Des tricheurs, parmi les candidats aux épreuves du Baccalauréat 2012, auraient réussi sans doute à tromper la vigilance des surveillants, alors que d'autres au nombre très limité, selon le ministère de l'éducation nationale, ont été pris en flagrant délit et sanctionnés. D'autres tricheurs auraient bénéficié de la complicité de leurs surveillants, selon des témoins. D'après le ministère de l'éducation nationale, 1048 cas de fraude ont été enregistrés durant les deux premiers jours des examens. Réagissant à cette donne, le Conseil de gouvernement, tenu jeudi, n'a pas manqué de se féliciter du fait que les examens du Baccalauréat 2012 se sont déroulés dans « d'excellentes conditions », que l'Administration a réservé « un ferme traitement aux quelques cas de fraude enregistrés » et que « la société a accueilli favorablement l'action » du gouvernement. Un hommage particulier devait aussi être rendu aux surveillants honnêtes, ces grands messieurs qui se sont correctement acquittés de leur tâche, sans céder ni à la pression, ni au chantage, ni aux menaces mêmes des candidats malhonnêtes. Parmi ces derniers, nombreux arrivent aux examens décidés à utiliser coûte que coûte leurs « Hrouza » ou autres téléphone et matériel informatique en leur possession. Un véritable danger pour les surveillants, des hommes et femmes épris de justice, qui consentent d'énormes sacrifices pour tenir tête non seulement aux élèves enragés mais également à une autre partie de surveillants à l'esprit chagriné, qui poussent et soutiennent même des candidats à tricher. Ils voient la fraude partout et refusent obstinément de voir que leur pays est en pleine réforme et que tous les espoirs sont désormais permis. Ni la valeur réelle des diplômes, ni le niveau de l'enseignement en général ne les intéressent. Ce sont ces enseignants qui auraient aidé et permis aux fraudeurs de ne pas être inquiétés par les commissions de contrôle et d'utiliser en toute inquiétude le dispositif de fraude dont ils disposaient. C'est donc grâce à la complicité de leurs « supérieurs en fraude», des enseignants chargés de la surveillance, que nombre de candidats auraient triché au cours des examens du Baccalauréat. Selon des témoignages recueillis devant un centre d'examen à Fès, une surveillante, portant un voile, a ouvertement dit aux candidats « de ne pas avoir honte de copier sur un voisin ou de tricher » car « toute cette génération ne s'appuie que sur la fraude ». D'autres élèves se disaient « ravis et chanceux d'être tombés sur tel ou tel surveillant, qui les a laissés faire». Sur cinq surveillantes qui se sont succédé dans une classe au cours des trois journées du Bac, une seule, non voilée d'ailleurs, a tenu à honorer ses engagements en interdisant aux élèves de recourir à la triche, précise une élève scandalisée par le comportement de quelques surveillantes et le climat malsain qu'elles ont créé dans les salles d'examen. « Elles ne surveillaient pas les élèves mais la commission de contrôle qui se déplaçait entre les salles de classe », d'après cette lycéenne. Selon un autre candidat, un surveillant est venu en courant dans la classe avant la commission, chargée de l'ouverture des plis et de la distribution des copies des examens pour souffler aux élèves les intitulés des épreuves avant la distribution des sujets aux élèves, « tout en leur conseillant de préparer leurs Hrouza correspondant à ces questions » et de « ne garder sur eux que les bons ». Un autre surveillant, a affirmé un autre candidat, soufflait carrément aux élèves les réponses justes. Pour un professeur, ces comportements s'expliquent par le désir de ces enseignants de « plaire et de faire preuve de bonté envers les élèves », d'autant plus que le dernier arrêté ministériel ne vise que les élèves à l'exclusion de tout le personnel impliqué dans cette opération. Il est vrai aussi, a-t-il fait remarquer, que rien n'a été décidé pour dénoncer et combattre la triche dans les autres examens nationaux ou régionaux. La fraude est un phénomène qui grandit et accompagne désormais les générations. Il ne faut pas attendre les examens de la deuxième année du Baccalauréat pour agir mais bien avant et pourquoi pas dès le niveau primaire dans le but d'immuniser les générations montantes contre cette maladie, qui ronge le niveau de l'enseignement marocain.