Le calvaire des ex-détenus La Commission régionale des droits de l'homme de Casablanca-Settat, l'association Relais prison-société et l'association Adala ont organisé une sur le thème de «la réhabilitation : simplification des mesures et procédures juridiques pour une véritable réinsertion dans la société». Cette rencontre scientifique s'est tenue dans le but de déclencher un débat sur la nécessité de proposer des réformes législatives et institutionnelles, en vue de formuler des recommandations visant à faciliter les mesures et procédures juridiques pour une insertion effective des prisonniers dans la société. Cette manifestation vise avant tout à apporter un éclairage sur la problématique de la réinsertion socioprofessionnelle des prisonniers, qui sont confrontés à une série d'obstacles juridiques relatifs à l'obtention du casier judiciaire et les procédures à suivre, ainsi que les longues périodes à respecter pour obtenir la réhabilitation de plein droit. Elle s'inscrit également dans le cadre du suivi des recommandations du Conseil national des droits de l'homme. Lors de cette rencontre une directrice des ressources humaines d'une grande entreprise marocaine a souligné que «la réhabilitation des ex-détenus est un élément crucial. Leur garantir un travail pourrait changer leur vie. Ces personnes ont besoin de se sentir respectées et ont le droit de vivre pleinement. Nous avons employé une vingtaine d'ex-détenus et nous n'avons eu aucun souci, bien au contraire ces personnes ont fait leur preuve sur tous les plans.» Trois questions à Youssef Madad, secrétaire général de l'association relais société prison «Le casier judiciaire, un obstacle pour l'ex-détenu» Al Bayane : D'après vous quel est le réel problème de l'insertion des ex-détenus ? Youssef Madad : Les longues périodes à respecter pour obtenir la réhabilitation de plein droit ou la réhabilitation judiciaire. Comment peut-on concevoir que l'ex-prisonnier puisse attendre, en tant que citoyen dans la précarité, plusieurs années, avant d'avoir droit à l'accès à l'emploi, car la plupart des employeurs exigent le casier judiciaire comme préalable à l'embauche. Ce document est considéré comme une punition supplémentaire, qui serait plus dure que les peines privatives de liberté. Quelle proposition faites-vous pour dépasser les entraves à l'insertion professionnelle des ex-détenus ? Tout d'abord l'organisation de cette conférence s'inscrit dans cette démarche pour pouvoir dépasser les entraves à l'insertion professionnelle des ex-détenus. Nous avons besoin de la mobilité des partenaires tels que les associations, les centres de formation, les entreprises, l'Etat, et ce pour donner une force à cette initiative. Il est à noter aussi qu'il faudra améliorer les outils de l'insertion des ex-détenus de la façon la plus adéquate possible dans le but de pousser les entreprises à embaucher ces personnes et contribuer à leur réinsertion dans la société. Quel est le rôle de la société civile dans l'amélioration de l'insertion des ex-détenus? La société civile devra assumer son rôle, l'organisation d'une structure d'accueil est primordiale surtout après les 48h de la sortie de la prison. C'est une phase élémentaire et décisive. Il faut insister aussi sur la création des centres de formations et surtout se porter garant contre la privation d'accès au travail des ex-détenus.