Le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a annoncé, samedi à Rabat, que les pensions minimales des retraites seront portées à 1000 DH, dans le cadre du Régime Collectif d'Allocation de Retraite (RCAR). Cette décision qui nécessitera un montant de 1 milliard DH par an, profitera à une large frange de fonctionnaires retraités qui percevaient auparavant des pensions variant entre 200 et 400 DH, a souligné M. Benkirane au début d'une réunion extraordinaire du Conseil de gouvernement. Il a, à cet égard, rappelé que cette décision, fruit de négociations avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), figurait parmi les priorités du programme gouvernemental. Le chef de gouvernement s'est, en outre, félicité de cette mesure qui profitera à une large catégorie d'anciens fonctionnaires et agents retraités des collectivités locales et des établissements publics. Il est intéressant de rappeler que 13 régies autonomes de distribution d'eau et d'électricité devaient rejoindre le RCAR -Régime collectif d'allocation de retraites-. Un accord a été conclu tout récemment entre le ministère de l'Intérieur, tutelle de ces régies, et le Groupe CDG -Caisse de dépôts et de gestion-, maison mère du RCAR, au terme duquel l'intégration des caisses internes de ces régies deviendra effective à partir du 30 juin 2012. L'intégration, à partir de fin juin 2012, de 13 régies d'Eau et d'Electricité, concernera 9.000 agents en activité et 4.000 pensionnés. Ce basculement des Caisses internes ne date pas d'aujourd'hui, sauf que dans le cas de l'ONE, par exemple, l'opérationnalisation n'a pu aboutir, en raison notamment du prix fort à payer pour sauver ces caisses en difficultés d'équilibre depuis belle lurette. Pour nombre d'observateurs, la fusion de l'ensemble des caisses autonomes permettrait des gains d'échelle importants et donc plus de sécurité de rendement. Le rapport «Actuaria» révélait, il y a quatre ans déjà, le déséquilibre dynamique entre le vieillissement de la population et l'augmentation du nombre de retraités. Les actuaires ont mis en avant, dans leur rapport, qui était un véritable pavé dans la marre, l'inéluctable réforme du secteur des retraites au Maroc. Une réforme, considérée comme prioritaire voire urgente, depuis le gouvernement Jettou, puis remise sous le coude par celui d'El Fassi, compte tenu du grave déficit des principales Caisses que compte le pays, depuis la CNSS jusqu'à la CNRA, en passant par la CMR, et même le RCAR à plus long terme. En attendant la mise en place des conditions «préalables» à la mise en œuvre de cette réforme des retraites (comme le développement du marché financier, le cadre réglementaire adéquat, le système de pilotage moderne...), les responsables, notamment au niveau de la CDG, tentent de trouver des solutions à même de réduire et d'amortir les impacts négatifs sur les équilibres financiers particulièrement des caisses internes. A maintes reprises, les responsables du RCAR assurent que « la gestion financière du régime est fondée sur la mise en place d'une gouvernance créatrice de valeur, la connaissance approfondie du profil du passif et l'élaboration d'un processus d'investissement sur mesure ». Mohammed Belmaachi, responsable du pole gestion de l'épargne, qualifié de "positifs" les résultats des caisses de retraite gérées par la CDG sur la période 2002-2011. Le taux de rendement moyen des ressources du RCAR a atteint, selon Belmaachi, 5,03 %, contre 4,17 % pour la CNRA et 4,72 % pour la CNSS. La CDG, par la voix de son DG, Anass Houir Alami, promet d'affiner la gouvernance, en se basant sur les standards internationaux consistant en la séparation entre la gestion administrative des prestations et la gestion financière d'actifs. Ceci étant, le vieillissement est l'avenir de chacun de nous et la retraite n'est pas un luxe. Il s'agit d'un droit humain fondamental, repris d'ailleurs dans le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, adopté en 1966 par l'assemblée générale des Nations Unies. Il ne faudrait donc pas considérer la retraite comme une charge, mais comme un investissement. Sa revalorisation est nécessaire pour éviter une dégradation du pouvoir d'achat des retraités.