Baraka réussira-t-il à convaincre ? Le Projet de loi de finances pour l'année 2013, qui devrait être présenté ce mercredi après midi devant les deux chambres du parlement, comporte de nombreuses nouvelles mesures fiscales. Des mesures qualifiées par les syndicats, comme par une bonne partie de l'opposition, d'«inadaptées» voire «incongrues». Comme il fallait s'y attendre, les syndicats, par principe, se bornent à une critique purement «militante». Aussi, faute de temps, l'opposition, autant que le citoyen lambda, ne pourrait aller plus loin dans l'analyse du projet de budget pour l'année 2013. Le gouvernement, tout en constatant l'ampleur des déficits cumulés, au plan social et économique, parle de progrès : réduction du déficit budgétaire, poursuite des investissements publics pour créer de l'emploi. A première vue, ce projet de budget 2013 n'est pas nouveau ni original. Il va falloir savoir où l'on va et comment s'y rendre. Sachant que dans le contexte d'aujourd'hui, le Maroc est placé sous surveillance par les banques d'affaires et les agences de notation. Que fera donc le gouvernement pour, à la fois, rétablir les grands équilibres macro-économiques et répondre à des attentes sociales de grande ampleur ? Les mesures fiscales adressées à l'entreprise seront-elles suffisantes pour booster les milieux économiques, dont le moral est fortement malmené ces derniers temps ? Une chose est certaine : le débat au parlement risque d'être houleux tant que le constat établi par les parties prenantes (gouvernement-patronat et syndicats) n'est pas le même. Pour le moment, le gouvernement a réussi à déposer son projet de loi de finances au Parlement dans les délais prescrits, c'est-à-dire le 20 octobre ou 70 jours avant la fin de l'année. Dans le rapport de présentation, le gouvernement dit maintenir les réformes annoncées : réduction du déficit budgétaire, réforme fiscale, maîtrise des dépenses, meilleure gouvernance des projets d'investissements publics, promotion de l'emploi et réduction des disparités sociales et régionales. Bien entendu, il est difficile de prévoir l'évolution future de l'économie mondiale, notamment celle des matières premières (pétrole et produits agricoles). Difficile aussi de tabler sur un scénario de croissance, alors que les prévisions économiques sont généralement contrariées par la conjoncture. Comment le Maroc, confronté à des choix majeurs, pourrait-il alors financer ses besoins essentiels pour la compétitivité et la solidarité sociale ? Une croissance aux alentours de 4% est-elle possible ? Quels instruments mobiliser pour agir efficacement et à moindre coût ? Comment maîtriser les dépenses de compensation et les écarts budgétaires, en cas d'envolée des cours des matières premières (pétrole, blé, sucre, tourteaux...)? Connaissant le gap des finances publiques et la tension sur les liquidités bancaires, on se demande si le gouvernement saurait assurer cette traversée du désert sans trop de dégâts ? Les questions foisonnent et les observateurs restent sereins, pour l'instant. Au fond, les défis qui attendent le gouvernement sont de grande envergure: réduire le chômage des jeunes, diminuer les disparités sociales et régionales, opérer des réformes structurelles touchant la fiscalité des salariés et des entreprises... La Réforme, avec un grand R est fortement attendue.