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Le PPS a le mérite d'avoir introduit très tôt au Maroc l'idéologie socialiste visant l'avènement d'une société d'équité, de justice et d'égalité Moulay Ismail Alaoui, président du Conseil de la Présidence du PPS
Moulay Ismail Alaoui, président du Conseil de la Présidence du PPS Le Parti du progrès et du socialisme (PPS-légalisé en 1974), anciennement Parti communiste du Maroc, puis Parti communiste marocain et Parti de la Libération et du socialisme (PLS), est un parti qui a eu le mérite d'avoir introduit très tôt au Maroc l'idéologie socialiste visant l'avènement d'une société d'équité, de justice et d'égalité sans discrimination aucune entre ses membres, abstraction faite de leurs sexe, couleur ou religion, a affirmé samedi soir à Rabat, Moulay Ismail Alaoui, Président du Conseil de la Présidence du PPS. S'exprimant lors d'une table ronde, organisée à l'initiative de «L'Espace PPS pour les cadres de Rabat» à l'occasion du mois de Ramadan sur le thème «Le PPS, Histoire et évolution» Moulay Ismail Alaoui a indiqué que le sujet sera traité en deux parties : la première s'étale entre 1943 et 1975 et l'autre depuis 1975 jusqu'à nos jours. Selon le conférencier, l'Histoire du PPS est celle d'un parti qui n'a cessé de militer pour s'imposer sur la scène politique nationale et défendre son identité, soit pour l'indépendance du pays depuis les années 40, soit pour une société pluraliste, démocratique et de progrès depuis les années 60, soit pour le parachèvement de l'intégrité territoriale du pays et le renforcement du processus démocratique depuis les années 75. En d'autres mots, il s'agit d'un parti qui a réussi à résister à toutes les attaques et à s'adapter intelligemment à l'évolution de la situation, grâce aux sacrifices et à l'abnégation de ses militants pour servir le peuple et le pays, a-t-il expliqué. Revenant sur la genèse du communisme, le conférencier a indiqué que l'idée est ancienne et qu'elle visait l'avènement d'une société fondée sur la communauté des biens à l'exclusion de toute considération de foi et de croyance. On en retrouve des formes de communisme chez les anciens (Platon et d'autres) ainsi que dans la civilisation arabo-musulmane. C'est le cas des «sectes Makhrama dans le Sud de l'Irak et les Qaramita dans la péninsule arabique, qui auraient selon une certaine version volé la pierre noire de la Kaâba», a-t-il dit. Au Maroc, le développement de l'idéologie communiste a été malheureusement associée dès le départ par des obscurantistes à l'athéisme pour faire l'amalgame entre les deux et créer la confusion chez les intellectuels et les militants dans le but de combattre une telle aspiration et les partis politiques qui la défendent, à l'instar du PPS, a-t-il dit, précisant que des athées se rencontrent aussi bien parmi les capitalistes et les bourgeois qu'ailleurs. C'est vrai aussi pour les fidèles religieux qui sont aussi nombreux à militer pour des idéaux communistes, a-t-il fait observer. Selon le conférencier, le Maroc a subi depuis la fin du 19e siècle nombre de mutations au niveau social, économique, social et politique, qui se sont traduites par la perte de l'indépendance du pays et l'instauration du régime du protectorat, qui a eu un effet destructeur sur les structures du pays. Le colonialisme a toutefois intégré le pays dans le système de production capitaliste et permis le développement des moyens de communications et de transport dans le but d'accélérer l'exploitation des richesses naturelles dans l'objectif de satisfaire les besoins de la Métropole. Ce qui s'est traduit aussi par des réalisations portuaires importantes au Maroc (Casablanca, Rabat, Agadir, etc.), l'ouverture de nouvelles routes et l'exploitation de gisements (zinc, cobalt, argent, plomb, etc.), a-t-il dit, soulignant que les mines de phosphates ont toutefois été épargnées à travers la création de l'OCP, un office relevant de l'Etat pour barrer la route aux entreprises privées. Le secteur agricole (à l'exclusion de l'élevage) a été également touché par l'arrivée des colons français en grand nombre. Ils ont mis en valeur, pour les besoins de la métropole, plus de 1,5 million d'hectares de terres fertiles, a-t-il affirmé, notant que peu d'industries de transformation ont été toutefois créés. A l'issue de cette évolution, a-t-il dit, une nouvelle classe sociale composée de travailleurs est apparue et a lancé ses premières actions pour s'affirmer et revendiquer son droit à l'organisation syndicale, soutenue en cela par nombre de syndicats étrangers, a ajouté Moulay Ismail Alaoui, précisant que ce mouvement s'est traduit par la création de l'Union générale des syndicats confédérés du Maroc (UGSCM). Parallèlement à cette action, la résistance armée a commencé à s'organiser partout au Maroc contre le protectorat, dont celle d'Abdelkrim Khattabi qui a remporté une importante victoire contre les Espagnols dans le Rif et réussi à créer le premier noyau d'un Etat moderne dans le nord du pays ayant duré jusqu'en 1934, date à partir de laquelle le mouvement nationaliste a commencé à prendre le relais et à se structurer partout dans le pays, dans le sillage des manifestations contre le Dahir berbère. Il a en outre fait savoir que la situation au Maroc allait être fortement impactée par les changements intervenus au niveau du renforcement de l'organisation syndicale des travailleurs et de la lutte contre les épidémies et les maladies meurtrières dont la dernière enregistrée est celle du typhus, qui avait fait des milliers de morts en 1945. Et c'est à partir de ce moment que la population marocaine avait commencé à augmenter, a-t-il relevé, rappelant que le sentiment de frustration avait gagné toutes les couches de la population marocaine, qui n'hésitaient plus à réclamer l'indépendance du pays, aidées en cela par la nouvelle situation issue de la conférence d'Anfa, laquelle avait réuni à Casablanca le Sultan du Maroc, feu SM Mohammed V, le président des Etats-Unis Franklin Roosevelt et le Premier ministre britannique Winston Churchill, qui invitèrent à se joindre à eux les généraux français Henri Giraud et Charles de Gaulle. La Conférence historique d'Anfa avait en effet déclenché chez nombre de Marocains le sentiment de libération du pays du protectorat, selon le conférencier, qui a rappelé qu'un premier article revendiquant ouvertement l'indépendance du Maroc sans ambigüité aucune a été publié en 1942 par le journal «ESPOIR», du mouvement progressiste et communiste marocain. Par la suite, un groupe de militants français et espagnols établis au Maroc avait créé en 1943 le Parti communiste du Maroc qui comprenait également des militants marocains : Abdeslam Bourquia, Abdellah Layachi, Ahmed El Madi et Ali Yata. Trois ans plus tard, le Parti communiste marocain avait vu le jour et tenu son premier congrès national qui avait permis aux Marocains d'accéder au comité central en grand nombre et de prendre en main à partir d'août 1946 la gestion du parti, qui a fait de l'indépendance du Maroc sa première cause et interdit aux membres étrangers du parti de parler au nom du parti. Reçu par le Sultan, le nouveau staff dirigeant du PCM a été félicité par Feu SM Mohammed V qui lui avait apporté son soutien pour l'indépendance du pays, objectif principal de tous les nationalistes, tel que contenu dans le manifeste de l'indépendance présenté le 11 janvier 1944 aux autorités du protectorat. A partir de cette date, le PCM agit en tant que parti authentiquement marocain attaché à son identité marocaine et à ses idéaux socialistes et militant pour une société de justice, d'équité et d'égalité, a-t-il dit, rappelant que la France avait multiplié depuis 1945 les changements et les nominations pour contrer la vague de revendications et la résistance marocaine de plus en plus acharnée. Après le général Leclerc, nommé général de division le 25 mai 1943 au Maroc, pour mater les soulèvements, la France a décidé de revoir ses calculs devant la recrudescence des manifestations en envoyant en 1946 Eric Labonne, haut commissaire du protectorat au Maroc, qui a décidé de libérer nombre de détenus et prisonniers et autorisé le retour dans leur pays de plusieurs exilés dont Allal Fassi. Sentant l'approche d'un nouveau retour en arrière de la France, le PCM avait opté en 1948 pour le travail dans la clandestinité, en réaction à la vague de répression déclenchée après le discours de Tanger de 1947 de feu SM Mohammed V et l'envoi dans le pays du général Alphonse Juin, célèbre par ses décisions répressives et de censure de la presse, pour remplacer le 23 mai 1947 Eric Labonne «accusé» par la métropole d'avoir autorisé la visite historique du souverain de la ville du détroit, alors zone internationale. Plusieurs résistants et nationalistes dont Ali Yata et Abraham Serfati ont été arrêtés dans le cadre de cette vague déclenchée en 1948 par le général Juin, qui a tenté en 1951 de détrôner le Sultan et ordonné l'interdiction en 1952 du PCM et du parti de l'Istiqlal, alors que le pays tout entier était en ébullition, marquée par des manifestations dénonçant l'assassinat du syndicaliste tunisien Ferhat Hachad. Suivirent ensuite la déportation du Sultan et de sa famille, déporté en Corse puis à Madagascar et le lancement de plusieurs opérations de résistance dans les villes et les campagnes (Croissant noir avec Oubella El Kokji, Ahmed Setti, Maâti Youssoufi, Ahmed El Hansali, Lefdali) parallèlement à des campagnes de boycott des produits des compagnies étrangères (tabac, sucre), a-t-il ajouté, précisant que les résultats de ces soulèvements hors pair n'ont pas tardé à donner leurs fruits, obligeant ainsi la métropole à charger Edgar Faure du dossier marocain, lequel a joué un rôle décisif dans la signature des accords d'Aix les Bains et le retour dans le pays du Sultan du Maroc et de sa famille. Au lendemain de l'indépendance du pays, la situation allait malheureusement empirer en raison des luttes intestines déclenchées par certaines composantes de la Résistance marocaine et des assassinats d'anciens résistants, dont Abdelkrim Benabdellah, pour s'accaparer le pouvoir, a-t-il relevé, notant que l'auteur de ces actes, dénommé Ahmed Taouil a été lui-même liquidé. Pour ce qui le concerne le parti communiste marocain avait repris en 1959 ses activités, estimant que la situation était propice, a dit Moulay Ismail, qui a révélé avoir rejoint en personne les rangs du PCM en cette période en réaction à l'injustice qui a faite au parti par le premier gouvernement d'Abdellah Ibrahim en lui interdisant toute activité. Seule Abderrahim Bouabid s'était opposé à une telle décision visant le PCM, a-t-il rappelé, ajoutant que cette décision allait être entérinée en 1961 par la Cour d'appel de Rabat et suivie par l'arrestation des dirigeants du parti en 1963 (Ali Yata et Abdeslam Bourquia). «C'est pour défier une telle interdiction du PCM que j'ai décidé de rejoindre ce parti », a expliqué le conférencier, estimant que les choses allaient empirer entre le palais et le mouvement nationaliste avec les tentatives de complot de 1961 et de 1963 et les positions prises par le mouvement nationaliste au sujet de la guerre des sables entre le Maroc et l'Algérie en 1963. A ce propos, le nationaliste Mehdi Ben Barka avait ouvertement pris position contre la Maroc à partir d‘Alger où il se réfugiait et le pays a été secoué par le soulèvement de Casablanca de 1965, réprimé dans le sang par le général Oufkir, qui a enlevé et liquidé la même année Mehdi Ben Barka. Poursuivant son action dans la clandestinité, le PCM avait tenu son 3ème congrès en juillet 1966 avec la participation de 100 militants délégués par leurs cellules respectives et pris d'importantes résolutions ayant permis le rajeunissement du Comité central du parti et l'implication effective du parti dans la vie et la réalité marocaines. A ce propos, le conférencier a rappelé la recommandation faite par le leader communiste chinois Mao Tsé Toung à une délégation du PCM, lui demandant de participer à toutes les activités et cérémonies du pays, y compris dans les mosquées, puisque le Maroc est un pays musulman, selon Mao Tsé Toung. Moulay Ismail Alaoui a rappelé de même que le PCM allait bénéficier en 1968 d'une nouvelle autorisation, qui n'a pas été du gout des Américains et des Saoudiens, dont les pressions se sont traduites par une nouvelle interdiction et l'arrestation de ses dirigeants (Chouaib Riffi et Ali Yata), dénoncées par l'ensemble des forces nationalistes. Travaillant dans la clandestinité sous la houlette des militants Aziz Belal et Simon Lévy, le parti allait retrouver en 1974, après les tentatives des coups d'Etat de 1971 (Skhirat) et de 1972 (avion royal) la légalité sous l'appellation actuelle du PPS. Depuis lors, trois militants se sont succédé au secrétariat général : Ali Yata, de 1974 à 1997, Moulay Ismaïl Alaoui, de 1997 à 2010, et Mohamed Nabil Benabdallah, depuis 2010.