Le Royal Emirates Group, un groupe d'investissement emirati, présidé par Cheikh Ben Boutti Souhail Al Maktoum, aurait acquis le Real Saragosse, un club de première division de la ligue espagnole de football. Dès la saison prochaine, ce club (17ème au classement avec 33 points) évoluera sous la dénomination Dubai Team, a rapporté le quotidien Arabian Business, cité mardi par la presse espagnole. Dans un communiqué, le groupe d'investissement émirati a indiqué que jeudi prochain il sera propriétaire du club espagnol. Selon la même source, le groupe financier aurait versé trois millions d'euros pour l'acquisition du club et prendra en charge toute sa dette qui s'élève à 130 millions d'euros. Jusqu'à mardi soir, les responsables du club espagnol n'ont émis aucun communiqué en relation avec cette transaction. Un porte-parole du groupe émirati a cependant signalé que le président et quelques joueurs du club se déplaceront à Dubaï dans les prochaines 24 heures. Déjà, la Liga compte deux clubs entre les mains d'investisseurs étrangers. Il s'agit du Malaga qui appartient à un homme d'affaires qatari, Abdullah Ben Nasser, et du Racing de Santander qui est propriété d'un entrepreneur indien. Ben Nasser, un homme d'affaires qui possède des concessions de voitures, chaînes d'hôtels et de restaurants, a acquis le club de Malaga au prix de 14 millions d'euros et investi une grande fortune dans l'engagement de nouveaux joueurs. Son objectif est de conduire le club aux éliminatoires de la Champion´s League, pour emboîter le pas au millionnaire russe Roman Abramovich, actuel maître du club anglais, le Chelsea. Même scénario a appliqué l'homme d'affaires indien, Ali Sayyed, qui s'est emparé de toutes les actions que possédait l'ancien patron du Racing de Santander en déboursant 1,8 million d'euros, la somme que le club devait à l'agence d'impôts, et assumer le paiement d'une dette de sept millions d'euros. Ces opérations financières ont sauvé les trois clubs de la banqueroute technique devant le risque de disparaître ou d'être relégués en deuxième division. D'autres clubs se trouvent dans une situation similaire, tel le Rayo Vallecano, de deuxième division (Banlieue de Madrid), qui est sur le point de couler à cause des difficultés financières que traverse le holding de ses propriétaires, Nueva Rumasa. D'après une étude d'un universitaire espagnol, reprise la semaine dernière par le quotidien économique madrilène Expansion, la dette globale des 20 clubs de première division de la ligue espagnole de football pourrait atteindre 3,5 milliards d'euros. De nombreux instruments légaux ont été adoptés en Espagne pour inciter les clubs de football à se convertir en sociétés anonymes sportives. D'ailleurs, seuls quatre clubs de première division (Real Madrid, FC Barcelone, Athletic de Bilbao et Osasune) se sont convertis en Sociétés Anonymes, en vertu d'une loi adoptée en 1992 dans ce sens. Actuellement, et à six journées de la fin de la saison, plusieurs clubs souffrent pour manque de liquidités, tels Majorque, Levante, Hércules, Real Sociedad ou Sporting de Gijón. D'autres, comme l'Atlético de Madrid, survivent uniquement grâce à une dette de plus en plus lourde. Cette situation de crise trouve son origine dans l'engagement à des contrats pharamineux de grands joueurs durant les années d'opulence qu'a traversées l'Espagne jusqu'à 2007, et une mauvaise gestion financière, estime un expert du cabinet conseil espagnol, Sport Entretainment. D'autant plus, les principales recettes des clubs espagnols proviennent de la gestion des biens immobiliers. L'exemple le plus significatif est celui de Florentino Pérez, lors de son premier mandat comme président du Real Madrid, qui avait requalifié en 2001 les terrains en possession du club en zones urbanisables pour pouvoir les vendre à 500 millions d'euros. Grâce à cette transaction, il avait engagé des joueurs extrêmement chers, que les médias ont baptisés les “galactiques”, tels Figo, Ronaldo, Zidane et Beckham. Cet exemple a été suivi par la plupart des clubs qui se sont engagés dans des opérations immobilières en vue de renforcer leurs équipes par l'engagement de joueurs talentueux sans se préoccuper des hautes primes à verser. Il existe ainsi un paradoxe dans la Liga. Bien qu'elle se considère comme la meilleure du monde, les bilans au plan économique n'accompagnent pas toujours les résultats récoltés aux plans national et européen. Le meilleur exemple est offert par le FC Valence qui a investi 300 millions d'euros dans les installations sportives de son nouveau stade. Les travaux sont au point mort à cause de l'accumulation des dettes. Il a dû, dans une tentative de se sauver de la banqueroute, de sacrifier ses deux meilleurs éléments, David Villa, parti au Barça en contrepartie de 40 millions d'euros, et David Silva, cédé au Manchester City au prix de 33 millions d'euros. Les recettes à titre de vente des droits de télévision se rétrécissent aussi à cause de la crise économique. Deux seuls clubs sont les grands privilégiés des annonceurs de publicité, le Real Madrid et le FC Barcelone pour être les plus suivis par les amateurs du football. Le dernier choc Real Madrid - Barça, disputé, le 16 avril au Santiago Bernabeu, a été suivi par un total de 11.123.000 téléspectateurs en Espagne, soit 62% de part d'audience des cinq chaînes de télévision qui ont retransmis la rencontre, selon l'institut Barlovento Comunicación d'analyse du Marché télévisuel et des audiences. Ainsi, chaque but inscrit par Messi ou par Ronaldo, et chaque match remporté par le Real Madrid ou le Barça se justifient par le pouvoir économique qui fait distinguer ces deux clubs du reste de la Liga. Ils se disputent à la fois le championnat, la coupe et le Champion´s League. Le spectacle et les titres se paient cher.