Malgré une conjoncture difficile, en Europe et dans la région, la croissance des investissements français au Maroc s'est maintenue en 2011 (trois milliards de dirhams à fin juin), à la faveur d'une politique "proactive" de promotion de cette destination, appelée à devenir "un hub régional sur l'Afrique". "Les Français sont déjà présents en Afrique, mais ils choisissent de plus en plus de s'installer au Maroc pour développer leurs activités sur le marché africain", comme l'a assuré le Directeur général de l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI), M. Fathallah Sijilmassi, dans un entretien à la MAP. Il s'est dit satisfait de l'action de l'AMDI, "bras armé" du gouvernement marocain pour la mise en oeuvre de ses différentes stratégies d'attraction des investissements, notamment français vers le Maroc où l'Hexagone "reste le premier partenaire en matière d'investissement direct à l'étranger (IDE)". A ce titre, la France représentait 49-pc des investissements cumulés sur la période 2001-2010, avec 123 milliards de dirhams. Au total, le montant des IDE au Maroc est estimé à 239 milliards de dirhams. Eu égard à l'importance de ce marché, l'AMDI a ouvert dès 2010 un bureau de représentation à Paris et agit ainsi d'"une façon proactive pour aller démarcher les différentes entreprises françaises pour les encourager à venir s'installer au Maroc", a souligné son Directeur général. Croissance des IDE français: 3 milliards de dirhams à fin Juin "Nous notons avec satisfaction qu'il y a beaucoup de Joint-ventures. Le développement des investissements français au Maroc, comme pour le reste des autres IDE, se fait également par un développement de l'investissement national, en ce sens que les Joint-ventures impliquent un partenaire marocain, industriel ou financier", a relevé M. Sijlmassi. La croissance des IDE français se reflète aussi bien en volume, avec 3 milliards de dirhams à fin Juin 2011, que sur le plan de la diversité des secteurs concernés. La plus grosse manne a été investie dans la cimenterie avec Lafarge qui vient d'ouvrir une nouvelle usine dans le sud du Maroc, près d'Agadir (2,8 milliards de dirhams, 106 emplois directs), suivie d'investissements dans l'automobile, l'aéronautique, les technologies de l'information, l'électronique, les énergies renouvelables, ou encore le tourisme à travers le développement notamment des groupes ACCOR et Pierre & Vacances au Maroc. Dans un contexte difficile, marqué par la crise économique mondiale et le "Printemps arabe", l'AMDI a multiplié, tout au long de l'année, des actions de communication pour rassurer les entreprises françaises sur les opportunités d'investir au Maroc et sur l'avenir prometteur de cette destination, a assuré M. Sijilmassi. Deux points de vigilance: Crise économique et "Printemps arabe" A cet égard, son établissement a identifié deux points de "vigilance", dont le premier est lié à "l'impact indirect" pour le Maroc du "Printemps arabe". "Il y a eu un risque de confusion pour ceux qui ne connaissent pas très bien la région, mais heureusement en France, c'est moins vrai que pour d'autres pays", a-t-il assuré. En mars 2011, l'AMDI avait organisé, en coopération avec le patronat français (MEDEF) une grande manifestation à Paris où pas moins de six ministres marocains avaient fait le déplacement, avec une forte délégation d'hommes d'affaires marocains, "pour justement expliquer les réalisations de notre pays", auprès des investisseurs français, a indiqué M. Sijilmassi. "Les incoming visit que nous organisons et qui consistent à faire venir les investisseurs potentiels pour leur montrer sur place les réalisations du Maroc et examiner plus en profondeur avec eux les gains en compétitivité qu'ils peuvent générer grâce à une installation dans le marché marocain sont aussi l'occasion de rassurer sur les conditions de stabilité et de prospérité" dont jouit le Royaume, estime le DG de l'AMDI. L'autre point de vigilance a trait, selon lui, à la situation économique en Europe et en France en particulier qui "peut pousser les entreprises à être plus attentives dans leur prise de décision ou différer leurs programmes d'investissement initialement prévus". "C'est là où la démarche proactive devient plus importante parce qu'elle vise à faire en sorte que l'entreprise, justement en raison de difficultés économiques et conjoncturelles en Europe, puisse du coup voir le Maroc comme une solution à ces problèmes", a relevé M. Sijilmassi. Il se dit convaincu que, dans ce contexte, le Maroc présente "des conditions optimales de renforcement de la compétitivité des entreprises qui en Europe auraient des difficultés de croissance et de compétitivité".