Beaucoup de vent et des vérités Que de remous !! Et autant de partis pris, parfois stériles et des fois justes ! Les suites et les conséquences générées par la dernière édition du festival national du film de Tanger donnent beaucoup à penser. Une vérité : le cinéma perturbe tous les milieux, lieu et arène de combat politique avant d'être un enjeu économique pour le pays et pour certains bénéficiaires et un grand pari culturel, celui-ci souvent occulté. En voilà un exemple. Il s'agit d'une cette relation remise à jour : critiques d'un côté et décideurs de la chose cinéma et les réalisateurs de l'autre. Il est temps de le déclarer à vive voix : le critique n'est pas un empêcheur de tourner en rond, ni un bâton dans les roues d'une «entreprise commerciale » entre un réalisateur et l'instance de l'avance sur recettes et le public. Il est un intellectuel, un faiseur d'opinion, un producteur d'idées. Il est temps de cesser de le considérer comme la cinquième roue d'un carrosse à qui on fait appel à l'occasion, le faire-valoir des professionnels pour dorer ou argenter un produit filmique, juste un polisseur de la médiocrité qui s'étale parfois sur les écrans, le passeur qu'on sort de l'ombre pour parler du travail des autres, surtout quand l'auditoire est étranger ! Là n'est pas et ne sera pas son rôle. Oui, il n'a pas à occuper les devants de la scène, chose dévolue aux réalisateurs et aux acteurs, fait normal de par le monde entier. Mais cela ne confère aucun droit particulier à ces derniers, notamment ce sentiment d'«invincibilité» artistique, qu'ils sont au-dessus de la critique, que celle-ci va les empêcher d'empocher on ne sait quoi ! Le critique est là pour dire ce qu'il pense et comment il le pense, il n'est pas un mécanicien dévoué à régler les pannes et signaler les dérapages dans les visions et les traitements artistiques, culturellement parlant. Il est considéré comme une partie prenante pour fructifier les débats et participer avec les vrais amoureux du cinéma et du Maroc pour réaliser de beaux films, pour œuvrer pour une meilleure société, prospère, progressiste et moderne. Les nouveaux réalisateurs oublient ou ne savent pas que les critiques de cinéma marocains se sont formés au sein d'une grande école, d'une entité à forte teneur politique, pour qui le septième art, le vrai et le beau, était et est une arme, un combat. Je parle là comme de bien entendu de la fédération marocaine des ciné-clubs. Elle prodiguait en parallèle et à égalité le savoir cinéma, en tant qu'esthétique, fiction et art, et l'engagement politique en faveur des idéaux humanistes : paix, création, développement de l'homme et de la société... Ils ne sont pas là pour attendre qu'un réalisateur de chez nous sorte un film afin de pouvoir déclencher la machine critique. Non, ils militent, ils enseignent, ils écrivent. Beaucoup d'entre eux sont des écrivains, des scénaristes aussi, c'est-à-dire des créateurs de fiction, de l'imaginaire. Malheureusement, la critique marocaine comme toutes les activités littéraires et la vraie et l'authentique activité artistique et cinématographique, officient au sein d'une société à moitié analphabète et dont une bonne partie de l'autre moitié a été « façonnée » par des années de sitcoms télévisuels débiles qui ont travesti le goût général. D'où ces attaques contre des points de vue de certains critiques ; d'où ces tendance à entretenir la production de films taxés de « propres » d'un côté et des films platement osés et connectés ailleurs de l'autre, tous deux sans profondeur ni enjeu ni avenir. Car axant leur ambition sur des «publics » hypothétiques. Comment ne pas critiquer alors ??? Et le dire à voix haute...