Quelle mission s'assignent les radiodiffusions régionales du pays ? A coup sûr, au côté de la vocation informationnelle qu'elles priorisent, leur rôle est incontestablement éducationnel et pédagogique, à l'égard de larges couches de la société, souvent illettrée et démunie, dans les montagnes comme les patelins reculés. Or, combien d'entre elles, s'attellent consciencieusement à cette noble tâche ? Pas beaucoup, hélas ! Durant ces dernières années, dans le sillage de la démocratisation dans laquelle il ne cesse de s'engager, avec conviction et détermination, le Maroc s'est lancé aussi dans un élan de libéralisation de son champ d'information. La démarche est d'autant plus judicieuse qu'elle répond à un besoin vital de proximité, aux confins de toutes les régions, avides d'identification aux spécificités traditionnelles et identitaires. Une kyrielle de radios régionales a donc vu le jour, avec cette éclaircie salvatrice, après un long monopole central étouffant et aux appréhensions purement sécuritaires. Cette dynamique a permis, en fait, une réelle émulation parmi ces structures radiophoniques privées qui, tout d'abord, contribuent foncièrement à l'absorption du chômage des jeunes et raffermissent chez nombre de compétences, le talent de la recherche novatrice. Cependant, l'on constatera, par-ci, par-là, non sans exacerbation, qu'un certain nombre de radiodiffusions régionales tombent dans des médiocrités déconcertantes, au niveau de la programmation et du traitement des émissions. On a malheureusement tendance à idiotiser le grand public, à travers des comportements mesquins, entachés de bavardages abusifs, de lexiques bas et de réflexes creux et anodins. Certaines antennes gravitent autour d'un seul personnage qui se paie le luxe, à cause de cette habituation émotionnelle bourrée de sottise et de loufoquerie vis-à-vis de l'auditoire, de produire des conduites futiles et insensées. D'autres radios ne parviennent jamais à se débarrasser de la monotonie et de la redondance d'une approche programmatique vétuste. On conviendra alors que tout ce qui intéresse ces boîtes à sons cacophonique, est bel bien le souci de l'intéressement mercantile, sans jamais déployer un minimum d'effort rénovateur en direction des populations qu'elles considèrent comme le « bétail » des grandes prairies. On déplorera, en conséquence, cette préoccupation pécuniaire de certains propriétaires des radiodiffusions régionales aux dépens des valeurs de la sacralité de l'information et de la respectabilité des sentiments des citoyens. Il est vrai que le législateur marocain a pensé, pareillement, à la mise en place d'une institution corrective et rédhibitoire en la personne de la HACA, pour justement accompagner et catalyser ce projet d'envergure. Mais, les attributions de celle-ci se limitent au respect des cahiers des charges, sous peine de pénaliser les contrevenants en termes de conformité et d'alignement aux principes de la profession. Les choix des programmes et des acteurs, ainsi que la ligne éditoriale de telle ou telle radiodiffusion relèvent, bien entendu, de la liberté d'action. Or, c'est à ce niveau où le déficit radiophonique est flagrant. Il est donc anormal qu'une radio, sous prétexte de la liberté et de l'autonomie, tire vers le bas toute une conscience collective agissante, à travers un produit radiophonique dépourvu d'acceptabilité minimale en matière de respect, de sérieux et de qualité. Il s'agit, en fait, d'un véritable « délit » public auquel s'adonnent certaines radios régionales et contre lequel des mesures drastiques se doivent de se procréer, sans jamais porter atteinte à la liberté d'expression. Les citoyens ont également le droit à une radio digne, respectueuse et performante.