La gouvernance sent le roussi Les mascarades se suivent et se ressemblent aux deux grands conseils-élus de la Métropole. La commune urbaine de Casablanca n'a pas pu ouvrir, mercredi, faute de quorum, sa session ordinaire du mois de février, consacrée notamment à l'examen et l'approbation du compte administratif au titre de l'exercice précédent. La session a été ainsi renvoyée à une date ultérieure. Mais le report était prévisible en raison de la non-disponibilité des documents relatifs aux recettes et dépenses de la ville. Les commissions compétentes n'ont pas pu achever l'étude de ces documents et les valider avant de les soumettre au conseil pour approbation, tout simplement parce qu'elles ne se réunissent pas ou que leurs réunions dégénèrent et se terminent dans la plupart des cas par des échanges d'accusations graves dans les couloirs de l'édifice. C'est le même scénario qui se répète depuis la mise en place de ce conseil de la ville. Des blocages à tous les étages. Au niveau du Conseil de la Région du Grand Casablanca, la situation n'est guère reluisante. Cette instance élue a également ouvert, depuis pratiquement un mois, sa session ordinaire consacrée à l'examen et l'approbation du compte administratif au titre de l'exercice 2012 avant de la reporter pour les mêmes raisons. Aujourd'hui, ces deux plus grandes instances élues à l'échelle nationale se trouvent plongées dans l'anarchie. En plus de cette anarchie, le point commun entre ces deux conseils, et qui fait braquer les projecteurs sur eux, réside dans les scandales et les dysfonctionnements qui émaillent leur gestion sur toute la ligne. A l'échelle de la Commune urbaine, des élus viennent d'adresser des correspondances aux autorités compétentes, soulevant des cas de trafic d'influence, de conflits d'intérêts, de passation douteuse de marchés et de mauvaise gestion. Le parquet de Casablanca a été également saisi dans ce sens. Voilà les épineux et volumineux dossiers qui planent sur la mairie et sur toute la ville. Les autorités saisies par les élus vont-elles réagir en déclenchant une enquête en vue de tirer ces affaires au clair ? C'est la question qui revient sur toutes les lèvres des observateurs de la gestion de la chose locale à l'échelle de la plus grande ville du pays. C'est aussi la question qui est soulevée par rapport au Conseil de la Région du Grand Casablanca. Au niveau de ce conseil, c'est la débandade totale au vrai sens du terme. Le siège de ce Conseil, présidé par un lotisseur à Médiouna et Nouaceur, s'est transformé en un lieu de rencontres des intermédiaires en matière de vente des lots de terrain et des «acteurs» à la recherche de subventions pour des associations qui n'existent que sur le papier dans certains cas. Ce qui perturbe le travail des commissions qui ne se réunissent plus et attire même l'attention des visiteurs étrangers et nationaux qui s'y rendent pour visiter ce monument architectural de la Métropole. Tout est exceptionnel au niveau de cette instance. D'aucuns indiquent que même le poste de secrétaire général, comme le prévoient les lois de la charte communale, n'y est plus. Les décideurs de ce conseil ont préféré y débarquer un ancien pacha pour assumer la fonction de secrétariat général du conseil de la Région. Ce flou ouvre grandement la porte aux courtiers élus et autres «phénomènes» électoraux pour des opérations de chantage et de marchandage. Les uns brandissent la question des «dérogations» en matière d'urbanisme raflées par le président lui-même, d'autres évoquent des subventions accordées à des associations ayant des connexions avec des membres de bureau. La prochaine séance de la session ordinaire, consacrée notamment à l'examen et l'approbation du fameux compte administratif, s'annonce chaude. Voilà comment roule le train de la gestion des affaires locales dans la plus grande ville du royaume.