Il est temps pour le Maroc de s'orienter vers des marchés non traditionnels, tels que la Chine, l'Inde, le Brésil, la Corée du sud, mais surtout vers l'Afrique... L'Europe ne doit plus constituer la destination majeure de nos économies. C'est en somme le message essentiel véhiculé par l'expert économique et membre du bureau politique du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) Abdessalem Seddiki. Intervenant, jeudi soir à la chambre du commerce, d'industrie et des services à Fès, dans le cadre de l'espace du parti pour les cadres, l'universitaire a expliqué aux présents les aspects de la crise qui touche de ses maux le royaume, notamment le volet du déficit commercial, mais aussi quelques pistes à même d'éviter l'impasse. «Notre pays reste déficitaire au niveau de la balance commerciale avec tous les pays envers lesquels il se lie de conventions commerciales», dit-il, avant de préciser qu'il est impératif pour le Maroc de fouiller les opportunités économiques et commerciales que présente le marché africain. « Certes, plusieurs banques marocaines ainsi que certains hommes d'affaires sont actifs en Afrique, mais le Maroc a encore un rôle jouer dans le continent noir, nos artisans, nos pêcheurs et nos hommes d'affaires peuvent y faire fortune, et ce n'est pas pour rien si la Chine mise trop sur ce marché presque vierge », fait préciser M. Seddiki. Niveau interne, l'expert économique a appelé à une réforme radicale en matière de la fiscalité, « un chantier qui ne peut plus attendre... et qui doit figurer dans la prochaine loi de finances 2013 ». Et de renchérir que le traitement des investisseurs à ce niveau (fiscal) ne peut ni doit être égal. «Nous ne pouvons avoir la même imposition envers un investisseur qui réinvestit ses revenus et gains en permanence, et un autre qui préfère en faire autre usage», fait expliquer celui qui a représenté le PPS lors de la rédaction du programme du gouvernement. Concernant la question de l'économie de rente, M. Seddiki a été, on ne peut plus, clair : «Les secteurs ou sévit l'économie de rente sont connus, notamment le Transport, les Carrières, la Pêche maritime... Et ce n'est point par des actes isolés qu'on arrivera à bloquer une telle pratique, mais, bel et bien, une stratégie intégrée, car les réformes profondes nécessitent du temps». Pour sa part, Moulay Ali Idrissi, membre du bureau politique du PPS, a passé en revue les enjeux de la participation du parti du livre au gouvernement Benkirane, expliquant qu'il a fallu «du courage, du sens de la responsabilité, mais aussi de la perspicacité, afin de poursuivre les chantiers déjà entamés et partant contribuer à la préservation d'un processus démocratique particulier». Pour lui, le Maroc présente une expérience différente, mais aussi particulière à plusieurs égards, notamment en raison de la nature de l'autorité qui a été interactive avec les aspirations populaires et démocratiques, une sagesse qui permis d'éviter au pays un sort catastrophique. Trois dimensions marquent l'état des lieux politique, selon M. Idrissi. D'abord, une constitution avancée, moderniste et globale, ensuite un parlement, notamment une chambre des représentants dynamique, grâce à une présence juvénile patente, et enfin une prévalence des droits humains dans toutes les approches suivies pour le développement du pays. Tout cela précise, le dirigeant du PPS, a entraîné un renouvellement de l'exercice de la politique. Et c'est à partir de ce constat que l'on exige du gouvernement actuel l'entreprise de réformes profondes, puisqu'il est « le mieux disposé par tous les autres gouvernements passés à le faire ». La réponse aux attentes populaires et démocratiques, dit-il, favorisera bien une consolidation sociale, elle-même, nécessaire pour assurer un climat sain pour les investisseurs et partant à un développement intégré. Le débat qui s'en est suivi lors de cette rencontre modérée par Lahcen Saou, secrétaire provincial du PPS, a permis de mettre la lumière sur plusieurs questions majeures, notamment la polémique autour de la lutte contre la corruption. Bien qu'un nombre d'intervenants ont mis l'accent sur la nécessité d'accorder une importance à ce point, M. Idriss a expliqué que « ce slogan peut avoir des effets néfastes dans la mesure où l'on tombera dans un négativisme et une lecture noire de tout le paysage politique et économique, ce qui peut également impacter le secteur des investissements au Maroc». Et de conclure que si la première année a été particulière, «des réformes et des mesures concrètes devrait être initiées dans les sept prochains mois».