Fipar Holding, filiale du Groupe CDG, vient de céder un paquet de 156.224 actions Eqdom (ou 9,35% du capital) au prix unitaire de 1.860 DH. La transaction, officialisée par le CDVM, s'est déroulée lundi 11 juin sur le marché de blocs de la Bourse de Casablanca, au profit du RCAR, autre filiale (retraite) de la CDG. Cette dernière contrôle désormais un peu plus de 15% du capital du n°2 du crédit à la consommation au Maroc, après Wafa Salaf. Autrement dit, cet actif de valeur reste dans la maison CDG, mais dont les dividendes 2011 estimés à quelque 17 millions DH profiteront au RCAR. Titre coté à la Bourse de Casablanca, Eqdom traite actuellement à un cours inférieur à 1.700 DH, contre 1.860 son plus haut niveau cette année, soit une contreperformance de 9,36%. La société procédera, cette semaine, à la distribution d'un dividende de 110 DH/action (dont 50 DH au titre de dividende exceptionnel). En dépit d'un contexte de morosité, Eqdom, société de financement sous contrôle de la Société Générale, a enregistré, au terme de l'exercice 2011, un résultat net de 250,2 millions DH, en amélioration de près de 3% par rapport à 2010. Il y a dix ans, la cession d'Eqdom, star du marché, par le Groupe ONA au Groupe Société Générale, (au prix de 800 DH l'action) a suscité l'émoi du marché, surtout des petits porteurs qui devaient se séparer de leurs actions (dans le cadre d'une OPA sur les 8% du capital restants) au prix de 700 DH. Aujourd'hui, Eqdom refait surface avec cette transaction un peu singulière entre les deux filiales du Groupe CDG. Au fond, l'histoire est un peu alambiquée du fait que le Groupe CDG que préside Anas Alami, a besoin de revigorer sa trésorerie, après la publication d'un résultat consolidé 2011 en baisse de 58%, ne dépassant pas les 800 millions DH au lieu de 1,9 milliard DH en 2010. 2011 fut donc une année moins porteuse pour la Caisse, en raison de la forte dépréciation de son portefeuille actions, en lien notamment avec la contreperformance du titre BMCE, qui a représenté une moins-value de 607 millions DH. Pour rappel, CDG avait acquis, en mars 2010, 8% du capital de BMCE. Transaction au prix fort La transaction Eqdom, d'un volume de 290,57 millions DH, risque-t-elle de changer grand-chose au niveau des agrégats du Groupe CDG. Rien n'est acquis d'avance. La migration de ce paquet d'actions Eqdom vers le RCAR va-t-il sauver ce régime des retraites presque unijambistes ? Les 17 millions DH attendus, au titre des dividendes, suffiront-ils à dissiper toute inquiétude quant au sort du fonds de réserves, fort épuisé, de la caisse des retraites ? La question mérite d'être posée surtout que cette acquisition a été payée au prix fort et rubis sur ongle. Une chose est certaine : Eqdom, cette «vieille dame», restera dans la maison. En interne, on semble nourrir l'espoir de voir la Place de Casablanca retrouver un peu plus de vigueur pour éviter une nouvelle dépréciation des actifs. Or, jusqu'ici, depuis deux ans, le marché boursier casablancais est dans une débâcle ouverte. Toutes les valeurs cotées prennent la voie de sortie par le bas. Rien ne va plus ou presque. En tout cas, le marché est désert et les transactions, quand il y en a, sont réduites à la portion congrue. Investisseur institutionnel de premier ordre, la CDG, ayant sous la main un trésor de guerre (avec des ressources à moindre coût provenant de la CNSS, entre autres), est présent dans presque tous les secteurs clés de l'économie (immobilier, banque, assurance, tourisme, prévoyance...). Sauf que son expansion économique prend, par endroits, une allure pour le moins fictionnelle. Cela semble fonctionner, mais... Faut-il, oui ou non, placer l'argent des retraités en Bourse ? La CIMR, elle aussi, le fait! Un raccourci facile, mais très dangereux. A la Bourse, «les arbres ne toucheront jamais le ciel ». La CDG, qui s'est donné tant de mal pour sauver le CIH, une banque convalescente, aura du mal -en principe- à justifier le rachat de près de 10% du capital de BMCE et encore moins à placer l'argent en bourse dans du papier pourri. Dire que nos zinzins ont transformé la Bourse en casino, cela ressemble à une litote. Mais, si le management du Groupe se cantonne dans le silence, ce serait déprimant. Car, mine de rien, la communauté financière de la Place s'interroge sur cette logique «marchande» intergroupe. Anas Alami, patron du Groupe, un «type bien», applaudi pour ses talents de manager et de financier pour avoir piloté la modernisation de Poste Maroc et la création d'Al Barid Bank, ne devrait tarder à sortir du bois pour donner de la voix. Car, pour ce genre d'opération, de par sa taille et le volume en jeu, il est recommandé de communiquer, se livrer à des exercices de pédagogie pour faire comprendre les adaptations... Si le portefeuille CDG a fondu, ce n'est pas anodin. Il s'agit du premier investisseur du pays, et à ce titre, il se doit de conserver une capacité de développement conséquente avec une trésorerie solide, surtout en ces temps de crise et d'incertitude.