figure de test pour toutes les autres villes en difficulté dans le pays. Les «hedge funds» (fonds spéculatifs), se sont préparés en rachetant, ces derniers mois, leurs titres à des créanciers de Detroit. «Le marché des obligations municipales est passé de 1.900 milliards de dollars en 2005 à 3.700 milliards aujourd'hui. Et nombre de localités risquent de connaître des difficultés de financement à l'avenir. En partie à cause de la crise. Mais aussi parce que beaucoup ont, comme Detroit, promis à leurs employés des retraites trop généreuses». Selon Joshua Rauh, économiste à l'université de Stanford, le montant des pensions que les Etats ne pourront pas couvrir dépasse les 4.000 milliards de dollars. «Nous sommes à l'aune d'un désastre financier», s'alarme Eric Scorsone, à l'université du Michigan, retient Le Monde. Au Royaume-Uni, The Guardian (21 octobre) a parlé de la «solitude comme résultat inévitable du modèle économique britannique». En Angleterre, chaque fois il y a plus de personnes qui «vivent seules». Si en 1971, elles représentaient 17% de la population, elles sont aujourd'hui 31% qui se trouvent dans cette situation. «Vivre seule dans une culture qui exalte l'individualisme, conduit à l'isolement de nombreuses personnes» du fait que «le modèle économique britannique a permis à ceux qui ont triomphé au plan social une grande liberté économique au détriment de l'affaiblissement des liens sociaux». Dans son ouvrage «Solitude», le psychologue social, John Cacioppo, l'a décrit de cette manière: «une culture d'isolement sociale dans laquelle les personnes sont atomisées par l'instabilité des situations sociales et économiques, et séparées par de grandes disparités risque de conduire des millions parmi elles au naufrage». Dans un commentaire (22 octobre) intitulé «deux ans de gouvernement islamiste en Tunisie: Le bilan des laïques arabes», le site web «DirectInfo», écrit que deux ans après les élections du 23 octobre 2011, les avis restent partagés sur le rendement des gouvernements de la Troïka qui ont connu de profondes crises politiques et économiques marquées par les assassinats politiques et la récurrence d'actes terroristes. Durant cette période, également, le paysage politique a vu la naissance de nouveaux partis dont Nidaa Tounès. Des alliances politiques de l'opposition comme le Front populaire et l'Union pour la Tunisie ont vu le jour. Les deux coalitions forment aujourd'hui le Front de salut national. Ce Front, qui se positionne comme force d'opposition à la Troïka, a mené plusieurs manifestations pour réclamer la démission du gouvernement et la dissolution de l'Assemblée nationale constituante (ANC), en réaction à l'assassinat, le 25 juillet 2013 de l'élu Mohamed Brahmi, deuxième assassinat politique après celui de Chokri Belaid (6 février de la même année). L'aggravation de la situation à la suite du retrait des élus de l'opposition de l'ANC, a amené quatre organisations nationales à proposer une initiative pour une sortie de crise. Sous le titre «Les islamistes face au défi de la société civile et politique», le quotidien parisien l'Humanité du 22 octobre parle des «islamistes face au défi de la société civile et politique». «Confronté au parti Ennahdha qui s'entête à se maintenir au pouvoir, le Front du salut national (opposition) appelle à une mobilisation massive, ce mercredi (23 octobre), dans tout le pays. Des gendarmes ont conspué le chef de l'Etat et les policiers menacent de sortir dans la rue», rapporte le quotidien. La centrale syndicale UGTT avait auparavant annoncé que le «dialogue national» entre le parti Ennahdha (islamiste) et l'opposition regroupée au sein du Front du salut national (FSN, Forces progressistes et démocratiques) pour sortir la Tunisie de la paralysie politique dans laquelle elle est enferrée, a été fixé au mercredi 23 octobre, date marquant le deuxième anniversaire de l'élection de l'Assemblée constituante.