L'évaluation de l'inspecteur La prospérité économique d'une nation, son niveau de vie, ses possibilités de croissance et sa sécurité sont en corrélation, dans une très large mesure, avec l'efficacité de son système d'enseignement et la somme d'efforts et d'argent que la nation considérée est prête à lui consacrer. En conséquence, elle cherche d'une façon continue à améliorer l'efficacité opérationnelle de ses services éducatifs et de son rendement en menant régulièrement des évaluations internes et externes et des audits. Or, ces missions sont du ressort, par compétence, du corps de l'inspection pédagogique. Car ce dernier constitue un dispositif de veille et de pilotage du système éducatif. Il est considéré aussi comme l'un des principaux leviers pour accroître la capacité à satisfaire aux besoins et aux attentes formulés par la nation. Certes, notre système éducatif a fait l'objet des réformes et des changements importants, lesquels ont essayé d'insuffler de nouvelles visions et orientations au métier de l'inspection pédagogique et à son organisation. Néanmoins, les missions de ce corps ainsi que leur exercice n'ont pas connu de changements notoires en mesure d'accompagner les réformes du système en cours et les dispositions organisationnelles y afférents engagées. Dès la rentrée scolaire 2013/2014 des changements concernant la structure hiérarchique du corps inspectorat auront lieu. Pour que ces procédures correctives basculent vers une amélioration significative, tous les acteurs et partenaires du système éducatif sont invités à se défaire des habitudes et anciennes méthodes de travail. Je rappelle à mes collègues que dans les sciences de l'éducations et de la formation l'évaluations n'est une fin en soi. Donc, ses outils ne sont ni sacrés ni des lignes rouges à ne pas dépasser. Mais, ces formulations manifestes traduisent en quelque sorte une position de bifurcation à gérer calmement. Le ministère de l'Education nationale est donc sollicité pour dévoiler d'une façon claire, précise et sans interlocuteurs - qui détiennent l'information pour leurs propres fins - la nouvelle configuration de la structure organisationnelle du corps inspectorat : -Sous quelle autorité hiérarchique, les inspecteurs seront placés? -Quelles seraient les missions des inspecteurs ? Et les champs de leurs interventions ? -Quels types de relations auront avec l'inspection générale? -S'agira-t-il de relations fonctionnelles ou/et intellectuelles ? -Quel serait alors, le degré de dépendance des inspecteurs avec les responsables provinciaux et régionaux du M.E.N ? Par conséquent, qui évaluera le travail des inspecteurs et sous quels critères sera-t-il évalué ? Il paraît que la réponse à la question de l'évaluation du travail des inspecteurs, est une déduction immédiate de la structure qui sera adoptée par le ministère de l'éducation nationale. Néanmoins, pour situer le processus d'évaluation selon une vision fonctionnelle, je présenterai deux exemples de processus d'évaluation des inspecteurs dans deux différents systèmes en vigueur dont l'expérience de leurs pays dans ce domaine est considérable, avec une hypothèse qu'aucun pays ne détient à lui seul les meilleures organisations. Pour le premier exemple, il s'agit du système éducatif français. Les inspecteurs de l'éducation nationale française font l'objet d'une évaluation interne conduite par le recteur ou le supérieur hiérarchique direct. Elle donne lieu à un entretien. Sa périodicité et ses modalités sont fixées par arrêté du ministre chargé de l'Education nationale. Elle porte sur leurs activités, leurs compétences et la réalisation des objectifs qui leur ont été fixés par une lettre de mission pluriannuelle établie par le recteur ou le supérieur hiérarchique direct. Elle tient compte du rapport établi par l'inspection générale de l'éducation nationale sur leur valeur professionnelle. Cette évaluation fait l'objet d'une communication écrite aux intéressés et elle est prise en compte dans la procédure d'avancement de grade. Les inspecteurs de l'éducation nationale ne sont pas soumis à notation. Quant au second exemple, il se rapporte au système éducatif allemand. Dans ce système, on constate qu'il y a deux types d'évaluations. Dans l'Etat fédéral de Saxe, après chaque inspection d'école, des questionnaires sont diffusés auprès des élèves, des enseignants et des parents pour recueillir leur feed-back. C'est une évaluation externe. Dans l'Etat fédéral de Hesse, l'évaluation interne est assurée par la «Hessian School Inspectorate» lors de ses réunions internes. Elle se base sur le vécu des inspecteurs mais aussi sur les appréciations de groupes de travail qui réfléchissent à l'amélioration des méthodes d'inspection. Durant leurs deux premières années d'exercice, les inspecteurs effectuent leurs missions en binômes. Pour mémoire, aux Pays-bas, en 2007, l'inspection a reçu l'accréditation ISO 17020, qui s'est basée sur un audit d'une équipe indépendante d'experts. Dans les différents processus d'évaluation des inspecteurs pédagogiques, on trouve des invariants même si on est devant des structures organisationnelles différentes. Ces invariants sont : 1. Les inspecteurs pédagogiques font l'objet d'une évaluation. 2. Cette évaluation est régulière; 3. Elle est menée entre autres par l'école, les élèves et les parents d'élèves; 4. Elle est basée sur la mesure de la performance et du rendement de l'évalué; 5. Elle tient compte du plan d'action annuel de l'inspecteur; 6. Elle résulte d'une étude de dossiers focalisée sur la façon d'exercer la missions d'inspection et d'audit pédagogiques; 7. Elle contribue à la reconnaissance professionnelle de l'inspecteur. En effet, les résultats de l'évaluation sont pris en compte dans la gestion de la carrière professionnelle de l'inspecteur pédagogique, dans sa motivation matérielle et sa promotion à des postes de coordination et de gestion. 8. Elle peut donner lieu à des formations continues. Inspecteur Pédagogique Principal du Second Cycle des Mathématiques AREF Grand CASA DESA en Ingénierie de l'Education et Techniques de la Formation