Les quotidiens espagnols d'audience nationale ont commenté, jeudi, le premier déplacement officiel de Mariano Rajoy au Maroc en tant que président de gouvernement, avec énormément d'emphase en insistant sur la reprise d'une communication fluide entre les gouvernements des deux pays. Bien que les grands problèmes en suspens ne fussent pas l'objet d'une profonde analyse par Rajoy et son homologue marocain, Abdelillah Benkirane, la presse se félicite de la reprise des réunions de Haut niveau, suspendues depuis 2008. Pour démontrer l'importance que représente la signification de cette visite pour l'opinion publique espagnole, les journaux madrilènes ont illustré la Une de clichés en couleurs de Rajoy reçu en audience par SM le roi Mohammed VI. Ce qui est aussi surprenant est que les journaux qui avaient mené une large campagne de dénigrement contre le Maroc lors de précédents incidents entre les deux Etats, ont accordé une place de choix à l'accueil solennel réservé par les hautes autorités marocaines au président du gouvernement espagnol et du Parti Populaire. A ce titre, ABC, quotidien de tendance conservatrice, écrit en substance à la UNE : « après avoir été reçu par SM le roi Mohammed VI et son homologue marocain, (Rajoy) traite le pays voisin d'ami de l'Espagne et s'engage à ouvrir une nouvelle étape dans les relations bilatérales». Il s'est déclaré aussi convaincu, observe le journal, que la sécurité, la stabilité et la prospérité du Maroc concernent également l'Espagne. «Ce qui nous unit est plus fort que ce qui peut nous sépare», a soutenu Rajoy qui a qualifié le royaume de « pays ami » avec lequel « doit se renforcer davantage la coopération économique » et s'instaurer une communication «fluide» avec son homologue marocain, retient ABC. Dans un éditorial intitulé “un geste opportun”, El Pais souligne pour sa part que «le fait que Mariano Rajoy eut fait du Maroc sa première destination internationale comme chef de gouvernement est « une décision correcte». Rappelant qu'il n'y avait pas de « motif de poids » pour rompre une tradition entamée par Felipe Gonzalez, poursuivie par Aznar et Zapatéro, El Pais estime que «malgré l'existence de contentieux évidents, le Maroc continue, au contraire, d'être une référence fondamentale de la politique extérieure espagnole et aussi pour l'ensemble de l'Union Européenne, si l'on prend en considération des questions tels le terrorisme islamique ou l'immigration». El Pais qualifie d'autre part la recrudescence de la lutte contre l'immigration irrégulière par les forces de sécurité marocaine de «geste significatif», qui intervient quelques mois seulement après la manifestation de plusieurs dizaines de milliers de marocains à Casablanca pour exprimer leur rejet de l'attitude du Parti Populaire à l'égard des incidents survenus à la suite du démantèlement du campement Gdeim Izik, dans la banlieue de Laâyoune. L'éditorialiste rappelle également que le Maroc «n'oublie pas le délogement militaire» de l'îlot de Toura/Leila (Persil pour les espagnols), ordonné par José Maria Aznar, alors chef de gouvernement en juillet 2002, ni non plus «les circonstances aussi proches que la défense d'un referendum d'autodétermination pour le Sahara occidental, que le PP avait inclus dans son programme sur la base duquel est arrivé au pouvoir». Cependant, El Pais soutient qu'il est “bon que Rajoy et SM le roi Mohammed VI entament avec de bonnes manières la discussion d'un agenda bilatéral qui comporte des questions aussi chaudes que la coopération anti-terroriste, l'immigration irrégulière ou le véto européen à la prorogation de l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union Européenne ». Après avoir rappelé la récente réforme de la Constitution et le changement de gouvernement au Maroc suite au triomphe du Parti Justice et Développement aux dernières élections, le journal de centre-gauche estime que Rabat et Madrid sont appelés à «déployer tous les efforts nécessaires pour s'entendre». El Mundo titre à la Une: «Rajoy cite le Maroc comme un exemple pour le monde arabe » et qualifie sa visite de «satisfaisante» et sera «la première de nombreuses autres» qui viendront. Il n'a pas manqué de souligner que les réformes entreprises par SM le roi Mohammed VI peuvent être citées comme «un exemple à suivre par le reste du monde arabe». L'envoyée spéciale d'El Mundo retient d'autre part que Rajoy est décidé à «instaurer une relation fluide avec le dialogue comme clé fondamentale» et afin d'«ouvrir une nouvelle étape pour renforcer les relations bilatérales». Selon le journal, Rajoy a «donné des instructions aux services diplomatiques espagnols pour que soient entamés les préparatifs de la prochaine Réunion de Haut Niveau entre les deux pays, dont la tenue coïncidera avec le 21ème anniversaire de la conclusion du Traité d'Amitié, de Coopération et de bon Voisinage entre le Maroc et l'Espagne». La Razon, autre journal proche du PP, a illustré la Une d'un grand cliché de SM le roi Mohammed VI recevant au palais royal Rajoy. A ce titre, il observe que l'Espagne et le Maroc ont ouvert, mercredi, «un nouveau chapitre de leurs relations bilatérales» et que «la journée fut marquée par de bonnes intentions et paroles » entre les deux parties. D'ailleurs, poursuit La Razon, Rajoy s'est montré “très content et satisfait” du résultat de sa «réussite» visite en optant pour une nouvelle étape qui sera dominée par « un climat constructif et d'amitié avec pour point de mire le futur».