"L'enfant n'est pas un mendiant…", est le thème d'une campagne régionale de sensibilisation contre la mendicité par l'usage des enfants, organisée entre le 29 avril et le 30 juin, par le bureau central à Casablanca du club UNESCO pour la communication culturelle et sociale. Interview avec son président, Miloud Anouar. ALM : Pourquoi une campagne de sensibilisation contre la mendicité par l'usage des enfants ? Miloud Anouar : Nous entreprenons une campagne de sensibilisation contre la mendicité par l'usage des enfants pour mettre l'index sur un fléau qui ronge de plus en plus notre société et pour combattre l'exploitation de nos enfants, qui devraient, en réalité, être aux bancs des écoles. Ce malheur prend d'un jour à l'autre de plus en plus d'ampleur au point qu'on ne rencontre plus les mendiantes sans qu'elles ne soient accompagnées d'un enfant et parfois de nourrissons. Mais ce fléau n'est pas récent, il existe depuis longtemps, pourquoi donc s'y intéresser aujourd'hui ? Effectivement, il s'agit d'un malheur qui remonte à plusieurs années, mais les circonstances n'étaient pas favorables pour le soulever. Il y'avait d'autres dossiers qui intéressaient notre société plus que ceux des mères célibataires, le viol des enfants, de la mendicité par l'usage des enfants et d'autres. A titre d'exemple, le Code de la famille. Toutefois, nous pensons qu'aujourd'hui les circonstances sont convenables pour au moins sensibiliser les citoyens afin qu'ils combattent ces mendiants qui utilisent les enfants. Comment le citoyen va-t-il les combattre ? C'est très simple, il va s'abstenir de leur donner l'aumône. Nous pensons qu'au fil des jours, des semaines, voire des mois, ces mendiants se convaincront que personne ne leur donnera quoi que ce soit s'ils accompagnent un enfant, ils sauront que cet enfant ne sera qu'un fardeau qui empêche les bienfaiteurs de leur donner la charité. Vous ne pensez pas que le citoyen va s'opposer à l'alarme que vous avez sonnée en se référant à l'Islam qui incite les croyants à faire l'aumône aux nécessiteux? Avant tout, la charité a ses conditions dans l'Islam. Elle n'est pas donnée arbitrairement. L'Islam nous sollicite à la donner d'abord aux proches et de chercher qui la mérite. Il ne nous incite pas à la verser à ceux qui se présentent devant vous en compagnie d'un enfant. En plus, l'Islam interdit quiconque d'exploiter un enfant pour attirer la pitié des bienfaiteurs et de le priver d'une vie honnête. Quel sera le programme de cette campagne ? D'abord la campagne va s'étaler sur une période de deux mois, du 29 avril au 30 juin 2004. Elle ciblera seulement la ville de Casablanca où des autocollants et des dépliants vont être distribués dans les boulevards, les rues, les lieux publics, les locaux des établissements publics et privés, les publiphones, sans oublier les rencontres directes avec les citoyens dans les bus et les places publiques. Ainsi, des stands d'information seront installés dans des établissements et instituts scolaires, dans les centres d'éducation et de formation appartenant à la Coopération nationale, sans oublier une journée d'information qui sera organisée à la forêt de Bouskoura avec la participation des étudiants des hauts instituts et des enfants et jeunes des maisons de bienfaisance, ainsi que des soirées et des pièces théâtrales. Qui veillera sur cette campagne de sensibilisation ? Nous avons 400 jeunes encadreurs, garçons et filles, qui vont veiller sur cette campagne. C'est eux qui vont sortir à la rue et aux lieux publics pour rencontrer les citoyens et les convaincre à s'abstenir à donner l'aumône aux mendiants qui utilisent les enfants et pour distribuer les autocollants et les dépliants. Quel est l'objectif précis de votre campagne ? L'objectif est de préparer le citoyen et le sensibiliser afin que les autorités publiques prennent l'initiative par la suite et assument leur responsabilité. Car si nous arrivons à regrouper la société marocaine pour dire enfin non à la mendicité des enfants et par les enfants, les autorités publiques seront obligées de chercher une solution convenable pour combattre ce fléau.