Ils sont partout. A l'entrée des mosquées, à la sortie des écoles et magasins et même sonnent à la porte de votre domicile. Malgré les efforts fournis par l'Etat afin d'éradiquer ce phénomène qui agit négativement sur l'économie marocaine et l'image du pays dans le monde, beaucoup reste à faire pour en finir définitivement avec la mendicité qui tend à devenir de plus en plus professionnelle. La mendicité est une activité bien structurée et qui bénéficie d'une logistique digne d'une vraie mafia spécialisée. Chaque zone d'une ville donnée, par exemple Casablanca, est supervisée par un chef de bande qui trace les grandes lignes et dirige les mendiants vers les endroits susceptibles d'enclencher l'âme charitable des Marocains et Marocaines. Pis encore, pour chaque zone, il y a un «chef de secteur» attitré auquel les mendiants sont obligés de verser le droit d'occupation ou le droit à mendier. Les mendiants et surtout les femmes, «louent» des enfants en bas âge afin de susciter la compassion des passants et être assurées de pouvoir soutirer l'aumône des âmes les plus charitables. D'après les dires d'une mendiante dont le QG est situé au centre ville, non loin de Bank Al Maghrib et qui a préféré garder l'anonymat de peur de représailles de la part de son chef, les enfants sont loués en fonction de leur âge. Cela va de 50 à 100 DH la journée. Aussi et d'après les dires de cette mendiante professionnelle, il existerait un autre mode qui commence à voir le jour dernièrement, ce sont des supposés handicapés. En effet, dans les différents bus de la capitale économique, il ne se passe une journée sans qu'un handicapé moteur ou mental ne fasse irruption pour demander de l'aumône avec comme récompense, des implorations à Dieu pour qu'il vous préserve contre la maladie. Dans le cas où vous vous abstenez de lui verser le fameux dirham symbolique, tout simplement, vous ne bénéficierez pas des «daâouat» du mendiant, dans la majorité des cas professionnel en la matière. Une autre catégorie de mendiants fait de nos jours, la concurrence aux vétérans de ce dit «métier». Il s'agit des grands communicateurs qui vous abordent en pleine rue ou à la sortie des gares ferroviaires. Souvent très bien habillés, rasés à la perfection, parlant un accent digne des fils de grandes familles, ces mendiants pour la pluspart du temps jeunes, n'hésitent pas à vous étaler un CV détaillé de leur situation familiale, leurs diplômes, pour enfin vous demander de leur donner 10 à 20 DH et parfois plus, afin qu'ils regagnent leur ville d'origine. «A la sortie d'une agence bancaire sise au Boulevard Yacoub El Mansour à Casablanca, deux jeunes femmes, cette fois-ci, tirées à quatre épingles m'abordent en me demandant de leur verser 300 DH afin qu'elles puissent subvenir à leurs besoins et se prendre en charge du fait qu'ils sont originaires de Khémisset», affirme un jeune casablancais qui se dit harceler par le nombre ahurissant de mendiants qui investissent les grandes artères de la capitale économique du Royaume. Le jeune homme persiste et signe «je préfère donner de l'argent pour qu'ils me laissent en paix, plutôt que d'entendre les bobards de ces gens là». C'est là son avis qui se respecte. Néanmoins, l'approche de ce jeune homme rend un grand service aux mendiants et leur permet de gagner un argent fou. Souvenez-vous de l'affaire qui avait secoué l'opinion publique, relative à l'arrestation d'une mendiante à Casablanca avec à la poche plus de 60.000 DH cash. Comme quoi la crise économique ne touche pas tous les secteurs... A Casablanca, à titre d'exemple, l'Etat a mis en place des patrouilles de Samu Social, spécialisé dans la poursuite des mendiants, pour les intégrer par la suite dans le centre de Tit Mellil afin qu'ils soient pris ne charge et poursuivent des formations qui leur permettraient d'être des éléments actifs dans la société et gagner leur pain quotidien par leurs propres efforts, non pas en tendant la main à autrui. Malheureusement, il semble que ces efforts n'aient pas encore donné les résultats souhaités. Normal, il faut que les mendiants eux-mêmes prennent conscience de la nécessité de changer leurs vies et ne plus mettre à mal leur dignité.