Le chef du gouvernement rassure Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a dénoncé, lundi devant la Chambre des députés, «les rumeurs» sur l'augmentation des prix des produits de première nécessité (gaz butane, farine, pain, huile de table, sucre voire même les hydrocarbures majorés il y a 8 mois). Il est inadmissible que des députés parlent de hausses imaginaires, alors que les dernières augmentations des prix des carburants, intervenues il y a huit mois, ont permis l'économie de quelque 5 milliards de dirhams en 2012 et plus de 13 milliards de dirhams attendus en 2013, a-t-il dit en réponse aux députés, qui l'interrogeaient, lors de la séance mensuelle sur la politique du gouvernement consacrée cette fois ci à «l'augmentation du coût de la vie et à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens». Mieux encore, l'action du gouvernement a permis non seulement de préserver la stabilité des prix, mais également de revaloriser des pensions de retraite et des bourses d'études et de réduire les prix de plusieurs médicaments, un processus qui va se poursuivre, d'après le chef du gouvernement. «La rumeur» ne vise qu'à déstabiliser le pays et perturber la paix sociale, a-t-il affirmé, estimant que le gouvernement est décidé à honorer ses engagements comme l'illustre la diminution des prix de 320 médicaments qui sera suivie par la réduction des prix d'un millier d'autres médicaments et la valorisation des pensions de retraite «RCAR » qui ont augmenté de 40 ou 50 DH à 1000,00 DH. Les bourses d'études ont été également augmentées, a-t-il rappelé, soulignant que toutes ces décisions ont été prises sans sit-in et sans que personne ne les réclame. Les quelques augmentations légères enregistrées récemment n'ont porté que sur les seuls prix des tomates, de la volaille et des œufs, hausses compensées par la baisse des prix des oignons, pommes de terre et d'autres fruits et légumes. Tout en démentant donc l'augmentation, dont parlent les auteurs de ces rumeurs, le chef du gouvernement, a indiqué que la stabilité des prix n'a pu être réalisée que grâce aux efforts du gouvernement à travers la subvention des produits de base, et l'amélioration du pouvoir d'achat de larges couches de la population. Selon lui, les efforts du gouvernement pour assurer la stabilité des prix et améliorer les revenus des familles dans le besoin ont permis de préserver le pouvoir d'achat des populations et booster en même temps la demande intérieure. Le gouvernement a besoin d'un peu de temps comme on l'avait fait à la faveur du gouvernement d'alternance pour réaliser ses objectifs, sachant que l'équipe actuelle n'est pour rien dans l'appauvrissement de larges couches de la population, qui endurent depuis de nombreuses années de privations, d'injustice et de marginalisation. Ceux qui prétendent le contraire ne visent qu'à faire échouer l'actuelle expérience gouvernementale réussie, après l'adoption de la nouvelle Constitution et l'avènement d'un gouvernement démocratiquement élu. Il est également insensé d'accuser à tort une quelconque partie de vouloir monopoliser le dossier de la réforme de la Caisse de compensation pour l'exploiter à des fins électorales, a-t-il relevé, précisant que le gouvernement est décidé à mener à son terme ce chantier, que les autres gouvernements qui se sont succédé ont évité, de peur de perdre leur popularité. Cette réforme, dont la vision est en phase de murissement, avec la participation de tous les partenaires dont en premier lieu l'opposition, les syndicats et les acteurs de la société civile, est inéluctable pour préserver l'équilibre du budget de l'Etat et réduire la part de l'endettement dans sa confection et partant, garder intacte la souveraineté économique du pays, selon le chef du gouvernement. Mais ce qui est sûr pour l'instant c'est que la décompensation en vue ne se fera que de manière progressive tout en recherchant la formule la plus intelligente pour ne pas toucher le pouvoir d'achat des couches déshéritées, celles qui ont besoin du soutien de l'Etat, a-t-il expliqué, soulignant que le gouvernement actuel n'a accepté le pari actuel que pour rendre justice aux larges couches de la population. Ce n'est pas un travail de quelques jours, mais de longue haleine pour corriger les dysfonctionnements, lutter contre la corruption, l'économie de rente et l'injustice sociale, a dit le chef du gouvernement, appelant l'opposition, les syndicats et les organisations de la société civile à assumer pleinement leur responsabilité dans la préservation de la stabilité du pays. Appel à un strict contrôle des prix et à la lutte contre la spéculation Le député Abdellah Hanati, membre du groupe du Progrès démocratique (GPD) à la Chambre des représentants, a appelé le gouvernement à renforcer les campagnes de contrôle des prix et de lutte contre la spéculation et à revoir les circuits de distribution et d'approvisionnement internes, tout en œuvrant pour garantir l'approvisionnement du marché en quantités suffisantes de produits. Intervenant, lundi, lors de la séance mensuelle des questions de politique générale, avec la participation du chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, consacrée à «l'augmentation du coût de la vie et à la préservation du pouvoir d'achat des citoyens», Hanati a fait remarquer que le niveau du coût de la vie est intimement lié à une série de concepts relatifs à la protection du pouvoir d'achat des citoyens, au degré de respect de l'échelle mobile des salaires, à la dynamique du dialogue social, à la réforme de la Caisse de compensation et à l'attention accordée aux classes moyennes. Il s'agit aussi d'un thème récurrent qui a également trait aux politiques économiques et sociales poursuivies depuis des décennies au Maroc, lesquelles ont fortement subi et de plein fouet des mutations exogènes, qui ont provoqué des augmentations successives des prix de nombreux produits alimentaires et services de base (transport, eau, électricité) alors que les salaires sont restés figés. L'amélioration du niveau de vie des citoyens doit donc constituer l'une des préoccupations majeures du gouvernement, a-t-il estimé, notant toutefois que le GPD comprend parfaitement les difficultés auxquelles l'économie nationale est confrontée, à la suite de la baisse des recettes du tourisme, du volume des investissements extérieurs et des réserves du Maroc en devises. La situation est également marquée, a-t-il ajouté, par l'aggravation du déficit commercial, ainsi que par une série de dysfonctionnements découlant des charges de la Caisse de compensation (+ de 50 MM DH cette année). Dans de telles conditions, la préservation du pouvoir d'achat des citoyens dans le but de booster la demande interne à travers la poursuite des chantiers ouverts et leur renforcement par de nouveaux autres projets constitue un défi de taille pour le gouvernement, a-t-il noté, appelant à l'accélération des réformes prévues dans le programme gouvernemental (Caisse de compensation, réforme fiscale, régime des retraites, réforme de la loi organique des finances, lutte contre la rente et la prévarication, amélioration du climat de confiance entre les opérateurs, promotion de l'économie sociale et solidaire). Il a par ailleurs condamné au nom du GPD l'acte terroriste ayant coûté la vie au militant tunisien Chokri Belaid. D'autres groupes de la majorité, dont fait partie le GPD, ont appelé à l'accélération du rythme des réformes pour améliorer le pouvoir d'achat des citoyens. Selon ces groupes, il est nécessaire pour le gouvernement de réactiver les mécanismes du dialogue social en vue de parvenir à des mesures susceptibles d'améliorer le revenu des salariés et d'accélérer la cadence de la réforme des Caisses des retraites et de la compensation, notant toutefois que toute décompensation ne doit pas se traduire pour les classes déshéritées par une augmentation des prix des produits de base. Nombre d'entre eux ont proposé au gouvernement d'œuvrer pour assurer l'autosuffisance du pays en matière de production des céréales e d'autres produits dont l'importation contribue à l'aggravation du déficit commercial. Pour leur part, les groupes de l'opposition ont accusé le gouvernement de manque de vision claire en la matière, précisant que toute réforme de la Caisse de compensation, fondée sur la décompensation de tous les produits est inacceptable. Pour nombre d'entre eux, il est urgent pour le gouvernement de prendre des mesures immédiates en vue de stopper l'augmentation des prix.