Said Ben Amar, un franco-marocain de 26 ans s'apprête à faire l'aventure de sa vie : la traversée de l'Atlantique pour relier Dakar à Cayenne (Guyane) à l'aviron, à la force des bras, sans escale, sans assistance et en solitaire. Une performance digne du Guinness où ce jeune originaire de Nador tentera de se surpasser pour se prouver son crédo “Quand on veut, on peut”. Le défi est immense, mais Saïd Ben Amar n'a pu résister à l'appel du large qu'il a acquis dès sa tendre enfance sur les plages de Nador. Une soif d'horizon, une envie de découverte, un besoin de se dépasser et un refus de s'installer dans la routine, telles sont les motivations de Said qui a du aussi se surpasser pour préparer son projet. Il a galéré, trois ans durant, pour enfin boucler son budget et aligner son monocoque à côté de 26 skippers de renom qui vont faire le départ dimanche prochain à partir de Dakar. Il s'agit bel et bien d'une course, une course de l'extrême pas comme les autres. Organisée par l'Agence “54ø WEST”, spécialisée dans les événements nautiques majeurs, la course “Bouvet Guyane 2012” est une traversée de l'océan à l'aviron. 4.700 km à travers l'Atlantique pour relier Dakar à Cayenne à la rame, sans accompagnement ni assistance. Durant de longues années, Said, le plus jeune participant de cette course, s'est préparé à l'épreuve durant de longs mois. Déjà un accro des sports nautiques, un pratiquant des arts martiaux, et un bon joueur de football, le jeune grenoblois a travaillé dur ces derniers mois pour être au haut de ses performances : de longs heures d'aviron, des exercices d'endurance, de la musculation et un travail sur le mental. Une coque, deux rames, pas de moteur, pas de voile, la seule énergie à bord durant les 45 jours et 45 nuits que durera cette course, est celle du corps et de l'esprit, explique Said, souriant et loin d'être stressé par le déclenchement du compte à rebours pour cette grande aventure. Sur la petite plage de l'espace “Ngor” à Dakar, Said prépare son monocoque pour le grand jour du départ. Dans cette embarcation de 8 mètres de long et 1,6 mètre de large, il s'agit de gérer judicieusement le tout petit espace disponible. De la nourriture asséchée en sachets, une petite quantité d'eau, de petits objets de stricte nécessité et, pour tout outillage de navigation, un GPS, un téléphone satellitaire et des cartes. Le tout à ranger dans un petit espace à l'arrière du bateau, la partie avant contient une minuscule cabine qui permet juste de s'allonger pour dormir. Durant la longue course aucune assistance n'est disponible. Après le départ, chaque concurrent navigue à sa guise en solitaire. Sur le déroulement de la course, Said explique qu'il sera assisté à partir du QG de la course par une équipe de trois personnes qui vont le guider sur le tracé de l'itinéraire et le cap à prendre. Il s'agit d'une chasse aux courants avec prise en compte de plusieurs paramètres météorologiques. Après localisation de ma position via GPS, l'équipe à terre m'oriente vers les courants à atteindre pour en tirer profit au maximum. Courant ou pas, ramer et toujours ramer pour garder le bon cap et éviter les errements dans la vaste étendue de l'océan, précise-t-il. Concernant les risques en cas de grosses tempêtes, Said explique que le monocoque dispose d'une architecture qui lui permet d'être auto-redressable. En cas de mauvais temps avec les vagues géantes qui inquiètent même les paquebots, il s'agit de verrouiller vite les deux enclos du monocoque. Le bateau peut tanguer et se renverser sous les vagues, l'on peut toujours le redresser avec une manœuvre à partir de l'intérieur de la petite cabine, dit-il, précisant toutefois qu'il faut éviter de prendre de l'eau ce qui rendrait la manœuvre difficile. En cas de gros problèmes comme une coque abimée, le seul recours et de déclencher un SOS signalant la position et attendre qu'un bateau passant à proximité soit dérouté vers le skipper en difficulté. Une attente qui peut durer des jours au milieu de l'océan, précise-t-il. Pour Said, sa participation est motivée en premier lieu par le désir de faire l'exploit de cette traversée de l'océan et réaliser ainsi un rêve qui avait caressé ses rêveries d'enfance et alimenté l'ambition et la fougue de sa jeunesse. “J'ai déjà fait la traversée plusieurs fois dans ma tête, j'ai une bonne endurance et je serai capable de ramer la nuit comme de jour. L'objectif, c'est d'arriver à Cayenne. Le podium serait la cerise sur le gâteau”, dit-il toujours souriant. Ben Amar naviguera sur le bateau baptisé “Le Championnet”, nom de son quartier à Grenoble, et arborant fièrement les couleurs du drapeau national marocain. Said, ingénieur en bâtiment, est aussi un écologiste convaincu qui a créée une association qu'il a baptisée “Dix-Rames”. Une initiative pour soutenir des jeunes dans des projets individuels et sportifs comme le sien et faire la promotion des causes pour la protection de l'environnement. La notoriété de son exploit, il compte l'investir dans son action associative et pour montrer aux jeunes de son âge qu'”il n'ya point de barrière quand on a un rêve”.