Prôner une stratégie intégrée d'intervention pour la lutte contre l'habitat insalubre «Notre département s'attelle, à bras le corps, à mener une politique de préparation de nouvelles zones à urbaniser pour multiplier et diversifier l'offre, sans se focaliser uniquement sur le réaménagement des unités bidonvilloises, à travers le royaume. Car, ces dernières ne cesseront de proliférer et nous n'avons plus de temps ni de moyens à se permettre pour une seule ébauche, somme toute onéreuse et embarrassante», déclare Mohamed Nabil Benabdallah, secrétaire général du PPS et ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et de la politique de la ville, lors d'une conférence-débat, tenue samedi dernier à Agadir. Cette rencontre, initiée par l'Association des indépendants (ADI), à laquelle ont pris part également Tarik Kabbage, maire de la ville d'Agadir, Younes Sefiani, directeur général d'Al Omrane Agadir, Mohamed Belmâachi, du groupe Alliance développement et Ouadiâ Benabdallah, député, était consacrée au «rôle du logement social dans la lutte contre l'habitat insalubre et l'habitat menaçant ruine». Après un mot introductif au cours duquel il a surtout insisté sur l'importance de ce genre de débats entre un large brassage d'intervenants en la matière et de cadres de divers horizons, Moncef Belkhayat, président de l'association initiatrice de cet événement, a passé la parole au ministre de tutelle, qui a décliné les mesures globales prises par son département, sans jamais occulter les contraintes et les entraves rencontrées en cours de chemin, qu'elles soient d'ordre financier, technique, procédurier, comportemental... A ce propos, le ministre a mis en exergue les efforts indéniables déployés dans le sens de l'éradication des bidonvilles et de l'habitat insalubre depuis quelques années. Cependant, enchaine-t-il, le déficit est toujours là, estimé à plus de 840.000 unités à mettre en service. Il est question, en fait, de la non-adéquation entre l'offre réglementaire et la demande de plus en plus pressante et de la difficulté d'accès aux crédits bancaires. Ces embûches ont donc tendance à inciter au recours à l'habitat anarchique ou à la cohabitation dans les médinas et les tissus à risques. Afin de redresser cette situation et relever le défi de l'habitat social dans notre pays, il est impératif, souligne le responsable gouvernemental, d'adopter une stratégie intégrée d'intervention pour la lutte contre l'habitat insalubre, de prôner le renforcement et la diversification de l'habitat social à travers des réformes d'accompagnement. Pour ce faire, il s'agit, poursuit-il, de préparer des zones à urbaniser, par le biais des programmes de villes sans bidonvilles et d'intervention dans l'habitat menaçant ruine. Cette approche nécessite un certain nombre de démarches à mettre en œuvre, notamment la mise en place des guichets uniques, la facilitation à l'accès aux crédits bancaires, la mise en en fonction des mesures et des avantages incitatifs, la mise en place des infrastructures d'accueil intégrées, l'accompagnement de l'impact territorial des grands projets structurants inscrits dans le cadre de la mise en œuvre des stratégies nationales sectorielles...Dans le même ordre d'idées, l'orateur n'a pas manqué de soulever des dysfonctionnements, voire des dépravations enregistrées, par-ci et par-là, en ce qui concerne les offres destinées aux faibles revenus, particulièrement celles arrêtées à 250 000 DH. «On se demandera si vraiment ces logements à coûts rabaissés vont aux bénéficiaires concernés ou sont soumis à leur tour à la spéculation, d'autant plus que nombre de maisons sont fermées ou annexées à deux ou trois autres pour avoir une superficie de 100 à 150 m2, et à des prix «alléchants». Dans ce sens, nos moyens humains et logistiques de contrôles sont très limités. D'autre part, on nous demande d'exercer des métiers qui ne sont toujours pas les nôtres, notamment s'agissant de la gestion des zones industrielles qui relèvent d'autres départements. Il faut dire aussi que la problématique de l'habitat n'est pas l'apanage exclusif de notre ministère. D'autres parties y interviennent, d'où la nécessité d'une coordination étroite avec les autres intervenants. C'est ce qu'on essaie de faire actuellement, notamment avec le ministère de l'Intérieur. Notre plus gros souci, en définitive, réside en la mise en place d'un cadre juridique relatif au logement menaçant ruine ou au tissu à risque. Il s'agit, en effet, des vies humaines qu'il va falloir sauvegarder, pas uniquement à Casa, Fès, Rabat ou Salé, mais aussi Sefrou, Chefchaouen, Tiznit... La tâche n'est pas du tout facile si l'on sait que les habitants concernés refusent, d'une part, se déplacer vers d'autres lieux, et que les entrepreneurs auxquels est confiée la mission de destruction des logements menaçant ruine ont tendance à fuir cette corvée qui, selon eux, est problématique et périlleuse...», indique-t-il. Cette intervention a suscité, par la suite, un débat avant de déboucher sur des conclusions et recommandations d'ateliers autour de trois axes essentiels, à savoir : «la réglementation et procédures : l'administration au service du logement social», «les standards de qualité du bâtiment et l'intégration du logement social dans une politique de la ville maîtrisée» et «la classe moyenne : l'adéquation offre et emploi».