Un véritable problème de santé au Maroc qui requiert toute l'attention requise - Un plan d'urgence est adopté en la matière pour améliorer la qualité des services de santé mentale - Le CNDH recommande de renoncer à la création de sept hôpitaux régionaux de psychiatrie Le ministre de la santé, Pr. El Houssain Louardi, a indiqué, mercredi, que la santé mentale est un véritable problème de santé au Maroc, comme c'est le cas d'ailleurs dans d'autres pays, rappelant que son département a adopté un plan d'urgence pour redresser la situation du secteur, confronté à une série de contraintes et dysfonctionnements. Dans une allocution, dont lecture a été donnée lors d'une rencontre organisée par le groupe du Progrès démocratique à la chambre des représentants, sous le thème «Quel traitement pour le cas de la situation mentale au Maroc», le ministre a indiqué que l'adoption d'un plan d'urgence a été dictée par le souci d'améliorer la qualité des services au niveau de tout le territoire national, de rapprocher les services de santé des citoyens, en assurant notamment à tous les citoyens des services de santé mentale de manière équitable et à moindre coût. Un important budget a été alloué à ce plan. Dans son plan d'action 2012-2016 concernant la santé mentale, le ministère, a-t-il dit, compte entreprendre une série d'actions structurantes tout en initiant nombre d'activités visant à lutter contre la discrimination et la stigmatisation des personnes en souffrance de maladies mentales. Selon le ministre, la capacité totale litière du secteur se limite à 2234 lits, répartie entre le secteur universitaire (4 CHU: 636 lits), six hôpitaux spécialisés (825 lits) et 20 services de psychiatrie intégrés dans les hôpitaux généraux (773 lits) en plus de 80 centres de santé qui dispensent des conseils en matière de santé mentale. Deux services spécialisés en matière de toxicomanie et d'alcoolisme (32 lits à Casablanca et Salé) et d'autres centres à Oujda, Rabat, Nador et Tanger renforcent les structures existantes. Le ministre a fait savoir que les ressources humaines en santé mentale se limitent pour le moment à 197 psychiatres et 753 infirmiers spécialisés, ajoutant par ailleurs qu'un budget de 35 millions de dirhams a été alloué au secteur pour l'année en cours en plus de 50 millions réservés à l'acquisition des médicaments. Pour améliorer la situation dans le secteur, le ministère a programmé la formation de 30 psychiatres par an, la création de quatre services universitaires de psychiatrie pour enfants et adolescents, la formation de 185 infirmiers par an et l'adoption d'autres mesures visant à développer le secteur, a-t-il rappelé. Dans le cadre de son action, le ministère a programmé aussi de faire passer en 2016 la capacité du secteur de 2234 lits à 3000 lits et d'œuvrer pour le parachèvement des travaux de construction de 4 hôpitaux régionaux spécialisés de 120 lits chacun, la création de 22 services de traitement des maladies mentales et psychiques dans les hôpitaux et la restauration des services intégrés dans les hôpitaux publics. Le ministre s'est ensuite longuement arrêté sur la problématique des médicaments, assurant qu'un plus grand nombre de malades vont désormais bénéficier de la gratuité des soins et des médicaments dans les hôpitaux publics. Selon l'enquête nationale de prévalence des maladies mentales et psychiques au sein de la population générale, réalisée durant la période 2003-2006, 450 millions de personnes sont atteintes d'affections neuropsychiatriques (dépression, schizophrénie, troubles liés à l'alcool et à l'utilisation de substances psychoactives...). D'après cette enquête réalisée pour le compte du Service des maladies mentales et des maladies dégénératives du ministère de la santé, 26,5 % des malades (adultes de 15 ans et plus) sont atteints de troubles dépressifs, 9,0 % de troubles d'anxiété généralisée et 5,6 % de troubles psychotiques. Les participants à cette rencontre ont par ailleurs pris connaissance des résultats d'une Mission d'information et d'investigation du Conseil national des droits de l'homme (CNDH) sur les établissements hospitaliers chargés de la prévention et du traitement des maladies mentales et de la protection des malades mentaux, selon lesquelles la santé mentale au Maroc n'a pas la place qu'elle mérite dans les politiques publiques, en raison surtout de la mauvaise qualité des services médicaux et non médicaux administrés aux usagers de la psychiatrie et des conditions de vie auxquelles ils sont soumis durant leur hospitalisation et la stigmatisation générale des malades. Des mesures urgentes doivent être prises pour faire face à cette situation alarmante, estime le CNDH, qui recommande de renoncer officiellement et administrativement à la création de sept hôpitaux régionaux, qui étaient programmés en réaffectant le budget initialement destiné à leur construction et leur équipement et les ressources humaines qui étaient prévues pour leur encadrement aux établissements publics de psychiatrie existants selon leurs besoins. La Mission du CNDH appelle aussi à résoudre d'urgence le problème du pavillon des femmes à l'hôpital de Tétouan, qui porte atteinte à la dignité et à l'intimité de ses usagères et arrêter le processus de délabrement de cette structure et à se pencher sur l'examen de la situation de l'hôpital de Berrechid. Elle estime aussi urgent de procéder à la restauration des structures existantes à Meknès, Safi et Khouribga et de revoir en profondeur le cadre légal régissant le secteur. Intervenant au nom du Groupe du progrès démocratique dont il est président, le député Rachid Roukbane a indiqué que le choix de ce thème découle de l'intérêt que portent les députés du PPS à la santé des citoyens en général et à leur santé mentale en particulier, précisant que son groupe ne ménagera aucun effort pour réactualiser et rénover le cadre juridique régissant le secteur. Il a également rappelé que son groupe estime nécessaire de redresser la situation du secteur de la santé mentale au Maroc à travers notamment l'adoption d'une nouvelle politique stratégique qui n'exclut personne et qui bénéficie à toutes les régions du pays, tout en œuvrant pour restaurer et réhabiliter les structures existantes et d'en créer de nouvelles pour permettre à toute la population de bénéficier de services de santé mentale de proximité. Plusieurs députés issus de différents groupes parlementaires, des experts en la matière ainsi que des membres du CNDH ont suivi les travaux de cette rencontre, qui se sont déroulés sous la présidence de la députée Nouzha Skalli, membre du Groupe du progrès démocratique.