L'immigration européenne au Maroc Les statistiques le confirment. La population européenne, notamment française et espagnole au Maroc, s'accroit exponentiellement. Cette immigration n'est pas toujours blanche et clairvoyante sur toute la ligne, elle est aussi empreinte de quelques traces d'irrégularité. Certains européens occupent des emplois dans le Royaume sans toutefois se conformer à la législation marocaine. En juin dernier, dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur requérait aux immigrés clandestins européens de régulariser leur situation. D'aucuns usent de stratégies et tactiques pour prolonger leur résidence au Maroc et renouveler leurs papiers. Passer une seule journée dans l'enclave de Ceuta et Melilla suffit pour échapper aux procédures administratives en matière de régularisation de papiers et de résidence, car ces deux iles font partie de l'espace Schengen. Un bref séjour dans cet archipel permet d'obtenir un visa touristique valable pour trois mois. Pourtant cette tendance migratoire passe inaperçue, contrairement à sa voisine subsaharienne qui s'est positionnée comme la ligne de mire de tous les efforts déployés par le Maroc pour contrôler et maitriser l'immigration. Un fait assez paradoxal quand on sait que l'immigration européenne au même titre que l'immigration subsaharienne recèle de méandres. La présence européenne au Maroc n'est lue que sous le prisme du tourisme et de l'investissement européen au Maroc. Un fait qui se consolide davantage d'autant plus que certains pays européens comme l'Espagne ont renforcé leurs relations commerciales et économiques avec le Maroc, passant de deuxième partenaire au rang de premier partenaire du Maroc. Les liens historiques et la proximité entre le Maroc, l'Espagne et la France confortent on ne peut plus cette approche de l'immigration européenne au Maroc. Espagnols et français ont toujours fait partie du paysage marocain. D'après Beatriz Mesa Garcia, correspondante au Nord de l'Afrique pour les médias espagnols au Centre Jacques Berque des sciences humaines et sociales de Rabat, «les relations historiques entre le Maroc et l'Espagne remontent à la colonisation et bien au-delà. Ces relations ont connu une évolution au fil du temps. La dernière visite du Roi Juan Carlos 1er est un point d'inflexion énorme dans les relations hispano-marocaines. Elle contribuera davantage à l'essor de l'immigration d'Espagnols au Maroc puisque l'un des objectifs de cette visite est de favoriser la mobilité des populations. Cette mobilité ne concernera pas seulement les professionnels économiques, mais tous les secteurs. Elle favorisera également l'échange scientifique entre les deux pays.» Ces nouvelles relations entre le Maroc et l'Espagne sont bénéfiques au Maroc, confie de son côté Yala Othmane, responsable de BMG Maroc. «En adoptant les bonnes stratégies, les relations hispano-marocaines permettront au Maroc de renforcer ses PME-PMI qui peuvent désormais joindre leurs forces à leurs homologues espagnols afin de créer un tissu économique compétitif, riche et diversifié.» Désormais, la tendance migratoire prend une nouvelle tournure. Du Nord, l'on se dirige vers le Sud. Et pour origine : la crise économique qui a bouleversé les déplacements migratoires.