Comme mentionné précédemment, l'association de l'université d'été a clos, dimanche dernier, les travaux de sa dixième édition, en se concertant sur les conclusions de cette rencontre. En fait, après trois jours de débats et d'échanges, les participants à cet événement d'envergure, chercheurs, acteurs politiques et associatifs, académiciens, nationaux et d'outre-mer, ont convenu ce qu'ils ont appelé communément «l'appel d'Agadir». Dans la lignée des plates-formes, chartes et communiqués adoptés par le mouvement amazigh, toutes sensibilités confondues, des décennies durant, en direction de la question amazigh, en tant que langue, culture et identité, au Maroc, aux pays de Tamzgha et au diaspora, les congressistes s'adressent à l'opinion nationale, maghrébine et mondiale, par le biais d'un appel solennel dont les principaux axes s'articulent autour de la concrétisation des efforts couronnés, enfin, par la reconnaissance officielle dans la loi suprême de la Nation. Tout d'abord, il est question d'activer la promulgation de la loi organique, dans le cadre de l'immunisation des acquis et de la préservation des choix relatifs à la constitutionnalisation de l'amazighité. A ce propos, il est impératif d'insérer la langue et la culture amazighes dans les instituts, les écoles, les centres de formation dans les divers domaines et fonctions publiques, en assurant la généralisation et la budgétisation nécessaires. Dans le même ordre d'idées, il s'avère nécessaire d'introduire l'amazighité dans les instituts de formation inhérents à l'information et la communication, selon une approche moderne dans les différents niveaux artistiques, en relevant les quotas de tamazight dans les cahiers des charges et les moyens logistiques de couverture à travers le territoire du royaume. D'autre part, le pouvoir judiciaire est appelé à évoluer l'autonomie et le civisme, tout en prenant en compte la spécificité amazighe en ce qui concerne la préparation du projet de la réforme judiciaire, à partir de la qualification des intervenants et la mise en œuvre des documents rédigés en tamazight. Au plan institutionnel, il est judicieux d'annexer le concept de « tamazight » au concept « arabe » dans tous les textes législatifs en vigueur. D'autre part, la culture amazighe devrait être valorisée au niveau du patrimoine et des besoins des individus, des toponymies humaines et spatiales et des représentativités des intéressés amazighs dans les commissions, des institutions et des manifestations culturelles, au Maroc et Ailleurs. Dépasser l'approche sécuritaire et administrative et prendre en considération la donne amazighe dans les politiques régionales, telles seront les atouts majeurs du projet de régionalisation, axée sur la démocratisation de la gestion des affaires publiques et la promotion des régions et des populations défavorisées. Il est également impérieux de mettre un terme à toutes les formes d'oppression et d'exclusive dont pâtit encore l'amazighité, en termes d'enregistrement des noms amazigh à l'état civil, de débat en tamazight dans les lieux publics, de l'usage de Tifinagh aux affiches, dépliants, fresques murales, de l'enseignement de tamazight dans les académies et délégations... En fin, les participants au colloque d'Agadir revendiquent l'officialisation de tamazight dans l'ensemble des pays Tamezgha, à l'instar de l'expérience marocaine, en multipliant les visites et les initiatives dans ce sens et favorisant l'action commune. Même démarche devrait être de mise à la diaspora, en corrélation avec les conventions universelles. L'appel d'Agadir ne peut s'achever sans exprimer sa solidarité avec les détenus de la cause amazighe, en exigeant formellement leur relâchement urgent, tout en soutenant les mouvements protestataires pour les droits légitimes, social, économique et culturel, ainsi que les amazighs de Azaouad dans les différentes régions du pays.