Théâtre Ounamir d'Agadir La nouvelle oeuvre dramatique du théâtre Ounamir d'Agadir a drainé, récemment, un public des grands jours, au complexe culturel Jamal Addora. La pièce intitulée «Hadda oua Zermoumiate», que Abdelkader Ababou a écrite et mise en scène, a, une fois n'est pas coutume, saisi de bout en bout cette foule pléthorique. Nombre de thématiques, savamment conçues, ont déferlé tout au long du spectacle. Le raffinement du traitement et de l'interprétation de toutes ces séquences épatantes, a été, encore une fois, au rendez-vous. Toujours fidèle à cette singularité qui fut sienne des décennies durant, en termes d'esthétique, de conceptuel et d'idéel, le cachet théâtral du dramaturge, ne s'est pas, pour autant, trahi à cette notoriété constante. Toutefois, cette linéarité subtile, axée sur la maîtrise du détail et la recherche de l'harmonie, s'est fait ébranler à présent par le jaillissement de deux comédiens d'une maestria époustouflante, en l'occurrence Kenza Lahkim et Aziz Idrissi, deux artistes aux facultés tonitruantes. On appréciera, comme de coutume, la finesse et l'interaction d'une scénographie intégrante, forçant à la fois la séduction sémantique, en signes et couleurs, et l'interprétation provocante. En dépit de la duplicité des thèmes soulevés, avec verve et majesté, on devinera, non sans effort laborieux, le fil conducteur des duels controversés. On fustigera, avec brio et panache, les contradictions criardes d'une société plurielle : la dépravation qui émaillent le vécu, l'imposture délibérée sous la coupole religieuse, l'abus de pouvoir des notabilités éhontées..., face à la volonté farouche de brandir les valeurs humanistes tel que la liberté, le civisme, la justice, la tolérance... Sans jamais tomber dans le directionnel démesuré ni verser dans le médiocre béat, l'amorce de ces sujets complexes et délicats se fait dans un enchainement d'une haute finesse, au sein duquel rien n'est laissé au hasard. C'est ainsi que les parures et les accessoires, d'une part, les mouvements et les répliques, d'autre part, communient ardemment dans une ambiance symbiotique. On relèvera pareillement cette intensité énergétique du corps, cette pugnacité du verbe, cette dextérité cohérente de l'énoncé et cette générosité pimpante des sens, somptueusement mises en valeur par les deux interprètes survoltés. On retiendra, non sans admiration, cette maturité affichée par les deux comédiens qui, à longueur du spectacle, se sont endossés de multiples personnages aussi exigeants qu'éprouvants pour, finalement, s'approprier l'étendard de la sublimité de l'art. Le spectacle « Hadda Oua Zermoumiate viendra alors garnir le répertoire régional et nationale de cette trouvaille de belle facture.