On ne connait pas encore le prix du ticket d'entrée des 13 régies autonomes de distribution d'eau et d'électricité au RCAR -Régime collectif d'allocation de retraites-. Ce que l'on sait, en revanche, c'est qu'un accord est conclu entre le ministère de l'Intérieur, tutelle de ces régies, et le Groupe CDG -Caisse de dépôts et de gestion-, maison mère du RCAR, au terme duquel l'intégration des caisses internes de ces régies deviendra effective à partir du 30 juin 2012. Cette nouvelle, fournie par Moulay Ahmed Cherkaoui, patron du RCAR, mardi à Rabat, a de quoi alimenter le débat public. Certes, ce mouvement d'intégration des caisses internes de retraites ne date pas d'aujourd'hui, sauf que dans le cas de l'ONE, et de l'ONEP, par exemple, l'opérationnalisation n'a pu aboutir, en raison notamment du prix fort à payer pour sauver ces caisses en difficultés d'équilibre depuis belle lurette. L'information, lancée, au cours d'un séminaire sur la «gestion des fonds de retraites : réalité et perspectives», ne pouvait être qualifiée de banale. Ce basculement vers le RCAR a, sans doute, ses avantages, mais les concernés (les pensionnés et futurs retraités), faute peut-être de communication, en ont une autre conception : plus de cotisation et moins d'avantages. Ceci étant, Il y a lieu de noter qu'en matière de gouvernance, la fusion de l'ensemble des caisses de retraites permettrait, de l'avis général des spécialistes, des gains d'échelle importants et donc plus de sécurité de rendement. Le rapport «Actuaria» révélait, il y a quatre ans déjà, le déséquilibre dynamique entre le vieillissement de la population et l'augmentation du nombre de retraités. Les actuaires ont mis en avant, dans leur rapport, qui était un véritable pavé dans la marre, l'inéluctable réforme du secteur des retraites au Maroc. Une réforme, considérée comme prioritaire voire urgente, depuis le gouvernement Jettou, puis remise sous le coude par celui d'El Fassi, compte tenu du grave déficit des principales Caisses que compte le pays, depuis la CNSS jusqu'à la CNRA, en passant par la CMR, et même le RCAR à plus long terme. En attendant la mise en place des conditions «préalables» à la mise en œuvre de cette réforme des retraites (comme le développement du marché financier, le cadre réglementaire adéquat, le système de pilotage moderne…), les responsables, notamment au niveau de la CDG, tentent de trouver des solutions à même de réduire et d'amortir les impacts négatifs sur les équilibres financiers particulièrement des caisses internes. Démarrage en 2002 Le basculement des Caisses internes vers le RCAR a démarré avec l'intégration réussi en 2002 de celle de l'ONCF, avant de toucher la Régie des Tabacs et la Lydec en 2003, puis l'OCP en 2008. En chiffres, cela s'est traduit par une croissance significative du RCAR. Selon son patron, Moulay Ahmed Cherkaoui, le nombre des Pensionnés du RCAR a atteint 103.927, portant son bilan total à plus de 85,9 milliards DH. A comparer avec les 96.294 pensionnés de la CNRA, dont le chiffre d'affaires s'élève à 528 millions DH et un total bilan de près de 12 milliards DH. Ces évolutions traduisent, aux yeux des responsables, “l'expertise incontestable de la CDG dans la gestion de la retraite à travers un business model innovant”. L'intégration, à partir de fin juin 2012, de 13 régies d'Eau et d'Electricité, concernera 9.000 agents en activité et 4.000 pensionnés, selon Cherkaoui. Côté gestion, les responsables du RCAR, par souci d'amélioration, assurent que « la gestion financière du régime est fondée sur la mise en place d'une gouvernance créatrice de valeur, la connaissance approfondie du profil du passif et l'élaboration d'un processus d'investissement sur mesure ». Mohammed Belmaachi, responsable du pole gestion de l'épargne, qualifie de “positifs” les résultats des caisses de retraite gérées par la CDG sur la période 2002-2011. le taux de rendement moyen des ressources du RCAR a atteint, selon Belmaachi, 5,03 %, contre 4,17 % pour la CNRA et 4,72 % pour la CNSS. La CDG, par la voix de son DG, Anass Houir Alami, promet d'affiner la gouvernance, en se basant sur les standards internationaux consistant en la séparation entre la gestion administrative des prestations et la gestion financière d'actifs.