Les conséquences de la crise économique en Espagne se mesurent en nombre de chômeurs, de baisse de commerce et de diminution des recettes de l'Etat sous forme d'impôts. Les implications de ces trois indicateurs s'expliquent par l'effondrement du tissu industriel et la disparition de près de 180.000 entreprises entre décembre 2008 et octobre 2011, un chiffre qui se traduit par la destruction de millions de postes d'emploi, l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs et la dissolution pure et simple de milliers d'entreprises. Selon une étude de recherche élaborée par l'école Espagnole des affaires ESADE, à laquelle a eu accès Albayane, les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ont été fortement touchées par la crise économique alors que les grandes résistent tant bien que mal pour éviter à tout prix de recourir à la formule la plus douloureuse qui consiste à présenter le bilan. La diminution d'activité affecte aussi bien les petites que les grandes entreprises, observe l'étude. Aucun secteur n'est non plus épargné. En chiffres absolus, lit-on dans le dernier numéro de la revue Rapport Economique de l'ESADE, le nombre d'entreprises qui ont fait banqueroute est égal à la différence entre le chiffre d'entreprises cotisant à la Sécurité Sociale depuis le début de la crise en 2008 (exercice qui avait enregistré une sensible diminution du Produit Intérieur Brut par rapport à 2007) jusqu'à octobre dernier. Le solde net s'élève à 177.336. En détail, les entreprises qui comptent plus de 500 travailleurs sont celles qui font preuve de plus de robustesse et paraissent le mieux préparées pour résister à la crise, note d'autre part le Directoire des Entreprises (DIRCE), une source de référence en la matière. A ce titre, la réalité est dure à supporter par les petits entrepreneurs puisque le nombre des unités de production de trois à cinq employés a régressé de 13,7%. Les entreprises comptant entre six et neuf travailleurs ont diminué de 17,8%, celles qui ont entre 10 et 25 travailleurs ont chuté de 21,3%, celles qui comptent entre 26 et 49 ont diminué de 23,5%. Les entreprises qui emploient entre 50 et 249 travailleurs se sont vu leur nombre baisser de 14,9%. En face, le nombre des grandes unités industrielles de plus de 5.000 travailleurs a progressé en passant de 99 en 2007 à 107 en 2011. L'hécatombe du secteur industriel a un coupable bien marqué, c'est le bâtiment qui résiste à se relever de la chute entamée en 2007. Les statistiques l'attestent puisque le chiffre d'entreprises de construction a été ramené de 246.271 en 2006 à 152.562 en 2010, soit une réduction de 36,8%. C'est un secteur qui employait le plus de mains d'œuvre immigrées, particulièrement marocains. C'est aussi l'activité qui exigeait moins de qualification professionnelle. Le secteur industriel n'a pas été épargné dans la mesure où le total de ses entreprises est passé de 145.564 à 122.984 durant la même période, soit une diminution de 15%. Paradoxalement, le secteur tertiaire, intimement lié aux deux précédentes, a enregistré une baisse de 3,6% en nombre qui est passé de 1.005.678 à 956.267entreprises. L'effondrement du bâtiment a eu pour corollaire une chute de 23,7% de la construction d'édifices et de 20,8% pour les activités liées aux constructions spécialisées. Le ministère du Travail et de la Sécurité Sociale signale que la crise s'est traduite par une chute globale de 10,5 % du nombre d'entreprises entre 2006 et 2010. S'agissant de la répartition géographique, toutes les communautés autonomes ont eu leur petit lot d'entreprises défuntes. Toutefois, deux communautés concentrant une forte main d'œuvre marocaine, sont les plus touchées pour leur grande dépendance du secteur du bâtiment et l'agriculture. Il s'agit de la Communauté valencienne et de Murcie, comme le démontrent les données statistiques de la Sécurité Sociale. Elles abritent respectivement 20.281 et 29.163 travailleurs marocains affiliés à cette caisse de prévoyance sociale au 31 décembre 2011. Tous les indices indiquent malheureusement que l'entreprise espagnole tardera à se ressaisir et reprendre sa vitesse de croisière à court terme. Les mesures d'ordre financier adoptées par le nouveau gouvernement ont en outre pour finalité de restructurer le marché financier et relancer l'emploi. Faute d'une entreprise forte et rentable, il serait difficile sinon impossible de ramener le déficit public selon les paramètres exigés par l'Union Européenne.