Brésil Le mouvement de contestation qui agite le Brésil depuis 3 semaines prend de l'ampleur et rassemble désormais toutes les couches de la population. La présidente, Dilma Rousseff, a proposé, lundi, la mise en place d'un "référendum" en faveur d'une série de réformes en accord avec les demandes des manifestants. Quand les autorités de Sao Paulo ont décidé, le 2 juin dernier, de faire passer le billet de bus de 3 à 3,20 réal, elles étaient loin d'imaginer les conséquences de cette initiative. Depuis, des manifestations ont éclatées dans plus d'une centaine de villes. Les manifestants, qui étaient 1,2 million dans la rue jeudi dernier, exigent des améliorations dans le domaine de la santé, des transports publics, de l'éducation ainsi qu'un renforcement de la lutte contre la corruption qui détournerait, chaque année, 52 milliards de réal des coffres de l'état. Dans une allocution radiotélévisée vendredi dernier, la présidente a assurée être "à l'écoute de la rue" et s'est engagée à élaborer un "grand pacte pour améliorer les services publics". Mme Rousseff a rencontré, lundi, les dirigeants du mouvement, puis les maires et les gouverneurs, pour élaborer une série de mesures destinées à améliorer les services publics. La chef de l'Etat a également annoncée que 50 milliards d'euros allaient être investis dans les transports publics du pays. D'après un sondage de l'institut Ibope, publié samedi 22 juin, 75 % des Brésiliens soutiennent le mouvement de protestation. En 2000, 97 % des enfants et adolescents brésiliens de 7 à 16 ans étaient scolarisés. Cependant, le système scolaire comporte de nombreuses imperfections. Les professeurs sont peu nombreux, mal payés et peu formés. Les établissements publics sont surchargés et donnent peu de chances à leurs élèves de rivaliser avec ceux des écoles privés. Le taux d'échec scolaire s'élève à plus de 50%. Autre secteur défaillant, le système de santé. Les hôpitaux publics sont saturés et manquent de moyens alors que les cliniques privées prodiguent des soins d'une grande qualité aux patients qui peuvent se payer leurs services. Cette situation reflète les grandes inégalités qui subsistent au Brésil. Le budget de la santé représente moins de 4% du PIB du pays. Les sommes colossales - 11 milliards d'euros - investis pour le mondial ont été largement dénoncées pendant les manifestations. Cependant, les brésiliens restent 67 % à être favorable à accueillir la Coupe du Monde de football qu'ils sont la seule nation à avoir remportée cinq fois. Sur fond de tensions sociales, ces manifestations interviennent alors que la situation économique du pays se dégrade depuis deux ans. Les brésiliens affrontent une inflation très importante depuis le début de l'année qui réduit substantiellement leur pouvoir d'achat. Malgré les troubles que rencontre le Brésil en ce moment, la 6ème puissance mondiale se structure et ses agitations témoignent de la vitalité d'une démocratie en construction.