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Une première au Maroc
Le festival international de la fauconnerie à El Jadida
Publié dans Albayane le 08 - 04 - 2013

Le festival international de la fauconnerie à El Jadida
Encore une innovation en matière des festivités culturelles. Après les festivals, très réussis d'ailleurs, de Jawhara et de Malhouniate, la province d'El Jadida, en la personne de Mourad Jamî, a mis les premiers jalons pour honorer la fauconnerie, un patrimoine séculaire singulier, en organisant son 1er festival international dans son fief à Zouyate Lekouassem du 19 au 21 avril. Une date coïncidant avec la célébration du deuxième anniversaire de la fauconnerie sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO regroupant le Maroc, Qatar, la Syrie, l'Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, la France, le Belgique, l'Espagne, la république tchèque, la Mongolie et la Corée.
En effet, le gouverneur de la province, comprenant l'importance capitale de la préservation de ce patrimoine universel pour le développement humain de la zone rurale concernée et pour la promotion touristique de la Région, est passé de l'idée à l'acte en s'impliquant fortement pour la réussite de cette manifestation exceptionnelle qui harmonise l'histoire, le patrimoine, la culture et les traditions.
S'il est une tradition aussi vieille que l'humanité, c'est bien la fauconnerie, ou la chasse au vol. Et pratiquement les seuls Marocains à être autorisés, aujourd'hui, à l'exercer dans le Royaume sont les membres des tribus Kouassems, dans la région des Doukkala. Une tradition autrefois prestigieuse dans le pays, aujourd'hui en voie de perdition. Et un patrimoine en danger.
Le faucon, un oiseau mythique
Depuis la plus haute antiquité, le faucon, plus que tout autre animal, a fasciné l'homme. En Egypte ancienne, il est l'incarnation du dieu Horus, l'ancêtre de tous les pharaons. En Inde, dans la religion brahmanique, le dieu Indra prend souvent la forme d'un faucon qui apporte aux hommes la nourriture goûtée des dieux. Dans la littérature scandinave et germanique, le faucon est l'oiseau préféré des héros. Il est l'insigne militaire d'Attila, le roi des Huns qui envahit la Gaule et l'empire d'Orient. Dans l'Iliade d'Homère, la déesse Athéna descend du ciel sous l'aspect d'un faucon lançant un cri perçant afin d'exciter Achille au combat. D'autres cultures antiques ont aussi rendu hommage au faucon : Chez les Perses, il était un animal protecteur ; on en trouve, au Pérou, dessinés sur des pièces céramiques incas. De tous temps, et sous toutes les latitudes, cette tradition a été mise en valeur par des œuvres artistiques d'une exceptionnelle beauté : tapisseries, peintures, sculptures, objets d'art liés à la fauconnerie comme les chaperons...
La fauconnerie, un art aristocrate
Quant à la fauconnerie elle-même, c'est-à-dire la chasse au faucon, elle date de plus de plus de 3500 ans. Elle doit son origine aux populations khirghizes qui vivaient de la chasse dans les steppes de l'Asie. Des représentations, puis plus tard des dessins, témoignent de la prospérité de cette chasse en Turquie, en Chine et en Tartarie. A la fin du XIIIe siècle, le célèbre explorateur Marco Polo racontait que le grand empereur mongol Kubilai Khan avait pour habitude de revenir de Pékin accompagné de 10.000 fauconniers pour chasser le gibier.
La chasse au vol fait son apparition en Europe à la fin du IVe siècle au cours des invasions germaniques. Mais c'est par le canal de l'Espagne que la fauconnerie y est introduite comme un art raffiné, cette Espagne où sont installés au VIIIe siècle les Maures qui apportent avec eux les connaissances persanes et arabes en matière de fauconnerie. Ces connaissances seront amplifiées par les croisades durant lesquelles les croisés chrétiens découvrent d'autres passionnés de fauconnerie que sont les musulmans de la région. D'ailleurs, les premiers traités de chasse au faucon ont été rédigés en Orient, au VIIIe siècle à Damas et au IXe siècle à Bagdad.
Le faucon joue un rôle primordial dans la vie aristocratique, occidentale et orientale. Le faucon au poing devient un symbole de pouvoir ; mais il sert aussi souvent d'ambassadeur, chargé de communiquer des intentions bienveillantes. L'oiseau de vol et la fauconnerie sont ainsi associés aux relations pacifiques et à la concorde.
Dans le monde arabe, la fauconnerie existait bien avant l'islam. Les bédouins employaient couramment cette technique de chasse pour s'assurer une subsistance par ailleurs rare et difficile à trouver. Plus tard, surtout au contact des peuples de Mésopotamie, de Syrie, de Turquie et d'Egypte, la chasse au vol est devenue un sport princier... A l'heure actuelle cette pratique connaît un renouveau exceptionnel dans tout le golfe arabo-persique. Les randonnées de chasse des rois, des princes et des émirs de la région sont impressionnantes. Elles impliquent le déplacement, dans des zones désertiques, de plusieurs centaines de personnes munies de tout un équipement moderne : véhicules et caravanes climatisées. Mais la technique de chasse est toujours la même depuis 3000 ans. Beaucoup d'entre eux viennent au Maroc chasser l'outarde houbara, en toute discrétion, mais avec tout autant de faste.
La fauconnerie au Maroc
La fauconnerie a été florissante pendant plusieurs siècles dans tout le Maghreb : A preuve, les tableaux de peinture d'Eugène Fromentin, de Georges Scott, Edouard Doigneau et autres orientalistes du XIXe siècle et du début du XXe, montrant avec quel faste on chassait au vol tant en Algérie qu'au Maroc. Mais la fauconnerie a déjà disparu en Algérie, elle peine à résister en Tunisie, face à la chasse au fusil. Au Maroc, la chasse, écrivait déjà l'éminent Professeur Edmond Doutté, était «un sport en honneur chez les Doukkala, qui avaient poussé assez loin l'art de dresser les oiseaux». Certains Marocains avaient même dressé des aigles à la chasse à la gazelle. Quelques grands seigneurs, comme par exemple le célèbre caïd des Abda, Si Omar Ben Aïssa, étaient de grands amateurs de faucons et ne reculaient devant aucun frais pour se procurer ces rapaces. Aujourd'hui, la fauconnerie survit, grâce surtout au dévouement des fauconniers kwassems qui vivent maigrement dans leurs terres doukkalies.
La tribu des kwassems tire son origine du nom d'une personnalité, Sidi Ali Ben Belkâssem. Ce saint vivait à Marrakech où il mourut en l'an 946 de l'Hégire selon certaines informations, en 951 Hégire selon d'autres. Son sanctuaire se trouve actuellement derrière la Koutoubia. Il serait un chérif descendant d'Idriss et il eut deux fils, Sidi Othmane et Sidi bou Smaîl. Les fauconniers, descendant de ce saint, étaient répartis, vers 1905, en quatre principaux centres, quatre zaouias : les Kouassems des Oulad Frej, la Zaouia de Ouahla, celle de Ouarar et celle de Sidi Allal. Dans les temps anciens, cette tradition s'est maintenue ou développée au Maroc grâce surtout à l'intérêt particulier que lui ont porté les souverains du Royaume. Ibn Khaldoum en rapporte l'usage chez les califes abbassides (au VIIIe siècle). Les travaux du Dr Tazi ont mis aussi en évidence le rôle non négligeable du faucon dans la diplomatie marocaine. «Le faucon représentait le cadeau le plus précieux et était destiné à créer un climat de détente ou servait à renforcer les liens diplomatiques entre les pays», écrit-il. Un budget considérable était consacré par les Emirs et les Vizirs à la pratique de la fauconnerie. Abou El Hassan El Marini en a offert 34 au Roi d'Egypte. Le grand sultan mérénide, Abou Inane (1351-1358) en possédait des dizaines. Les Wattassides (1472 - 1554) en offrirent à la Hollande et à l'Angleterre. Pendant l'occupation portugaise, le roi du Portugal faisait prélever des impôts dans la région de Safi (Abda, Gharbiya, Oulad Amrane) sous forme de chameaux, de chevaux et de faucons. Ce système d'impôts cessa de fonctionner en 1541, lors de la prise du territoire par les Saadiens. Mais c'est surtout la dynastie alaouite qui accorda à la fauconnerie le plus grand intérêt. Le règne de Moulay Ismail (1672-1727) a vu la création de la fonction de fauconnier qui percevait un salaire. L'un de ses successeurs, Sidi Mohamed ben Abdallah (1757-1790), ordonna la construction à Fès d'un hôpital particulier pour les soins accordés aux faucons. Les rois Moulay-el-Hassan, Moulay Abdelaziz, Moulay Abdelhafid et, particulièrement, feu S.M le Roi Mohammed V ont toujours manifesté le plus grand intérêt pour la fauconnerie et l'art de la chasse au vol. En témoignent, les lettres adressées par Mohammed V au Caid Si Boubker ben Mustapha El Kasmi, et pieusement conservées par son fils, Si Ali El Kasmi, Président de la Commune des Kouassems. Feu Sa Majesté Hassan II donna ses Instructions auprès du ministère de l'Agriculture pour la constitution de l'Association des fauconniers du Royaume du Maroc (aujourd'hui AMFN). Et le souverain Mohamed VI, lorsqu'il était prince héritier, avait tenu à recevoir les fauconniers lors d'une visite qu'il avait effectuée à la Kasbah de Boulaouane. Reste aujourd'hui aux fauconniers l'orgueil de présenter leurs si chers faucons lors du célèbre moussem de Moulay Abdallah et de figurer dans quelques manifestations officielles ou privées.
La capture et le dressage des faucons
Les Doukkalis distinguent deux espèces de faucons : «le bahri» et le «nebli». Quand ils sont jeunes, ils se ressemblent tous les deux. Mais le «nebli» devient plus grand et plus beau ; ses yeux sont grands et noirs et sa poitrine devient tigrée avec l'âge. On trouve quelques faucons sauvages dans les Doukkala, mais c'est surtout en allant vers Safi qu'on en trouve, encore aujourd'hui, en moins grand nombre qu'il y a un siècle. On les trouve surtout entre Safi et Essaouira. Le faucon est capturé au filet. Ce filet est tendu autour de trois piquets disposés en triangle. On place à l'intérieur du filet, un pigeon comme appât, si possible jeune et sauvage, attaché à un fil. En se débattant, le pigeon attire le faucon qui, après avoir plané au dessus de lui et rasé le sol, entre dans le filet pour n'en sortir que dans la besace du chasseur. Même dans ces conditions, le faucon témoigne de sa noblesse puisqu'il dédaigne de se débattre. Au début de sa captivité, le faucon refuse toute nourriture... Après une période, qui dure trois à huit jours, il consent à manger de la viande... mais jamais de viande salée. Il pourrait en mourir ! On commence, ensuite, à l'apprivoiser à la lumière d'une bougie ou dans la pénombre. On le déchaperonne et on le caresse doucement. Il l'habitue ainsi à son nouveau maître. Puis on lui apprend à revenir sur le poing ganté du fauconnier lorsque celui-ci l'appelle. Une fois lâché dans les airs, c'est ce cri-là auquel on l'aura habitué qui le fera revenir vers son maître.
Le faucon peut vivre, en général, une dizaine d'années. Il est de coutume qu'après la période de chasse, les faucons soient remis en liberté et quand la saison revient, on en cherche d'autres. Mais souvent aussi, lorsque l'oiseau est de qualité exceptionnelle, le fauconnier le garde avec lui. Lorsqu'il fonce sur sa proie, le faucon peut atteindre des vitesses dépassant les 200 km à l'heure. Lorsque le faucon est blessé dans son orgueil, il peut se suicider en se laissant tomber en piqué du haut du ciel.
La fauconnerie et les faucons : un patrimoine en danger !
Ne peut chasser au faucon qui veut. C'est un privilège qui n'est en principe accordé qu'aux seuls Kouassems. L'autorisation, accordée à un fauconnier de détenir un faucon (et un seul), est délivrée, expressément, par le Haut commissaire aux eaux et forêts avec des recommandations très fermes. Le faucon est une propriété personnelle. Il ne peut être ni prêté ni vendu et son décès, durant sa captivité, doit faire l'objet d'un procès verbal. Et si d'aventure, un fauconnier se laissait aller, par cupidité ou indélicatesse, à vendre ou à céder son oiseau, les membres de l'association, dont il fait partie l'écarteraient vite car il aurait rabaissé l'art de la fauconnerie au rang d'un vil négoce clandestin et le faucon à celui d'une vulgaire marchandise. Quant aux braconniers, les lois sont faites pour les pourchasser. Faisant partie des espèces protégées, le faucon ne peut être en effet capturé sans autorisation spéciale et selon une technique particulière. Le Maroc a adopté, d'ailleurs depuis 1923, toute une panoplie de textes législatifs pour protéger ces oiseaux. Notamment la Convention internationale pour la protection des espèces sauvages (CITES) ratifiée par le Maroc le 16 octobre 1975 et en vigueur depuis le 14 avril 1976. Cela n'empêche que sa population diminue d'année en année. Il y avait en 1980 plus d'un millier de couples de faucons. Aujourd'hui, il n'y en aurait pas plus de 300... Le braconnage et le trafic de rapaces, sans doute, mais aussi les nouveaux modes d'agriculture avec l'usage de pesticides et une chasse au fusil qui décime les proies potentielles des faucons, en sont certainement les causes. Il y a donc lieu de mettre en place des règles très strictes qui permettent la conservation de ce patrimoine cynégétique. Quant aux authentiques fauconniers Doukkalis, il faudrait qu'ils aient les moyens d'élever leurs rapaces... et d'assurer la relève, comme le souhaiterait l'AMFN qui initie d'ores et déjà de jeunes gens à l'art de la fauconnerie. Mais rien n'est moins sûr sans soutien extérieur.
Dans une interview accordée, il y a des années au quotidien Middle East Online, Abdelhak Chaouni tire la sonnette d'alarme. La fauconnerie à cheval, par exemple, qui est un ancien style, tend à disparaître, aujourd'hui dans le désert, puisqu'on utilise, de plus en plus, de véhicules motorisés. «A moins que les pays nord-africains ne prennent des mesures sérieuses pour la préserver, la fauconnerie n'existera plus». L'exode rural vers les villes ainsi que l'absence d'une solide réglementation sur la chasse des proies a rendu difficile, selon Chaouni, l'exercice de la fauconnerie, qui pourtant existe depuis plus de 12 siècles au Maroc. Seulement 40 à 50 fauconniers au Maroc sont affiliés aux deux seules organisations existantes dont l'une qu'il dirige. L'homme déplore profondément le manque de soutien du gouvernement marocain à promouvoir et à préserver ce patrimoine ancien. Que cette première édition de ce festival, unique en son genre, soit l'amorce d'un intérêt exceptionnel des autorités compétentes.
Dans un séminaire tenu à El Jadida
La CIMR s'explique sur le devenir des caisses de retraite
Dans un contexte où l'urgence de la réforme du secteur de la retraite en a fait un chantier prioritaire dans la politique du gouvernement, ce séminaire intervient pour présenter à ses participants le paysage de la retraite au Royaume, répondre aux nombreux questionnements sur le devenir des caisses de retraite, et passer en revue l'état de la couverture en matière de retraite au Maroc.
Par ailleurs, à l'occasion de l'ouverture récente d'une nouvelle agence de la CIMR dans la ville d'El Jadida, une autre partie de cette rencontre sera consacrée à la présentation du régime de retraite complémentaire CIMR, ses produits et ses services ainsi qu'à la sensibilisation des chefs d'entreprises de la région sur l'importance et les avantages de la retraite complémentaire comme étant un outil de management, un investissement pour leur avenir et celui de leurs salariés et un moyen d'attirer et de fidéliser les compétences. Des stands d'exposition seront également mis à la disposition des participants pour présenter les différents produits et services de la caisse et répondre à toutes les questions. Créée en 1949, la CIMR est une association à but non lucratif qui a pour mission de promouvoir un régime de retraite pérenne, équilibré et solidaire, garantissant aux bénéficiaires une pension équitable dans le cadre d'une gestion efficace et de qualité.
La CIMR est gérée par un conseil d'administration élu par l'Assemblée générale des adhérents.
En 2011, la CIMR comptait 5136 entreprises adhérentes, 530.958 affiliés actifs et ayants droit et 136.202 retraités. Le montant total des produits techniques de la CIMR s'élevait à 5451 millions de DH et le total des pensions servies était de 2951 millions de dirhams.
Azzedine Hnyen
Dans un contexte où l'urgence de la réforme du secteur de la retraite en a fait un chantier prioritaire dans la politique du gouvernement, ce séminaire intervient pour présenter à ses participants le paysage de la retraite au Royaume, répondre aux nombreux questionnements sur le devenir des caisses de retraite, et passer en revue l'état de la couverture en matière de retraite au Maroc.
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