Des relations constantes, car stratégiques et historiques En mai 1996, feu le Roi Hassan II était en visite en France. Son aura était telle que sa visite ne pouvait que comporter cette faveur réservée aux seuls hôtes de marque de la république française, à savoir un discours à l'Assemblée nationale. Sauf que l'ex-Madame François Hollande - Ségolène Royal de par son état civil - fut l'une des rares députés socialistes à s'opposer à cette visite, sous prétexte que le Maroc de l'époque était un «Etat de demi-droit». Le débat sur la participation ou non du groupe socialiste au discours royal fut rapidement clos. Le député Laurent Fabius (actuellement ministre des Affaires étrangères), déclara qu'il serait totalement «discourtois», voire une «une faute» grave de ne pas accueillir le roi du Maroc. François Hollande, porte-parole du parti socialiste à l'époque et époux de Ségolène Royal, remit les pendules à l'heure, en affirmant qu'il a été décidé que «l'essentiel du groupe socialiste sera présent» lors du discours royal au Palais-Bourbon. Le rappel de cette anecdote, qui n'est pas sans rappeler celle de François Mitterand à l'égard de son épouse morganatique, illustre, si besoin est, que les relations maroco-françaises ont une portée stratégique, historique, voire même exemplaire, telle qu'aucune contingence politique ne peut en dénaturer la constance. C'est ce qui a récemment fait dire à Charles Fries, ambassadeur de France à Rabat, que «le Maroc est le meilleur ami de la France hors d'Europe, un pays avec lequel nous avons une relation sans équivalent dans la région et qui constitue pour nous un allié stratégique incontournable». Selon lui, ces relations demeureront intactes, «au-delà des alternances politiques» ici ou là bas. Cette constance est aujourd'hui d'autant plus raffermie, que le Maroc a tôt fait de réaliser son «printemps» en soldant définitivement son passif humanitaire et en initiant des réformes politiques courageuses et durables. Pour en revenir à la visite de François Hollande elle-même, celle-ci sera entamée mercredi par la capitale économique, où le président français sera officiellement accueilli par SM le Roi. Après les entretiens entre les deux chefs d'Etat, F. Hollande se rendra à Rabat, jeudi, avec comme point d'orgue le discours qu'il prononcera devant le Parlement (conseillers et députés réunis). Un discours très attendu, car il abordera non seulement les problèmes de l'heure comme la Syrie, le Mali ou la Palestine, mais aussi la position constante de la France quant au soutien à la proposition marocaine pour régler définitivement le conflit artificiel du Sahara. Le président français inaugurera également la nouvelle station d'épuration des eaux polluées à Casablanca, sise à Mediouna, réalisée par la Lyonnaise des eaux de Casablanca (Lydec, une filiale du groupe français GDF-Suez). Accompagné d'une dizaine de ministres et d'une soixantaine d'hommes d'affaires, la France ne s'attend pas à ce que le Maroc sorte son carnet de chèques, mais tout ce beau monde est surtout venu pour renforcer et diversifier davantage le partenariat gagnant-gagnant qui a toujours prévalu entre les deux pays. En effet de la même manière que la France est aujourd'hui la porte d'accès du Maroc, son premier client au sud de la Méditerranée, au marché de l'Union européenne où il dispose d'un «statut avancé», le Maroc est aussi la plate-forme par laquelle la France, son premier partenaire économique, compte s'étendre vers le prometteur marché africain.