(Ph. Akil Macao) Réduire de moitié la proportion mondiale des mal-logés La Déclaration de Rabat, adoptée mercredi par consensus, à l'issue des travaux de la conférence internationale « Sortir des bidonvilles : un défi mondial pour 2020 », a appelé tous les pays à réduire, chacun selon sa situation, ses moyens et les progrès réalisés jusqu'à présent, de moitié la proportion de personnes vivant dans les bidonvilles. Selon les termes de cette déclaration, les participants s'engagent à appuyer, à travers le dispositif intergouvernemental des Nations unies, la définition d'un objectif global pour réduire de moitié la proportion de personnes vivant dans les bidonvilles entre 2015 et 2030 dans le cadre de la formulation globale des nouveaux Objectifs pour le développement durable et du processus préparatoire de la conférence Habitat III. Des progrès significatifs La déclaration engage pour ce faire les pays à définir des systèmes nationaux de suivi et des objectifs nationaux pour réduire, dans chaque pays, la proportion des personnes vivant dans des bidonvilles entre 2015 et 2030, en prenant en compte l'expérience acquise jusqu'ici dans la mise en œuvre de la cible 7-D des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) qui recommandait d'«améliorer sensiblement la vie d'au moins 100 millions d'habitants de taudis, d'ici à 2020», chiffres qui ont été largement dépassés par les progrès réalisés dans le monde. Selon les estimations du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), entre 2000 et 2010, un total de 227 millions de personnes dans les pays en développement ont vu leurs conditions de vie s'améliorer significativement. Ce qui signifie, en d'autres termes, que les gouvernements sont parvenus à dépasser avec un taux de 2,2% la Cible 7-D des OMD. C'est donc pour tenir compte de tous ces progrès, que les participants ont fini, après débats, par adopter par consensus la Déclaration de Rabat, pour définir en fin de compte la stratégie la plus appropriée pour réviser la Cible 7-D des OMD et la rendre plus conforme aux différentes situations nationales. Il faut faire en sorte que chaque pays réduise de moitié, durant la période 2015-2030, la proportion des personnes vivant dans les bidonvilles. C'est un objectif «réaliste», étant donné que les taux de réalisation diffèrent selon les pays, selon un responsable d'ONU-Habitat. L'adoption par consensus de la déclaration de Rabat traduit donc de manière claire la qualité des travaux de la conférence internationale «des bidonvilles : un défi mondial pour 2020», qui a connu un franc succès, grâce à la participation et au dynamisme de toutes les délégations et des responsables d'ONU-Habitat, avec à leur tête le secrétaire général adjoint, Directeur exécutif d'ONU-Habitat, Joan Clos, comme l'a souligné dans un mot de clôture le ministre de l'Habitat, de l'urbanisme et la politique de la ville, Mohamed Nabil Benabdallah. Nouvelle stratégie mondiale de l'habitat Tout en se félicitant des résultats obtenus, le ministre a indiqué qu'il est maintenant temps de traduire les intentions dans la réalité dans le but ultime de venir en aide à des milliers de gens qui attendent de quitter une fois pour toutes leurs bidonvilles. La Déclaration de Rabat engage le gouvernement marocain et ONU-Habitat à partager largement les résultats de cette conférence internationale et à en assurer un suivi au niveau mondial, régional, national et local, particulièrement dans le cadre de la préparation de la 24e session du Conseil d'administration d'ONU-Habitat. Elle appelle dans ce cadre au renforcement de l'échange des meilleures pratiques dans le cadre de l'approfondissement de la coopération Sud-Sud, y compris la coopération régionale et triangulaire. Il est également recommandé aux gouvernements, d'après la Déclaration, de mettre en œuvre les principes universels reconnus pour l'amélioration, l'éradication et la prévention des bidonvilles, d'appliquer plus systématiquement des méthodes de planification urbaine, élaborées selon une approche participative et adaptée aux besoins et d'accroitre l'allocation des ressources humaines et financières pour l'amélioration, l'éradication et la prévention des bidonvilles. Il est également nécessaire, ajoute la même source, de promouvoir dans les politiques de logement l'intégration des principes de durabilité à travers la promotion de l'efficacité énergétique dans l'habitat, le respect de l'environnement et le recours aux techniques et matériaux innovants et de mettre en place ou renforcer des cadres institutionnels nationaux, tels que des forums urbains ou des comités habitat, pour faciliter un dialogue multisectoriel avec une grande variété d'acteurs afin de préparer la Conférence Habitat III et la nouvelle stratégie mondiale du logement. D'ici là, les participants se sont donné rendez en Afrique du Sud en 2014, pays qui s'est proposé d'abriter la prochaine édition de cette conférence. Cette conférence, placée sous le haut patronage de SM le Roi, a été ouverte lundi en présence de plusieurs ministres et du SG adjoint de l'Onu et directeur exécutif d'ONU-Habitat, qui a qualifié l'expérience marocaine de «succès historique». Y ont participé 17 délégations représentant des pays ayant enregistré des résultats significatifs en matière de lutte contre les bidonvilles (Brésil, Argentine, Afrique du Sud, Chine, Egypte, Nigéria, Ouganda, Burkina Faso, Cameroun, Tchad, Iles Comores, Djibouti, Guinée équatoriale, Libye, Madagascar, Malawi, Mali, Mauritanie, Népal, Philippines, Tunisie, Zambie) ainsi les représentants de diverses organisations internationales.