AC Milan - FC Barcelone : L'artisan et l'artiste L'AC Milan a donné une leçon d'efficacité au FC Barcelone (2-0), qui a monopolisé pour rien le ballon pendant 90 minutes, mais lâché par un Lionel Messi transparent, mercredi à Milan en 8e de finale aller de Ligue des champions. Le FC Barcelone, grand favori de tous les pronostics, a créé mercredi la surprise à San Siro devant l'AC Milan en perdant sur un score de deux buts à zéro (2-0) au mach-aller pour la qualification aux quarts de finale de la Champion ́s League. La défaite est difficile à digérer dans la mesure où le titre de Champion d'Europe est le principal objectif du club pour couronner un cycle doré et consacrer Tito Vilanova comme digne successeur de Pep Guardiola. Pour les téléspectateurs, qui avaient suivi duel, le résultat ne traduit pas la réelle physionomie du match du fait que le taux de possession de la balle a été de 70% au profit des catalans. Pourtant, ce qui compte au football est le nombre de buts inscrits qui donnent l'avantage d'un club sur l'autre. Le Barça s'attendait à une coriace résistance des Milanais mais aucun de ses joueurs ne comptait finir la partie sur un tel résultat. Il ne faut pas être expert pour analyser le match mais il est utile de relever dès le coup d'envoi du match deux tactiques diamétralement opposées. Le Barça, fidèle à lui-même, a aligné son habituel 3-4-3, un système offensif basé sur la domination du milieu du terrain et une ligne d'attaque totale. En face, l'AC Milan a reproduit le système historique italien basé sur une défense peuplée et une pointe rapide pour concrétiser les contre-attaques. Il a opté pour un système de défense orthodoxe avec un 4-4-2, bien qu'il joue sur son propre terrain. C'est exactement la même tactique appliquée par le Granada FC, dimanche dernier face au Barça. Ce système verrouille toutes les issues aux ailiers (Jordi Alba et Pedro) obligeant le Barça à concentrer par le centre les attaques contre une défense à huit. Faute d'espace, Leo Messi a été soumis à un marquage de zone. Il s'est trouvé parfois entouré de six adversaires. De son côté, Iniesta, l'éminence grise du club, n'avait à aucun moment réussi à percer la défense ni avancé jusqu'au carré de réparation pour remettre une passe décisive à Messi (en face du portier). Avec ce système, il paraissait que l'AC Milan aspirait à un nul blanc et c'est le piège qui a été tendu au Barça puisque, par la suite, les deux buts inscrits par les Italiens étaient le résultat d'une stratégie bien étudié par Massimiliano Allegri. Le coach italien a étudié les points de faiblesse de l'adversaire : les coups de pied arrêtés et les contre-attaques. Le premier but de Boateng (précédé d'une main involontaire de Zapata non sifflée par l'arbitre) et le second de Muntari ont été une démonstration de l'astuce de l'artisan pour vaincre l'artiste. Les consignes d'Allegri consistaient à céder la balle aux coéquipiers de Messi dans l'intention d'étouffer les ailiers et tenter de tirer le maximum de profit de toute perte du ballon par les Catalans ou de tirer de loin pour surprendre leur portier. C'est ce qui expliquait la permanente présence de Shaarawy derrière Dani Alves. Le Barça n'a pu ainsi menacer les bois milanais ni réussir ses combinaisons en face du carré des 18 mètres. En résumé, le Barça manquait de vitesse dans la circulation de la balle et une forte pression sur la défense. L'AC Milan a, par contre, brillé dans l'attaque en mobilisant ses ailiers et sa pointe, Shaarawy. Le deuxième but a été une leçon du football efficace basé sur les contre-attaques lorsque l'adversaire est techniquement supérieur. Le Barça est appelé à évoluer, au cours du match retour au Camp Nou, le 12 mars prochain, avec une mentalité différente pour pouvoir renverser la tendance et éviter de faire des adieux prématurés à la Champion ́s League. La presse sportive a commenté, jeudi, différemment la défaite du Barça bien qu'elle admette la mauvaise prestation des Catalans. Les quotidiens sportifs édités à Madrid se sont réjouis de la défaite du Barça estimant que «les culés ont joué leur pire match des cinq dernières années» (Marca) et que l'AC Milan «a mis contre les cordes un Barça vulgaire». Par contre ceux édités à Barcelone écrivent, dans un ton modéré, que «le Barça a subi une cuisante défaite à Milan et a besoin de toute sa magie pour passer aux quarts de finale» (Mundo Deportivo) et qu'il «n'y a plus d'excuse, il faut remonter» le résultat (Sport).