Une production au-dessus de la moyenne La bonne pluviométrie et la clémence du ciel ont incontestablement sauvé la campagne agricole 2012/2013. Les prévisions officielles placent le niveau du rendement céréalier à près de 97 millions de quintaux contre pas plus de 80 millions de quintaux une année plus tôt, selon les estimations des professionnels. On aurait pu atteindre une production record si l'utilisation des engrais et semences certifiées avait été généralisée. Sur les cinq millions de quintaux réservés à la céréaliculture, seulement 20% sont bien travaillés. On ne le dira jamais assez, la politique céréalière reste encore le parent pauvre de la politique agricole nationale. Fort heureusement qu'il a bien plu cette saison et on boucle la campagne avec une production assez bonne. La récolte céréalière et légumineuse à bel et bien commencé depuis pratiquement la dernière semaine du mois d'avril dernier. Ce sont surtout les terrains dits accidentés, c'est-à-dire non accessibles à la mécanisation qui ont démarré la moisson les premiers. Cela continu un peu partout, et plus de 90% des parcelles sont récoltées à la moissonneuse batteuses à un prix jugé raisonnable, soit 250 dirhams par hectare ou 2 dirhams/hectare pour le bottelage (botte de paille). D'aucuns s'accordent à préciser qu'il est aujourd'hui difficile d'atteindre le taux de rendement prévu par le ministère de l'Agriculture (97 millions de quintaux). C'est un peu précoce souligne Abbas Tanji, chercheur agronome. D'abord, dit-il, ces prévisions ont été arrêtées à la fin du mois de mars et début avril et présentées au Salon de l'agriculture. Ensuite, il est difficile, précise-t-il, de réaliser un tel score si on sait à l'avance que plus de 50% des terres céréaliers ne sont pas fertilisées avec les engrais. La bonne pluviométrie ne suffit certes pas, on aurait pu avoir une récolte record si on arrive à encourager l'utilisation des semences certifiées et engrais, comme l'attestent les opérateurs. Valeur aujourd'hui, à peine un million d'hectares sur les cinq millions d'hectares arables sont correctement bien travaillés et mieux traités contre les mauvaises herbes et autres maladies. Pis encore, seuls 1,2 million de semences certifiées ont été vendues cette année par le département de tutelle. Réellement, la vente des semences devrait s'établir à plus de 10 millions pour garantir une bonne utilisation des engrais et partant une très bonne récolte. Aussi, faut-il le rappeler, le prix de référence du blé n'est pas encore annoncé. Les pronostics prévoient le maintien du même niveau de prix que l'année dernière, à savoir 290 dirhams le quintal. Un niveau jugé faible et ne garantissant aucune marge bénéficiaire pour le céréaliculteur (le coût de production a connu des hausses assez importantes). Certes, la situation est largement satisfaisante mais on reste encore loin des aspirations des professionnels. Le Maroc dit-on peut bien réussir son autosuffisance en matière de céréale si les mesures d'accompagnement suivent. Il s'agit bien de donner la priorité à cette filière qui malheureusement n'a pas connu le coup d'accélérateur nécessaire malgré le Plan Maroc Vert. L'intérêt pour cette filière est de plus en plus impératif si l'on sait à l'avance que les exportations agricoles (légumineuses, plantes sucrières et oléagineuses) ne couvrent que le 1/3 des importations. Ce n'est pas tout. Le pays importe chaque année près de 50 millions de quintaux. Un coût qui grève sérieusement le budget de l'Etat déjà malmené par le coût de la compensation et des effets de la crise mondiale.