Le démarrage de la campagne agricole dépend étroitement de l'arrivée de pluies significatives, indique Abbés Tanji, chercheur et consultant agronome, surtout que 87% des terres agricoles sont des terres pluviales. Et de souligner que malgré les efforts déployés par l'Etat pour la promotion des cultures céréalières, cela demeure insuffisant. Et pour cause, le prix de la production ne cesse d'augmenter, souligne-t-il. Al-Bayane : Le ministère de l'agriculture et de la pêche maritime a dévoilé lundi les mesures pour assurer un bon déroulement de la campagne agricole, pensez-vous que cela est suffisant ? Abbés Tanji : Au-delà des mesures prises par le ministère, l'important dans tout cela, ce sont les précipitations pluviométriques que tout le monde attend. Soulignons que 87% des terres agricoles sont des terres pluviales. En fait, le démarrage de la campagne dépend étroitement des précipitations. A titre d'exemple, toutes les superficies des céréales sont des terres non irriguées. Le mois d'octobre sera juste une période de préparation du sol. Et les mesures prises par le ministère ? Ils ont pour objectif d'inciter les agriculteurs à utiliser des semences certifiées. Le ministère, à travers la société nationale de commercialisation de semences (SONACOS), va mettre sur le marché plus d'un million de quintaux et demi de différentes semences des céréales avec des prix subventionnés et de très bonne qualité. Selon vous, quels sont les véritables problèmes que rencontrent les agriculteurs ? Ils sont d'abord d'ordre naturel. Par rapport à l'année précédente, notamment en septembre et octobre. Cette année il fait très chaud. Les agriculteurs sont donc restés les bras croisés. Ils ne peuvent rien faire jusqu'à l'arrivée des « pluies significatives » pour parler effectivement d'un démarrage de la campagne agricole. Aussi, il faut souligner que le cheptel constitue actuellement un fardeau pour les éleveurs. Certainement, s'il y aurait des précipitations suffisantes, cela va soulager leur budget et les rendre moins dépendants des produits alimentaires pour bétail. L'année dernière, on a fait une récolte assez bonne et pourtant on a continué à importer, pourquoi ? La saison précédente on a réalisé 75 millions de quintaux, soit 16 quintaux par hectare concernant la moyenne nationale, ce qui n'est nullement rentable. Et malgré les efforts de l'Etat, on va continuer à importer les céréales. Chaque marocain consomme annuellement deux quintaux. Soulignons aussi, que le prix de la production ne cesse d'augmenter : engrais, gasoil, main-d'œuvre… et ce malgré les subventions. A titre indicatif, le coût des dépenses d'un hectare destiné à l'agriculture de céréales varie entre 4000 et 5000 DH. Et si on multiplie le prix de vente par 16 quintaux, le bénéfice engendré sera minime. Et cela ne permet pas à l'agriculteur de mener une vie décente. Je pense que l'Etat doit réviser la filière des céréales pour qu'elle soit rentable. En fait, cette dernière constitue la colonne vertébrale de l'agriculture nationale. Il faut donc décupler les efforts pour diminuer les coûts et réaliser par conséquent une bonne optimisation de la récolte. Le ministre de l'agriculture a mis l'accent sur le renforcement de l'encadrement des agriculteurs, à votre avis, est- ce qu'il existe une stratégie destinée à ce domaine ? Certes, il ne faut par nier les efforts déployés par le ministère. Toutefois, il faut œuvrer à redynamiser les Centres de travaux (CT) et les Centres de développement agricole (CDA), fermés presque il ya une dizaine d'années vu la carence des cadres et des formateurs. Ces derniers doivent jouer leur rôle en matière de formation des agriculteurs. Pour ce faire, il faut procéder au recrutement des cadres et techniciens pour parer à cette défaillance.