Qui n'avance pas recule! Formule usitée pour exprimer la stagnation et l'attentisme. C'est aussi le sentiment qui prévaut chez les Marocaines et les Marocains dans leur vie quotidienne à l'heure actuelle. Le pays s'est installé dans un attentisme plombant sans pouvoir déterminer quelle issue pourrait permettre la reprise et la relance au lieu de s'empêtrer dans l'enchevêtrement des contradictions et des limites de l'action politique made in Morocco. Certes, la totalité des membres du gouvernement est toujours en activité sans qu'aucune démission ne soit enregistrée; sauf que l'impression dominante est que rien ne bouge. Alors que les proclamations fournies dans les meetings tendent plus vers des invectives que vers des explications et des propositions de solutions, les manœuvres se diversifient. Dans une manifestation officielle, il est ainsi rappelé que le Chef du gouvernement partage «l'initiative des lois» avec 695 parlementaires. C'est une lecture insidieuse de l'article 78 de la constitution. Voudrait-on par là signifier que le Chef du Gouvernement n'est qu'un «esclave de Dieu» parmi d'autres que l'on ne s'y prendrait pas autrement. Cela signifie simplement que les avancées que permet la constitution de 2011 ne sont pas au goût de certains dont le conservatisme exacerbé les pousse à créer une confrontation qui n'existe pas et qui n'a pas lieu d'être. Par ailleurs, l'instauration de la défiance vis-à-vis de l'action gouvernementale, l'utilisation de la rumeur et sa propagation jusqu'à en devenir l'amplificateur, le développement de la nuisance comme moyen de négociations, l'usage de la rhétorique de bas niveau «en mâchant le langage» pour faire rire l'auditoire et autres pratiques devenus banales dans certaines manifestations politiques sont autant de boomerangs multidirectionnels dont les ravages affaiblissent l'esprit des réformes et la maintenance du processus démocratique. Le Maroc, dans son ensemble, n'a pas besoin de tout cela au moment où la crise économique sourde et où de nombreuses tâches essentielles restent à assumer. Le frein imposé à l'action gouvernementale ne peut que nuire à la Nation et à la stabilité du pays. Il en va du processus démocratique dans son ensemble car une «crise» qui perdure et dont la solution ne se trouve pas dans l'ensemble de définition de ce processus lui-même induit une remise en cause de l'édifice dans sa globalité. Faut-il rappeler que cette démocratie se construit dans notre pays depuis 1974, avec des périodes de reflux et des périodes où des avancées sont enregistrées et reconnues par tous. Faut-il rappeler que le combat pour la démocratie est un combat permanent et quotidien et qu'à ce propos se trompent lourdement ceux qui croient «qu'ils ont traversé l'oued et que leurs pieds sont devenus secs» pour rétablir un autre temps politique révolu et obsolète. Faut-il rappeler le lien dialectique entre le politique et l'économique seulement quand il s'agit de commenter le niveau de la croissance pour 2013 ou est-il plus que nécessaire d'analyser la nature des liens entre les fortunes, anciennement et nouvellement acquises par la seule rente, et le pouvoir politique dans notre pays? Faut-il invoquer tel ou tel modèle pour comprendre et agir pour le bien et le développement de notre société ou faut-il faire preuve d'intelligence, d'esprit d'initiative et d'innovation en promouvant le modèle marocain, celui qui nous convient pour la modernité, la justice sociale et le bien être de l'ensemble de nos compatriotes et l'aménagement intégré de nos territoires. Il est plus que temps de se ressaisir et de revenir à une juste appréciation des enjeux. Quelques dizaines de lois organiques à faire adopter, des lois à établir, une économie à moderniser, des élections transparentes et honnêtes à organiser, des institutions à consolider, une éducation, une formation et un emploi pour des jeunes, des égalités à mettre en œuvre, des partis politiques, des syndicats et une société civile à revigorer.... S'il vous plaît, du blabla, les Marocaines et les Marocains ont en assez!