La récession affecte aussi la Liga La ligue espagnole de football (Liga) de première division perd du fuel. Il paraît qu'elle a subi les mêmes effets de la crise économique que le reste de l'économie du pays. Elle se situe, en termes de nouveaux transferts d'hiver, au 11e rang derrière ses rivales européennes. Seuls 12.720.000 euros ont été déboursés par les grands clubs espagnols, sur un volume de 478.665.000 euros que l'ensemble des grands clubs européens ont dépensé pour renforcer leurs rangs. La Liga n'a plus autant de moyens que les saisons précédentes pour offrir des contrats pharamineux et se permettre les services de grands joueurs talentueux. Elle est devancée dans le ranking mondial par des ligues de seconde file telles la turque, la belge ou l'ukrainienne. Fini l'époque où le Real Madrid était en mesure de verser prés de 100 millions euros pour atteler un Cristiano Ronaldo ou le Barça était prêt à engager Zlatan Ibrahimovic pour un montant de 66 millions euros (46 millions euros en plus d'Eto'o) et s'en passer de lui un an plus tard. La récession économique que vit l'Espagne a des ramifications et n'épargne aucun secteur y compris la trésorerie des clubs de football. Sur les 45 mouvements de joueurs durant le marché d'hiver, il y a 17 qui ont changé de club alors que le reste s'est effectué sous forme de cession. Au total, seuls huit joueurs avaient fait bouger quelques millions, comme c'est le cas du gardien des buts de Séville, Diego Lopez, pour lequel Real Madrid (3e au classement de la Liga) avait versé 3,5 millions euros, soit le montant le plus haut des transactions effectuées durant ce marché. L'Atletico de Madrid (2e) a déboursé le même montant pour ramener du Sporting de Lisbonne l'argentin Insua. Le FC Granada, qui avait battu le Real Madrid, samedi dernier, a engagé d'un seul coup six footballeurs pour un investissement total de 3,12 millions euros. Le FC Séville a utilisé une partie de la prime reçue du transfert au Madrid de Diego Lopez pour engager Stevanovic pour un contrat de 1,2 million euros. Le Real Saragosse qui aspire à se maintenir en première division a consenti un grand effort financier en déboursant 250 millions euros pour engager Fernandez. Les autres clubs ont utilisé l'option «cession» pour pouvoir renforcer leurs rangs et sans dépenser un rond. Le FC Barcelona a par contre cédé à l'Ajax son ailier gauche Isaac Cuenca. En face, d'autres ligues ont fait sauter leurs coffres forts comme en Angleterre où les clubs ont dépensé un total de 145,97 millions euros. Elle est suivie par l'italienne où ses clubs de Série A ont dépensé 93,25 millions euros avec en tête les deux rivaux, l'AC Milan (31,5 millions euros) et l'Inter de Milan (18,05 millions euros). En Russie, le mercato hivernal a été aussi animé grâce aux 85 millions euros qui ont changé de main entre les clubs. L'Anzhi a déboursé à lui seul 39 millions euros. La France n'est pas restée en retrait et ses clubs se sont montrés généreux en investissant 61 millions euros dans l'engagement de nouveaux joueurs. Les puissances traditionnelles du football, l'Allemagne et le Brésil, se sont montrées plus modestes en dépensant respectivement 40,1 millions euros et 30 millions euros. Plus loin, se situent respectivement la Chine (27 millions euros), l'Ukraine (27 millions euros), la Turquie (18 millions euros), la Belgique (13 millions euros) et l'Espagne (12,72 millions euros). La crise affecte aussi l'affluence aux stades de football en Espagne. Le pouvoir d'achat de l'espagnol a été fortement ébranlé par la récession économique, le chômage et les hausses tarifaires. Seuls les gradins des tribunes de cinq clubs ont réussi, en 2012, à atteindre une occupation de 80%. Il s'agit du Real Madrid, de l'Athletic Club de Bilbao, de l'Atletico de Madrid, du Malaga et de Séville. Le FC Barcelone, en dépit de ses titres et stars a attiré une moyenne de 75.000 spectateurs, soit 75% de la capacité du Nou Camp. L'occupation des gradins du stade du club du Getafe (dans la banlieue de Madrid), où évolue le Marocain Berrada, était en moyenne inférieure à 50% de la capacité totale. Les causes sont multiples mais la chute du pouvoir d'achat demeure la plus logique. Les billets d'entrée pour voir un match du Barça ou du Real Madrid sont exorbitants et vont souvent de 70 euros à 150 euros, comme lors du match samedi dernier Granada-Real Madrid, ou de 55 à 160 euros en ce qui concerne le choc Valence-Barca, dimanche dernier. Par contre, dans d'autres ligues, les prix de billets pour assister à un match de football sont abordables pour l'ensemble du public. En moyenne, les amateurs du football en Allemagne se permettent le luxe d'assister à un grand match de la Bundesliga à 30 euros. C'est la raison pour laquelle, les stades d'au moins sept clubs de cette ligue enregistrent une assistance moyenne de 90%. En 2012, les gradins des stades de Bayern de Munich et de Borussia Dortmund ont été à 100% occupés. Même situation en Angleterre pour Manchester United, Arsenal, Chelsea et Tottenham dont les gradins étaient occupés à 99%. Ceux de Liverpool et de Manchester City ont enregistré des taux de 98%. La récession économique, que traverse actuellement l'Espagne, a révélé de nombreuses réalités dont l'absence d'un modèle économique solide et fiable. Le football, devenu une industrie hautement sophistiquée, demeure en outre le loisir préféré des grandes masses. En cas de crise, les masses fuient les stades et boudent les joueurs (aux contrats pharamineux) improductifs.