Quel avenir pour la gauche marocaine ? Le mouvement Clarté, Ambition et Courage, section d'Agadir a eu le mérite de rassembler, récemment à la salle du Centre culturel Mohamed Khair-Eddine, un parterre d'intellectuels pour débattre d'une thématique d'actualité. Celle de la situation actuelle de la gauche marocaine et des courants progressistes, en général. Pour ce faire, les jeunes initiateurs de ce débat ont fait appel à Ahmed Assid, activiste amazigh et Omar Balafrej, militant de gauche, afin de se prononcer et de susciter un échange autour de ce thème attractif, en corrélation avec l'unicité de la gauche. C'est une bonne chose, d'autant que cette structure de la société civile a convié toutes les franges politiques de la gauche pour en faire partie. Tout en respectant les points de vue exprimés, il y a lieu de relever le constat qui, a priori, interpelle tout un chacun. Presque la totalité des interventions réitèrent la profonde volonté d'unifier cette gauche disparate, mais qui continue toujours à «rabâcher» les vieux clichés, à «momifier» les anciens leaders et à «dormir» sur les lauriers. C'est devenu une véritable manie stéréotypée, outre les entrains de nihilisme et de misérabilisme d'une phobie languissante. Feu Mahmoud Darouich avait lancé au peuple palestinien cette fameuse rhétorique : «Préservez-nous de cet atroce amour!», faisant allusion à ce déferlement de jérémiades envers cette entité opprimée, à travers l'Histoire. Le cas paraitrait, en fait, similaire à la situation de notre mièvre gauche. La société marocaine dont les jeunes occupent une place vitale n'a que faire des slogans passéistes du grand soir utopique et des vocables figés des discours creux. Alors que l'évidence est bien là, sordide et désolante. La majeure partie de la gauche a bien vidé les lieux de contacts les plus étroits et intimes avec les populations dans les universités, les coins de la rue, les mosquées, les souks... Elle s'est ainsi effilochée dans des scissions déchirantes, et s'est amenuisée au fil des années pour avoir boudé, pour une bonne partie, les institutions et les centres de décision. Une certaine gauche s'obstine à avoir une dent contre la monarchie et ses attributions. Une autre gauche s'acharne enfin à se donner la mort, à petit feu... L'unité de la gauche, on veut bien. Mais comment ? Surtout pas avec les vieilles jacasseries. La gauche, c'est avant tout le réalisme et l'imagination. Commencer par descendre de la tour chimérique en est la première démarche à faire. L'intérêt suprême de la nation et du peuple auquel on a tendance à tourner le dos pour des calculs autocratiques devrait, en fait, servir de boussole de l'ensemble de la famille de la gauche, loin de toute surenchère. Sinon, tout appel à l'unicité n'est, en fin de compte, que coup d'épée dans l'eau.